«Dar Mima» de Mohamed Laroussi : une maison, des mémoires, une nation


Dans un débordement d’émotions partagées et de souvenirs intimes, la troisième édition du «Book Club Le Matin», en marge du Salon international de l’édition et du livre (SIEL), a rendu hommage au récit poignant de Mohamed Laroussi. «Dar Mima», récemment paru aux Éditions Onze, est bien plus qu’un roman. C’est un acte de mémoire, un geste littéraire de filiation, et une quête de soi.
«Ce n’est pas un livre sur moi. C’est un livre pour elle. Pour eux. Pour nous tous», confie un Mohamed Laroussi visiblement ému devant une assistance composée d’écrivains, de critiques, d’artistes et d’amis de longue date. «Dar Mima», qui désigne la maison familiale, mais aussi la mère aimée, s’ancre dans une narration où le personnel touche à l’universel.
Le roman, à forte teneur autobiographique, retrace avec pudeur et intensité la disparition des figures parentales, les héritages visibles et invisibles qu’elles laissent, mais aussi cette difficulté à dire, à traduire, en arabe notamment, l’intimité blessée. «Mon rêve était d’écrire ce livre en arabe», glisse Laroussi, «mais c’est par la langue française que j’ai réussi à affronter le deuil».
Porté par une écriture qui refuse la linéarité, «Dar Mima» puise dans les mécanismes de la mémoire, dans ses détours, ses éclats. L’ouvrage alterne flash-back, confidences, moments de suspension. On y découvre un père à l’autoritarisme tendre, une mère pilier du foyer, une maison symbole d’unité, mais aussi de transmission.
«C’est une série de portraits, mais surtout une tentative de restituer un monde à travers une architecture affective : celle d’une maison, d’un quartier, d’un pays», analyse le critique Abdelnabi Dachine, qui a accompagné le projet de bout en bout.
Les interventions successives des membres du public, dont plusieurs universitaires et proches du romancier, ont mis en exergue la puissance identificatoire du livre. Beaucoup y ont reconnu leurs propres histoires, leurs propres «Dar Mima». «C’est un texte où l’on se retrouve. Une œuvre miroir.»
La rencontre s’est conclue sur une note chaleureuse : l’annonce d’une version arabe en cours de préparation et une invitation au public à redonner vie, par la lecture, aux maisons de leur mémoire.
«Dar Mima» n’est pas qu’un livre. C’est une clé. Celle de nos histoires enfouies, de nos appartenances silencieuses, et de ce Maroc intime que la grande littérature sait faire surgir.