Maroc

Contre l’obésité infantile, informer les parents ne suffit pas.

Une étude internationale publiée jeudi indique qu’un jeune enfant n’a pas moins de risque de devenir obèse même lorsque ses parents sont sensibilisés à une alimentation équilibrée. Les programmes de sensibilisation destinés aux jeunes parents ne sont pas efficaces, selon les auteurs de l’étude parue dans le Lancet, qui ont compilé les résultats de 17 programmes dans huit pays développés.


Un jeune enfant ne risque pas moins de devenir obèse si ses parents ont été informés de l’importance d’une alimentation équilibrée ou d’un mode de vie sain, selon une vaste étude internationale publiée jeudi, qui appelle à des politiques publiques plus audacieuses. Les auteurs de cette recherche, parue dans le Lancet et impliquant de nombreux chercheurs à l’échelle mondiale, notent que les programmes destinés aux jeunes parents « ne sont pas efficaces, ce qui est étonnant et décourageant ».

Il existe un large consensus sur la nécessité de lutter contre l’obésité dès l’enfance, alors que celle-ci continue de progresser dans le monde. Une étude récente, également publiée dans le Lancet, prévenait que plus de la moitié des adultes pourraient être obèses ou en surpoids d’ici 2050 si aucune mesure publique ambitieuse n’est prise.

Une des pistes explorées dans différents pays consiste à lancer des programmes de sensibilisation à destination des jeunes parents, parfois dès la grossesse. L’étude publiée jeudi, dirigée par la chercheuse allemande Anna Lene Seider, a compilé les résultats de 17 programmes de ce type dans huit pays développés : Australie, États-Unis, Italie, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède.

Ces programmes varient tant dans leur mode de fonctionnement que dans leur contenu : sessions de formation à l’extérieur ou visites à domicile, et un accent mis sur l’alimentation ou sur les modes de vie à travers une sensibilisation à l’activité physique ou aux risques liés à l’exposition aux écrans.

Cependant, les résultats sont décevants : en général, ces programmes n’ont pas eu d’impact significatif sur les enfants lorsqu’ils ont atteint deux ans, leur indice de masse corporelle (IMC) étant similaire à celui des bébés dont les parents n’ont pas participé à un programme de sensibilisation.

Les chercheurs eux-mêmes qualifient cette situation de grande déception, d’autant que ces programmes résultats d’une réflexion approfondie par des spécialistes de la santé publique. Ils estiment que la lutte contre l’obésité ne peut pas seulement dépendre des comportements individuels et nécessite des politiques publiques d’envergure telles que « l’amélioration de l’accès à une nourriture saine, l’augmentation des espaces verts et la régulation de la publicité pour des aliments nocifs pour la santé ».

Néanmoins, les auteurs reconnaissent qu’il est prématuré de tirer des conclusions définitives à partir des mesures effectuées chez des bébés de deux ans. Ils prévoient d’intégrer dans de futures études des évaluations réalisées sur des enfants plus âgés, afin de disposer d’un recul plus important.