Driss Lachguar : Les désastres à Safi et à Fès montrent l’incapacité du gouvernement.
Driss Lachguar a déclaré que les récentes inondations à Safi et l’effondrement de deux immeubles à Fès ont révélé les limites de l’action gouvernementale, l’imputant la responsabilité des pertes en vies humaines. Il a précisé que la relation entre l’USFP et le PJD est un différend de fond sur les références idéologiques et la vision de l’État, et non une simple rivalité conjoncturelle.
Dans un contexte marqué par des inondations dévastatrices à Safi et l’effondrement de deux immeubles à Fès, qui ont entraîné des pertes humaines, Driss Lachguar, Premier secrétaire de l’USFP, a critiqué sévèrement la gestion gouvernementale lors d’un entretien accordé vendredi dernier à Al3omk.
Driss Lachguar a affirmé que ces catastrophes mettent en lumière les limites de l’action gouvernementale et sa incapacité à passer d’une gestion réactive à une approche préventive et anticipative, tenant le gouvernement pleinement responsable des pertes humaines résultant des inondations.
Il a précisé que la responsabilité de protéger les citoyens et de gérer les investissements publics appartient à l’exécutif, tandis que l’opposition doit alerter, contrôler l’action gouvernementale et proposer des alternatives.
Le dirigeant ittihadi a souligné que ces événements ne sont pas le résultat d’un destin imprévu ou d’accidents isolés, mais d’un manque évident de volonté d’appliquer des recommandations issues d’études menées depuis des années.
Selon lui, accuser l’opposition des événements survenus à Safi ou à Fès constitue une manipulation de l’opinion publique, puisque l’opposition ne gère ni les budgets de l’État ni ne supervise les projets d’infrastructure.
Driss Lachguar a insisté sur le fait que les catastrophes naturelles, en particulier les inondations, ne sont pas imprévisibles ; des études scientifiques ont depuis longtemps identifié des zones vulnérables. Il a mentionné la région de Setti Fatma, où des mesures préventives comme des stations d’alerte précoce ont permis d’éviter des drames récurrents.
Il a également noté que restaurer la confiance dans la politique nécessite de clarifier les responsabilités, en particulier celle du gouvernement en matière de protection des vies et de prévention des catastrophes, en liant le discours à la pratique et en s’éloignant de l’instrumentalisation opportuniste des événements. Pour lui, le véritable enjeu réside dans l’élaboration de politiques publiques anticipatrices et justes, plaçant la dignité citoyenne au cœur de l’action politique.
Driss Lachguar a mis en garde contre un hégémonisme gouvernemental qui vidé le Parlement de ses fonctions de contrôle et de législation, et favorise une logique de domination. Il a appelé à transformer les élections de 2026 en une opportunité pour rétablir l’équilibre institutionnel.
Il a évoqué son expérience précédente en tant que ministre chargé des Relations avec le Parlement, indiquant qu’il avait averti du danger de transformer les séances de questions parlementaires en tribunes populistes ou espaces de règlement de comptes, ce qui nuit à l’image de l’institution législative et approfondit la crise de confiance des citoyens.
Il a rappelé que le Maroc nécessite un véritable équilibre institutionnel, mettant en garde contre la répétition d’une logique d’hégémonisme, et soulignant que l’hégémonisme gouvernemental du PJD ne devrait pas être remplacé par celui de la majorité actuelle dirigée par Aziz Akhannouch.
Le dirigeant ittihadi a critiqué ce qu’il considère comme une instrumentalisasson politique des mécanismes constitutionnels, dont tout le monde connaît les limites dans le contexte des équilibres parlementaires actuels, affirmant que cela nuit à l’action démocratique et sape la confiance des citoyens dans les institutions.
Concernant la rupture de coordination avec le PPS, Driss Lachguar a indiqué que le désaccord ne portait pas sur la motion de censure, mais sur la gestion stratégique de cette étape, opposant ceux qui l’envisagent comme une mesure circonstancielle à ceux qui défendent une construction d’alliance politique fondée sur une vision claire et le partage des rôles.
Il a déclaré que l’USFP ne peut pas faire de concessions qui compromis son statut institutionnel, notamment la présidence de la Commission de justice, de législation et des droits de l’Homme, ajoutant que l’évaluation de la performance du parti au sein de cette commission devrait se baser sur des données chiffrées, des textes légaux et des résultats concrets, plutôt que sur des impressions ou des accusations sans fondement.
En réponse aux critiques sur un affaiblissement de la voix de l’USFP au Parlement concernant des dossiers majeurs comme la question des marchés de médicaments, Driss Lachguar a jugé ces accusations inexactes, invitant à se référer aux interventions du président du Groupe socialiste-Opposition ittihadie, Abderrahim Chahid, et aux positions du Groupe parlementaire de l’USFP à la Chambre des conseillers pour mesurer le rôle joué par l’USFP.
Quant à la demande de création de commissions d’enquête, il a qualifié de « politique absurde » de recourir à cette procédure sans respecter les conditions légales, arguant que brandir ce slogan en connaissance de son impraticabilité constitue une tromperie envers l’opinion publique, faute de signatures suffisantes au sein de l’opposition.
De plus, le Premier secrétaire de l’USFP a précisé que la relation entre son parti et le PJD est fondée sur un désaccord sur les références idéologiques et la vision de l’État, et non sur une simple rivalité situationnelle ou électorale.
Il a déclaré que l’USFP ne peut pas s’allier à un parti qu’il accuse d’avoir affaibli les rôles constitutionnels du Parlement et d’en avoir fait un espace de surenchère populiste, tout en refusant un mode de fonctionnement qu’il estime avoir exploité les institutions au lieu de les renforcer et d’affaiblir l’opposition au détriment de l’équilibre démocratique.
Pour lui, des convergences ponctuelles dans le vote sur des textes relatifs à la démocratie, aux libertés, aux droits humains ou à certaines lois sociales ne signifient pas alliance ou normalisation politique avec le PJD, car le désaccord de fond demeure profond, notamment sur la question des droits des femmes, qu’il considère comme centrale dans le projet de l’USFP et incompatible avec la vision défendue par le PJD.
**Mourad Tabet**

