Maroc

Échec de la motion de censure : le PPS dénonce un «moment historique manqué»

Le Parti du progrès et du socialisme (PPS) est sorti de son silence pour réagir à l’échec de l’initiative parlementaire visant à déposer une motion de censure contre le gouvernement. Réuni récemment en session ordinaire, le bureau politique du parti du Livre a exprimé son «regret face à l’échec qu’a subi cette initiative pour des raisons marginales et secondaires», estimant que cet épisode traduisait un manque de hauteur politique au sein de certaines composantes de l’opposition.

Dans son communiqué publié récemment, le PPS a tenu à préciser qu’il n’avait pas été impliqué dans les tiraillements internes à l’opposition, affirmant avoir «gardé ses distances» et s’être uniquement attaché à la réussite de la démarche, sur le fond comme sur la forme. Le parti assure ainsi avoir œuvré dès les premières discussions à rapprocher les points de vue des différentes formations opposées à l’Exécutif, d’abord pour faire émerger l’idée même d’une motion, puis pour en dépasser les contraintes procédurales.

Motion de censure : l’opposition s’enlise, l’USFP jette l’éponge

Un rendez-vous politique manqué

Mais selon le parti dirigé par Mohammed Nabil Benabdallah, ce sont justement ces considérations de procédure qui ont fini par prendre le pas sur l’essentiel. Le PPS a ainsi critiqué le fait d’avoir «fait primer les formes sur le fond politique», ce qui, à ses yeux, a conduit à la perte d’«un moment historique fort» qui aurait permis d’exprimer «l’immense colère populaire à l’égard de l’action gouvernementale» et de traduire cette indignation dans l’enceinte institutionnelle du Parlement. L’initiative aurait ainsi offert l’opportunité de mettre en cause, devant l’opinion publique nationale, le bilan du gouvernement sur des pans entiers de son action, marqué selon le PPS par «des échecs multiples et retentissants, une absence de réponses concrètes aux attentes des citoyens et un non-respect des engagements annoncés».

L’USFP clairement visé

Le communiqué du PPS a ainsi pointé du doigt, sans la nommer explicitement, l’Union socialiste des forces populaires (USFP), l’accusant d’avoir torpillé l’initiative au moment où une sortie de crise procédurale était envisageable. «Alors que les choses évoluaient vers la recherche d’une formule adéquate sur les formes de présentation de la motion, une composante de l’opposition a pris la responsabilité de mettre fin définitivement à cette initiative, en annonçant de manière unilatérale son retrait total», peut-on lire dans le texte. Un geste que le PPS qualifie d’incompréhensible et regrettable, et qui suscite, selon lui, de vives interrogations, non seulement dans ses rangs, mais aussi au sein de l’opinion publique. Ce retrait, au moment le plus délicat, illustre selon le PPS une attitude politicienne peu soucieuse du moment institutionnel et du message à adresser aux Marocains.

Le PPS réaffirme son ancrage dans l’opposition

Face à cet échec, le parti du Livre affirme qu’il poursuivra, sans ambiguïté ni calcul, sa mission d’opposition nationale, démocratique et progressiste. Une posture qu’il affirme maintenir «depuis le début de la législature», et qu’il promet d’assumer jusqu’à son terme, «sans manœuvres et en cohérence entre ses positions publiques, ses comportements clairs et ses votes effectifs». Le PPS s’engage par ailleurs à continuer de mettre en lumière «les insuffisances et dysfonctionnements de l’action gouvernementale dans tous les domaines», tout en travaillant à « formuler une alternative démocratique et progressiste» à même de répondre aux aspirations citoyennes.

Des tensions désormais assumées au sein de l’opposition

En prenant ainsi position, le PPS rejoint donc le Parti de la justice et du développement (PJD), qui avait vivement critiqué, deux jours plus tôt, l’attitude de l’USFP. Le PJD avait accusé cette dernière de s’être «dégagée de manière suspecte et irresponsable de son engagement collectif avec les autres partis de l’opposition, pour le dépôt de la motion de censure», en se «cachant derrière des justifications absurdes et peu convaincantes pour éviter de poursuivre la procédure».

Un sérieux revers pour la dynamique unitaire de l’opposition

L’épisode du fiasco de la motion de censure révèle ainsi, en creux, les fragilités persistantes de l’opposition parlementaire. Loin d’incarner un front uni face à l’Exécutif, les partis concernés apparaissent divisés, parfois enfermés dans des logiques de posture. Si le PPS tente aujourd’hui de sauver la cohérence de son positionnement, cette séquence politique laisse un goût amer : celui d’un moment manqué pour structurer un débat politique fort et incarner une véritable alternative.