Maroc

Discours de Driss Lachguar au 12ème Congrès national : lecture.

Driss Lachguar, Premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires, a prononcé un discours lors du 12ᵉ Congrès national, dans lequel il a réaffirmé l’indépendance du parti comme socle de sa légitimité et dénoncé le «libéralisme de rente» comme un modèle économique qui creuse les inégalités. Il a également mis en garde contre le populisme et le fondamentalisme, qui fragilisent la démocratie et minent la confiance citoyenne.


Dans un cadre national et international caractérisé par la confusion idéologique, la montée des populismes et la domination du néolibéralisme, Driss Lachguar, Premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires, a prononcé un discours marquant lors du 12ᵉ Congrès national, apportant une clarté politique et une profondeur idéologique.

Il a tout d’abord souligné l’importance de l’indépendance du parti comme fondement de sa légitimité dans un monde où les repères sont flous. Il a ensuite critiqué le libéralisme de rente, un modèle économique qui exploite les principes du marché au profit des privilégiés.

Driss Lachguar a aussi mis en garde contre les dérives du populisme et du fondamentalisme qui menacent la démocratie et sapent la confiance des citoyens. Il a appelé à dépasser le désenchantement progressiste afin de raviver l’espérance socialiste.

Enfin, il a redéfini le rôle du parti progressiste au XXIᵉ siècle : devenir un parti de raison et d’action, de connaissance et d’espoir, capable de réconcilier la politique avec la société et la justice avec la croissance. Ce discours, clairvoyant et mobilisateur, constitue une vraie feuille de route pour un Maroc moderne, social et démocratique.

Le discours de Driss Lachguar, prononcé lors de l’ouverture du 12ᵉ Congrès national, n’a pas été un simple exercice formel ni un préambule protocolaire, mais un acte politique significatif : un moment de lucidité et de vérité dans un contexte où le langage politique est devenu pauvre et où les repères idéologiques sont obscurcis.

À travers ses propos, le Premier secrétaire a redonné à la parole politique sa richesse morale et intellectuelle. Dans un monde où la confusion des valeurs et l’essor des populismes prédominent, il a insisté sur la nécessité de réfléchir à la politique avant de l’appliquer, et de replacer l’humain au centre du projet national.

Son intervention, cohérente et structurée, a insufflé un nouveau souffle à une gauche marocaine en quête de sens et de cohésion, en réaffirmant l’objectif historique de l’Union socialiste : défendre la justice sociale, l’égalité des chances et la dignité de tous.

Parmi les messages marquants de cette allocution, l’indépendance du parti a été particulièrement soulignée dans un contexte international où les forces progressistes reculent face au capitalisme globalisé et aux idéologies consuméristes. Driss Lachguar a rappelé que l’Union socialiste est restée fidèle à ses principes, sans compromis ni allégeance, n’ayant jamais été un parti suiveur ou de simple posture.

Cette indépendance ne résulte pas d’un isolement volontaire, mais d’une profonde conviction : l’autonomie idéologique et morale est essentielle pour penser librement, proposer clairement et agir efficacement. Dans un Maroc confronté à des tensions sociales, économiques et institutionnelles, cette indépendance devient un acte de courage politique.

Elle permet au parti de défendre un projet ancré dans la réalité du pays, loin des calculs électoraux et des dépendances extérieures. L’Union socialiste est, par essence, le parti de la liberté de pensée et du refus de l’alignement — tant sur le pouvoir que sur les populismes opportunistes.

Driss Lachguar a ensuite réalisé un constat sans complaisance de la gouvernance actuelle, critiquant ce qu’il a appelé le «libéralisme de rente», une version déformée du libre marché qui accentue la concentration des richesses et creuse les inégalités. Selon lui, sous l’apparence d’une modernisation économique, le gouvernement promeut un modèle de croissance sans justice, un investissement sans création d’emplois et une compétitivité qui exclut. Cette «libéralisation modifiée» ne produit pas d’émancipation, mais reproduit des inégalités; elle ne redistribue pas, mais concentre.

En réponse à cette logique, Driss Lachguar appelle à reconstruire la politique économique sur des principes clairs : la justice fiscale, l’égalité d’accès aux opportunités et la fin du favoritisme institutionnalisé. Pour l’Union socialiste, le développement ne représente pas une simple équation comptable, mais un choix politique, plaçant l’humain au-delà de la rentabilité et la cohésion sociale au-dessus des profits immédiats.

Parallèlement à cette dérive libérale, le Premier secrétaire a mis en garde contre le double péril menaçant la démocratie : le populisme démagogique et le fondamentalisme réactionnaire. Ces deux mouvements, bien que semblant opposés, s’unissent dans leur rejet des valeurs de modernité, de rationalité et de pluralisme. Ils exploitent les frustrations populaires pour affaiblir les institutions et délégitimer la pensée critique.

Driss Lachguar a mentionné que l’Union socialiste avait depuis longtemps reconnu cette menace, cherchant à y répondre par l’unité des forces progressistes, la réforme du système électoral et la défense d’un espace public basé sur le débat d’idées plutôt que sur des discours de haine et de peur.

De nos jours, cette lucidité apparaît comme une boussole : alors que la politique se transforme en spectacle et que le sens de la citoyenneté s’érode, le parti réaffirme son rôle de rempart démocratique, rejetant le nihilisme populiste et le conservatisme réactionnaire.

Le déclin des forces progressistes n’est pas une fatalité selon lui. Driss Lachguar replace cette crise dans un cadre mondial marqué par quarante ans de domination néolibérale, où privatisation, dérégulation et austérité ont diminué les fondements de l’État social. Les illusions des années 80 — l’espérance d’une coexistence entre économie de marché et démocratie sociale — se sont dissipées, laissant place à une précarité croissante, un effritement du contrat social et une perte de confiance envers la politique.

Face à cette réalité, le Premier secrétaire refuse le cynisme et la résignation. Il oppose à cette fatalité un projet réformiste basé sur la rationalité, la solidarité et la justice. Le socialisme démocratique qu’il promeut ne relève pas d’une nostalgie, mais d’une nécessité contemporaine : restaurer un équilibre entre l’économique et le social, entre liberté et égalité. Le parti propose ainsi une vision concrète d’un Maroc moderne et solidaire, où la richesse nationale devient un levier d’émancipation et non un outil d’exclusion.

En s’adressant à ses membres, Driss Lachguar a tenté de redéfinir la mission historique du parti dans ce siècle troublé : être un parti du savoir et de l’action, de la raison et de l’espoir. Le progressisme, selon lui, ne doit pas se limiter à critiquer, mais à construire. L’Union socialiste refuse de se cantonner à une opposition passive : elle agit, elle propose, elle réforme. Elle représente une alternative entre la gauche dogmatique et la droite autoritaire, entre la nostalgie et le suivisme.

Le Premier secrétaire a rappelé que le vrai combat politique aujourd’hui ne se situe pas entre la gauche et la droite, mais entre ceux qui croient en la priorité de l’humain et ceux qui se soumettent à la domination du marché. En renouant avec sa vocation éducative, intellectuelle et civique, le parti cherche à réhabiliter la politique en tant qu’instrument de transformation plutôt qu’en tant que moyen de carrière.

Dans un contexte où les idéologies se désagrègent et où les institutions vacillent, le discours de Driss Lachguar a résonné comme une invitation à reconstruire le sens collectif. L’Union socialiste des forces populaires ne vit pas dans le souvenir de ses luttes passées : elle en garde la mémoire vive et utilise cette héritage pour imaginer l’avenir. Sa mission demeure inchangée : défendre la dignité des citoyens, consolider l’État social et promouvoir un modèle de développement humain et durable.

Alors que la politique se vide de sa substance et que le discours public se résume à la communication, le parti socialiste incarne la persistance d’une conscience — celle d’un Maroc qui refuse la résignation et croit encore en la promesse d’un progrès partagé. De cette conscience naît l’espérance : l’espérance d’un socialisme marocain moderne, fidèle à ses racines et tourné vers l’avenir — un socialisme de responsabilité, de justice et d’espoir.

«Nous n’avons jamais cherché le pouvoir pour le pouvoir, mais pour servir notre pays et défendre la dignité de ses citoyens. Notre combat n’est pas derrière nous : il continue, ici et maintenant, pour un Maroc de justice, d’égalité et de solidarité», a conclu Driss Lachguar, Premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires lors du 12ᵉ Congrès national.

Par Mohamed Assouali
Secrétaire provincial de
l’Union socialiste des forces populaires à Tétouan