Effervescence à Casablanca
Le Maroc a ouvert officiellement la CAN par un match contre les Comores dans la ville de Casablanca. Au total, 24 000 m² de la Fan Zone officielle de la CAF Toro ont été occupés par des Casablancais, des touristes subsahariens et des visiteurs européens et asiatiques.
Les drapeaux de multiples nations africaines flottent sur les étals, tandis que les chants locaux résonnent. Les arômes africains imprègnent les ruelles de Bab Marrakech. Ce jour-là, le Maroc a officiellement lancé la CAN avec un match contre les Comores (Groupe A). À Casablanca, comme ailleurs, l’effervescence africaine se fait sentir, créant une ambiance festive typique d’une métropole vibrante.
Le marché grouille d’une énergie singulière, fortement marqué par la présence de commerçants africains. Aïssata, coiffeuse malienne, se laisse emporter par l’atmosphère, fière de sa robe Bazin. Les clientes autour d’elle savourent le moment, loin de la précipitation. « Cette CAN au Maroc est spéciale : elle nous réunit tous, frères africains, sur une terre qui célèbre notre diversité. Peu importe le gagnant, c’est notre continent qui rayonne », déclare-t-elle à la MAP.
Non loin, dans les ruelles étroites de l’ancienne médina, le bastion wydadi montre des maillots rouges et blancs remplacés par des couleurs nationales. Des drapeaux flottent aux fenêtres, et les cafés débordent de monde. Au milieu d’un décor artisanal, l’ambiance est électrique, mêlant rires, échanges animés et cris d’enfants jouant au ballon malgré la foule et des averses sporadiques.
« On a grandi ici avec le football. Aujourd’hui, c’est notre pays qui vit le match, pas seulement notre club », a déclaré Mohamed, un sexagénaire, insistant sur le fait que « c’est cette Djellaba, le Maroc, que nous soutenons ».
Plus loin, le Boulevard de la Corniche mène à la Fan Zone officielle de la CAF Toro, qui offre attractions pour enfants et services sanitaires. De majestueuses portes aux arches traditionnelles, évoquant le style impérial du Royaume, s’ouvrent face à un grand phare dominant l’Atlantique. Le décor est impressionnant, tout comme le public.
Sur 24 000 m², Casablancais, touristes d’Afrique subsaharienne et visiteurs européens et asiatiques se mêlent pour célébrer l’Afrique en plein air. Malgré la pluie et la fraîcheur, l’ambiance, rehaussée par des parapluies et des imperméables, demeure chaleureuse. Rythmée par des chants, elle atteint son paroxysme lors de la cérémonie d’ouverture.
En plus de la fan zone, la côte résonne des sons de tambours et de dkaikia. Des photocalls et des décorations aux couleurs de la CAN ornent toute la Corniche.
Au centre de Casablanca, à l’entrée du quartier Racine, un dispositif technologique inédit attire l’attention. Quatre écrans géants en forme de cube occupent l’espace, offrant une diffusion panoramique à 360 degrés.
Dans la zone de jeux, des jeunes s’affrontent à FIFA, manettes en main, tout en surveillant les écrans. Smartphones levés, Soufiane, 20 ans, partage l’atmosphère en direct sur Instagram. « On joue, on filme, on poste… et dès que le match commence, tout s’arrête. Ici, la CAN se vit pleinement », souligne-t-il, exprimant sa fierté que le Maroc soit l’organisateur. Une fierté qui se répand sur tous les supports numériques.
Sifflet. Le match débute. Ils abandonnent le métavers et rejoignent, cœur, corps et âme, la performance des Lions de l’Atlas.
De retour au centre de Casablanca, l’ambiance semble suspendue dans un secteur d’habitude animé, comme un dimanche. Le quartier d’affaires de la Marina est silencieux. Pourtant, la CAN y est également vécue.
Individuellement ou en petits groupes, les équipes restées sur place profitent de l’événement. Dans les centres d’appels, des écrans ont été installés sur les plateaux pour permettre au personnel de suivre le match.
Anis, conseiller clientèle dans un centre d’appels, explique qu’ils ne peuvent pas se rassembler, mais qu’ils vivent l’événement à leur manière. Même éloignés des tribunes et des fan zones, l’événement garde sa place, discrètement, mais intensément ressenti.
Dans la zone résidentielle de la Marina, un flux inhabituel, bien que timide, attire l’attention. Des familles portant des gâteaux viennent regarder le match ensemble. Les fenêtres illuminées de ces appartements offrent un spectacle vibrant, où la CAN se vit en cercles restreints avec autant d’enthousiasme que dans toute la ville.
La métropole retient son souffle. Pendant une mi-temps, à la 55e minute, Brahim Diaz libère le public. Le stade de Rabat explose, suivi par Casablanca et Derb Sultan, bastion historique du Raja.
À Garage Allal, les commerces sont fermés. Les rues, naturellement bloquées, manquent de passants, tandis que les cafés sont bondés de supporters. Rires et cris s’entrelacent avec l’odeur du thé et du café après le but « magnifique » d’Ayoub El Kaabi. « Notre joie est double. L’organisation et la victoire. Double but. Double fête », dit Fatima accompagnée de ses deux enfants.
Sifflet final. Sur l’avenue Mohammed VI, la circulation se transforme en torrent humain. Des milliers de voitures klaxonnent incessamment, drapeaux aux fenêtres et passagers debout, téléphones en main.
Les voix résonnent d’un quartier à l’autre, les chants se propagent, les regards se croisent. Casablanca s’étire, respire et s’embrase.
**Par Hajar Erraji (MAP)**

