COP30 : le Brésil présente un compromis alors qu’il est sous pression
A quatre jours de la fin de la COP30, la présidence brésilienne de la conférence de l’ONU a publié mardi une première ébauche de compromis. Le texte suggère de tripler les financements des pays riches vers les plus pauvres pour leur adaptation au changement climatique, d’ici 2030 ou 2035.
À quatre jours de la conclusion de la COP30 et avant le retour de Lula, la présidence brésilienne de la conférence de l’ONU a publié, mardi, une première ébauche de compromis, mettant la pression sur des ministres qui n’ont pas encore abandonné leurs lignes rouges. Le président brésilien Lula est attendu à Belem mercredi, un retour perçu par les observateurs comme une tentative d’influence sur les négociations visant à prouver que la coopération climatique est toujours d’actualité en Amazonie, malgré les turbulences géopolitiques et économiques.
« Comme toujours à ce stade des négociations, c’est mitigé », a déclaré à l’AFP le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra, qui est présent à Belem depuis lundi. « Ce n’est pas particulièrement équilibré mais c’est une première ébauche », a précisé l’émissaire pour le climat du Royaume-Uni, Rachel Kyte, lors d’une rencontre avec des journalistes.
Wopke Hoekstra a souligné qu’il n’était pas question de « rouvrir les compromis atteints difficilement l’an dernier concernant le financement des pays riches en faveur des pays en développement », tout en dénonçant toute discussion « artificielle sur les mesures commerciales ». Il a réagi à l’inclusion, dans le projet de texte, de propositions touchant aux mesures commerciales unilatérales, visant implicitement la taxe carbone aux frontières que l’UE mettra en place en janvier, critiquée comme protectionniste par la Chine et d’autres pays exportateurs.
Ce projet de texte, intitulé « Mutirão mondiale », fait référence à un terme autochtone désignant une communauté travaillant ensemble sur une tâche commune. Publié plus tôt que d’habitude pour la semaine des COP, ce document pourrait servir de base à un compromis potentiel entre les ministres, représentant ainsi l’un des enjeux majeurs de la conférence.
Une coalition composée d’Européens, de pays latino-américains et d’États insulaires se bat à Belem pour transmettre un message clair sur la poursuite de la lutte contre le changement climatique. « Nous devons montrer au monde que le multilatéralisme est vivant », a affirmé Josephine Moote, représentante de l’archipel de Kiribati. Ed Miliband, ministre britannique de l’Énergie, a ajouté qu’il était crucial de maintenir « la foi dans le multilatéralisme ».
Le projet de compromis présente de nombreuses options contradictoires, nécessitant encore des ajustements significatifs avant un éventuel accord entre les quelque 200 pays représentés à la conférence. Les négociateurs travaillent jour et nuit pour permettre l’adoption d’un accord concernant les sujets les plus délicats en séance plénière « d’ici le milieu de la semaine ». « Les Brésiliens ont un calendrier très ambitieux. Cela met beaucoup de pression sur les délégués, mais chaque COP a sa propre alchimie », a commenté Rachel Kyte.
Le texte fait entrevoir une lutte pour obtenir des concessions réciproques entre les différents groupes de pays sur des questions telles que l’aide financière, le niveau d’ambition pour la réduction des gaz à effet de serre, et les énergies fossiles. Plusieurs options évoquent effectivement la nécessité d’une transition de sortie des énergies fossiles, un sujet qui polarise les pays producteurs et les nombreux États souhaitant une « feuille de route » pour cette transition.
« La référence actuelle dans le texte est faible et présentée comme une option. Il est crucial qu’elle soit renforcée et adoptée », a plaidé Tina Stege, l’émissaire pour le climat des Îles Marshall, soutenue par des représentants de la Colombie, du Kenya et de l’Allemagne. Le texte évoque également l’idée de tripler les financements des pays riches destinés aux plus pauvres pour leur adaptation au changement climatique d’ici 2030 ou 2035, une demande formulée par les pays du Sud.
Sans un engagement financier concernant l’adaptation, « tout ce dont on discute ici n’est que symbolique », a estimé Lina Yassin, chercheuse et déléguée du Soudan. « Nous repartirons chez nous et demain rien n’aura changé. »

