Maroc

Enseignement, inflation, élections… Lahcen Saadi défend le gouvernement

Le secrétaire d’État chargé de l’Artisanat, de l’économie sociale et solidaire, Lahcen Saadi, a rejeté avec véhémence les accusations selon lesquelles le ministre de l’Éducation nationale aurait procédé au limogeage de 16 directeurs régionaux à des fins électoralistes. Le membre du bureau politique du RNI a dénoncé une «polémique infondée», rappelant que chaque ministre déployait sa propre vision pour gérer son secteur et prendre les décisions administratives qui lui semblent appropriées.

Intervenant dans le cadre de l’émission «Avec Belhissi», diffusée par nos confrères de «Madar 21», M. Saadi a fustigé les critiques visant Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, dénonçant une «lecture biaisée» de ses actions. Il a jugé «absurde» l’idée selon laquelle les ministres de la majorité administrent leurs départements suivant une approche partisane, estimant qu’il s’agit d’un procès d’intention. Face aux reproches concernant la nomination d’un nouveau directeur à Nador, également membre du Rassemblement national des indépendants (RNI), il a balayé d’un revers de main ces accusations, affirmant : «La chose la plus facile est de prendre un cas particulier et de l’appliquer à tout le reste».

M. Saadi s’est évertué par ailleurs à défendre le bilan du ministre de l’Éducation nationale, mettant en avant sa volonté d’accélérer les réformes et de dynamiser le secteur à travers des projets ambitieux comme celui de l’École pionnière. Il a insisté sur l’importance d’évaluer l’action gouvernementale sur la base de résultats concrets, soulignant que les Marocains jugeront lors des prochaines élections en fonction des avancées réalisées.

Remous après la fin de mission de 16 directeurs provinciaux de l'Éducation nationale

Reconstruction post-séisme : «des attaques infondées»

En réponse aux critiques sur la lenteur marquant l’opération de relogement des sinistrés du séisme d’Al Haouz, M. Saadi, également président de la Fédération nationale de la jeunesse R’niste, a dénoncé des «attaques déconnectées de la réalité». Il a pointé du doigt certains adversaires politiques et influenceurs qui, selon lui, exploitent la souffrance des victimes pour capter l’attention et se positionner sur les réseaux sociaux.

Chiffres à l’appui, le secrétaire d’État a dressé un état des lieux des efforts entrepris : « En mars 2025, nous aurons à peine franchi un an depuis le début des travaux de reconstruction. Actuellement, 63.000 familles sont concernées dans le Grand Atlas, dont 25.000 habitent déjà dans leurs nouveaux logements. Chaque mois, 63.000 familles reçoivent une aide de 2.500 dirhams. Rien que dans la zone d’Al Haouz, 15.000 familles ont été relogées.»

Il a souligné dans ce sens que seules 3.000 tentes subsistent sur les 35.000 initialement installées, précisant que la complexité du relief freine l’acheminement des matériaux et la mobilisation de la main-d’œuvre. Par ailleurs, il a mis en avant la reconstruction de 200 écoles et 200 dispensaires ainsi que la finalisation des travaux de la route reliant Al Haouz à Taroudant, financée à hauteur de 600 millions de dirhams.

Inflation : entre perception et manipulation

Interrogé sur la flambée des prix et l’inflation, M. Saadi a réfuté l’existence d’une «crise», accusant certains médias, notamment étrangers, de noircir délibérément le tableau. Il a dénoncé une instrumentalisation de la situation pour nuire à l’image du pays et a appelé à la vigilance face à ces tentatives de manipulation : «Le Maroc est en train de vivre une révolution en matière d’infrastructures et de développement. Nous sommes le seul pays africain à proposer une couverture santé universelle et un soutien financier direct à nos citoyens», relève-t-il.

Concernant la cherté de la vie, il a affirmé que certes le gouvernement veillait à assurer l’accès aux produits de base à des prix abordables, mais le débat public ne saurait se limiter à cette seule problématique. «Réduire les aspirations des Marocains à cela, c’est faire abstraction des efforts colossaux consentis dans d’autres domaines», a-t-il martelé.

Ambitions politiques et unité gouvernementale

S’agissant de la course prématurée aux élections de 2026 dans laquelle les partis de la coalition au pouvoir se seraient engagés, M. Saadi a défendu le droit des partis politiques d’afficher leurs ambitions. Il a assuré que cette dynamique n’entamait en rien l’efficacité du gouvernement ni son engagement envers les citoyens : «Les membres du gouvernement ont aussi le droit d’exprimer leurs opinions politiques en tant que membres de leurs partis, sans que cela n’interfère avec leur action gouvernementale.»

Le membre du bureau politique du RNI a tenu à dissiper les rumeurs sur des tensions au sein de la majorité, affirmant que la coalition fonctionnait dans un cadre harmonieux, malgré les différences idéologiques entre ses composantes. Selon lui, ces divergences sont naturelles et bien gérées, permettant au gouvernement de rester concentré sur ses objectifs. Force est de reconnaitre que face aux critiques multiples, Lahcen Saadi n’a pas cillé, défendant l’action gouvernementale avec beaucoup de conviction. Choix en matière d’éducation, reconstruction post-séisme, cherté de la vie… il a tenté de rassurer l’opinion publique. Reste à savoir si ces arguments suffiront à convaincre les Marocains, qui jugeront en dernier ressort sur la base du bilan du gouvernement lors des prochaines élections, comme il le dit lui-même.