Maroc

Entre traditions et modernité, Sharjah illumine le SIEL 2025

Sharjah est arrivée au Maroc avec sa culture, ses arts et son riche patrimoine, se présentant comme un livre ouvert pour tous ceux qui souhaitent découvrir ses facettes créatives. L’inspiration continue de se déployer tout au long des journées du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) à Rabat, alors que les visiteurs plongent dans l’univers vibrant de cet émirat aux multiples talents.

Sharjah, reconnue pour sa richesse culturelle et historique, a également amené avec elle une touche d’authenticité, notamment à travers ses traditions artisanales. Les tenues des participants, notamment les femmes, au Pavillon Sharjah, les décors, les ateliers de tissage… témoignent de la longue histoire de l’artisanat aux Émirats. Les visiteurs du Salon ont ainsi pu découvrir ces trésors traditionnels qui allient beauté et savoir-faire ancestral. L’atelier de calligraphie a particulièrement attiré l’attention des visiteurs curieux de découvrir leurs prénoms délicatement tracés en arabe avec élégance et maîtrise artistique.

Les visiteurs ont également été sublimés par la majesté de l’«Al Ayyala», cette danse patrimoniale emblématique des Émirats. Sur le parvis du Pavillon Sharjah, les artistes ont attiré une foule dense, fascinée par les rythmes puissants, les mouvements synchronisés et la force symbolique de cette performance collective. Les sons du tambour, les chants résonnants et la ferveur des interprètes ont transformé l’espace du salon en une scène vibrante, capturant l’âme de la culture émiratie. Petits et grands se sont rassemblés, captivés par la beauté de cet art ancestral qui incarne l’unité, la fierté et la transmission.

Un voyage culturel continu

Depuis le début du SIEL, les échanges ont été renforcés par des débats passionnants, notamment sur l’art du conte, aussi bien au Maroc qu’aux Émirats. Parmi les invités émiratis, la romancière et auteure Maryam Al Ghafly a exploré l’histoire de la nouvelle aux Émirats arabes unis. Elle a souligné comment l’Union des Émirats a influencé la vision des écrivains, redéfinissant leurs priorités tant sur le plan stylistique que sur le contenu. À travers cette réflexion, le Pavillon Sharjah a su transmettre un héritage riche et multi-dimensionnel, celui d’un pays où les traditions et la modernité coexistent harmonieusement. La question de l’influence des nouvelles technologies sur l’imagination des enfants a, également, fait l’objet de réflexions, avec une attention particulière portée à la manière dont les plateformes sociales façonnent la conscience et la perception des jeunes générations aujourd’hui. Lors des débats, l’auteure et chercheuse émiratie Sheikha Al-Jabri a lancé un appel à une collaboration renforcée entre son pays et le Royaume du Maroc pour préserver le patrimoine et les histoires communes aux deux cultures, en utilisant les dernières technologies. «Si nous voulons que nos enfants se connectent aux histoires, nous devons parler leur langage, et cela signifie utiliser leurs outils modernes», a-t-elle affirmé, soulignant la nécessité d’adopter des approches novatrices pour engager les jeunes générations.

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Les symboles culturels, du Levant à l’Occident, ont été transformés en œuvres d’art vivantes et imaginatives. Une session interactive de dessin et de coloriage dirigée par les artistes Alya Al Hammadi et Nour Al Khumairi a réuni les enfants autour de monuments emblématiques du monde arabe, fusionnant art et architecture de manière ludique et accessible. Pour les artistes et intellectuels émiratis, leurs participation et ateliers animés avec amour et passion reflètent l’importance de la convergence intellectuelle, scientifique et culturelle arabe, du Golfe à l’Atlantique. Pour eux, il s’agit d’une rencontre entre deux pays, mais aussi d’un rapprochement entre deux visions du monde arabe. «Le Maroc est un phare de savoir, tout comme Sharjah, capitale de la culture arabe», indique l’un des participants évoquant la richesse intellectuelle des deux nations.

Des tables rondes sur l’histoire, la culture, et la préservation des manuscrits ont permis aux écrivains et intellectuels marocains et émiratis de tisser des liens durables. Le poète et romancier Sultan Al Ameemi a salué cet échange culturel, précisant que ce type d’événements favorise l’enrichissement mutuel des deux cultures.

À travers ces échanges, le Salon international du livre de Rabat devient un lieu où les ponts entre les peuples se construisent non seulement par des mots, mais aussi par l’art, la littérature et la réflexion commune. Sharjah, en tant qu’invité d’honneur, a démontré à quel point la culture et le savoir ne connaissent pas de frontières, et comment l’édition, l’art et la littérature peuvent unir des peuples autour de valeurs communes.

Dr Hamad bin Seray, historien émirati : «La présence de Sharjah au SIEL ouvre des fenêtres de dialogue entre les civilisations»

Selon l’historien et professeur Dr Hamad bin Seray, la participation de Sharjah au SIEL 2025 est une étape essentielle vers un échange culturel plus profond entre écrivains, historiens et intellectuels. «Le domaine culturel est le meilleur vecteur pour transmettre le modèle culturel des Émirats. La participation des Émirats arabes unis aux salons internationaux du livre s’inscrit pleinement dans cette dynamique d’échange entre les peuples. La présence de l’émirat de Sharjah au Salon international de l’édition et du livre au Maroc en est une illustration parfaite. En tant qu’écrivains, chercheurs, professeurs, historiens… nous venons à ce salon pour partager nos connaissances et découvrir celles des autres. Cela crée un véritable espace de dialogue et de transmission entre les différentes parties prenantes».

Témoignage de Abdulaziz Almusallam, président de l’Institut du patrimoine de Sharjah

«La participation de l’Émirat de Sharjah au Salon international du livre au Maroc est importante, car elle réunit de nombreux écrivains, auteurs, poètes et artistes-plasticiens, qui auront l’opportunité de se rencontrer avec leurs frères et sœurs marocains. De nombreux projets communs naîtront sûrement de ces échanges.»

Sheikha Al Jabri : «Si nous voulons rapprocher les récits de nos enfants, nous devons les atteindre par leurs propres moyens modernes !»

Lors des activités du Salon international de l’édition et du livre à Rabat, l’écrivaine émiratie Sheikha Al Jabri a lancé un appel à une coopération renforcée entre Sharjah et le Royaume du Maroc, en vue de préserver le patrimoine et les récits traditionnels.

«Lorsque nous parlons de sauvegarder les contes, il s’agit en réalité d’un vaste projet arabe visant à protéger et valoriser notre héritage commun. Sharjah joue déjà un rôle central dans ce domaine, mais je plaide pour un projet conjoint avec le Maroc, un pays riche en récits partagés entre nos deux cultures. Il ne s’agirait pas simplement de publier des ouvrages, mais de revisiter ces récits à travers les technologies contemporaines.»

L’écrivaine a également insisté sur l’importance d’adapter les outils de transmission aux jeunes générations : «Aujourd’hui, il est possible d’utiliser l’intelligence artificielle pour générer des images ou produire des vidéos immersives autour de ces histoires. Il est donc impératif, si nous voulons transmettre ces récits à nos enfants, de le faire en empruntant leurs propres outils et langages numériques».

Évolution de la nouvelle aux EAU selon Maryam Al Ghafly

Selon la romancière et écrivaine émiratie Maryam Al Ghafly, la nouvelle aux Émirats arabes unis (EAU) a traversé trois grandes étapes. «La première remonte à l’époque pré-union, où les écrivains étaient fortement influencés par les problématiques d’autres sociétés, fascinés par ce qui se passait ailleurs – des questions culturelles, sociales, etc. – et particulièrement marqués par des auteurs de la nouvelle comme Youssef Idriss ou les écrivains du Levant.Après l’union et la création de l’État, avec l’évolution des relations sociales et l’émergence de nouveaux phénomènes au sein de la société, les écrivains émiratis ont commencé à se concentrer davantage sur les questions locales – qu’elles soient patrimoniales, sociales ou autres. La nouvelle a alors évolué pour porter un regard plus profond sur les réalités nationales, et une génération importante d’auteurs s’est distinguée dans ce domaine». Enfin, une autre étape, plus contemporaine, s’est imposée avec l’ouverture croissante aux enjeux globaux. Les écrivains émiratis explorent aujourd’hui des thèmes universels comme l’identité, la mémoire, les mutations sociales ou les défis technologiques, tout en renouvelant les formes narratives. Plus connectée au monde, cette nouvelle génération d’auteurs adopte une écriture parfois plus introspective ou expérimentale, en écho à une société en pleine transformation.