Maroc

Dépenses de l’État : Akhannouch appelle son gouvernement à serrer la ceinture

Alors que le Maroc vit au rythme de la mise en œuvre de grandes réformes et de la réalisation de projets structurants, la rationalisation des ressources publiques s’avère vitale. Dans ce contexte, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, insiste sur la nécessité d’une gestion budgétaire plus rigoureuse. Dans une note datée du 13 mars dernier adressée aux membres de son gouvernement, il appelle à un contrôle strict des dépenses publiques, insistant particulièrement sur la rationalisation des coûts de fonctionnement et l’optimisation des investissements.

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Maîtrise des dépenses publiques : une priorité gouvernementale

Dans ce sens, le Chef de gouvernement a donné des directives fermes pour réduire les dépenses de personnel, en limitant les recrutements aux besoins essentiels garantissant la mise en œuvre des grandes réformes et le bon fonctionnement des services publics. Il a ainsi insisté sur l’importance d’une gestion plus efficace des ressources humaines, axée sur la formation, l’évaluation et la mobilité intersectorielle, afin de combler les déficits sans alourdir la masse salariale.

Coup de frein pour les dépenses de fonctionnement

Le Chef de l’Exécutif a mis l’accent également sur la modernisation de l’administration, tout en misant sur une gestion plus rationnelle des moyens. «Les administrations devront réduire leurs consommations en eau et électricité, limiter les locations de véhicules et d’immeubles, ainsi que restreindre les frais de transport et de déplacement. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre du Pacte pour une administration exemplaire, qui vise à instaurer une gestion plus responsable des deniers publics», souligne la correspondance. Le haut responsable gouvernemental recommande également la mutualisation des infrastructures numériques, des archives et du parc automobile, ainsi que l’adaptation des structures administratives aux réalités actuelles pour éviter les doublons et maximiser l’efficience des services de l’État.

Investissements : priorité aux projets stratégiques

S’agissant des investissements, le Chef du gouvernement a mis en garde contre une dispersion des investissements tout en insistant sur l’urgence de finaliser les projets en cours avant d’engager de nouvelles dépenses. Les priorités seront données aux projets inscrits dans la cadre de la mise œuvre des Hautes Orientations Royales, aux conventions signées devant Sa Majesté le Roi, ainsi qu’aux accords avec les institutions internationales et les bailleurs de fonds. Pour Aziz Akhannouch, les propositions d’investissement devront désormais tenir compte des capacités réelles des ministères et institutions à gérer les projets, en s’appuyant sur les niveaux d’exécution budgétaire et en favorisant des modes de financement innovants, notamment via les partenariats public-privé.

Dans ce souci de rationalisation, M. Akhannouch exige une réduction drastique des dépenses liées à l’acquisition de véhicules administratifs et à la construction ou l’aménagement de bâtiments publics. Il a également rappelé l’importance de régulariser en amont la situation juridique des terrains destinés aux nouveaux projets, afin d’éviter des blocages administratifs et financiers inutiles.

Objectifs de croissance et discipline budgétaire

Sur un autre registre et dans l’optique de renforcer la soutenabilité des finances publiques, Aziz Akhannouch a affiché des objectifs clairs pour la période 2026-2028. Le gouvernement table sur une croissance moyenne du PIB de 4,2%, avec des taux de 4,1% en 2026, 4,2% en 2027 et 4,4% en 2028. Parallèlement, il prévoit de contenir le déficit budgétaire à 3 % du PIB et de stabiliser l’inflation à environ 2%. Toutefois, cette trajectoire ambitieuse demeure tributaire du maintien de la stabilité macroéconomique. Le Chef du gouvernement insiste ainsi sur l’importance de garantir une gestion budgétaire cohérente, en alignant les finances publiques sur les exigences des chantiers économiques et sociaux en cours. Il rappelle que la programmation triennale permet d’anticiper les défis à long terme, notamment la gestion de la dette et la soutenabilité financière.

Notons que le processus de validation des propositions budgétaires sera lancé entre le 14 avril et le 14 mai 2025, lors des travaux des commissions de programmation et d’analyse de la performance. Ces instances, réunissant des représentants du ministère des Finances et des départements concernés, auront pour mission d’évaluer les propositions sous l’angle de la performance et de l’efficience budgétaire. À travers cette série de mesures, le Chef du gouvernement envoie donc un message sans équivoque : l’ère des dépenses publiques incontrôlées touche à sa fin et chaque dirham doit être dépensé à bon escient. Reste à voir comment ces directives seront appliquées sur le terrain et si elles permettront de tenir le cap des ambitions gouvernementales.