Cinquante ans d’imposture et l’assassinat du Grand Maghreb
La résolution 2797 adoptée par le Conseil de sécurité le 31 octobre 2025 affirme explicitement que l’Initiative marocaine d’autonomie est la solution la plus sérieuse, réaliste et crédible pour le Sahara. Plus de soixante-dix pour cent des Etats africains soutiennent la position du Maroc concernant son Sahara.
Alors que la région aurait pu devenir l’un des pôles les plus dynamiques du continent, un demi-siècle de manipulation autour du Sahara a transformé le Maghreb en une zone grise, piégée par des rivalités stériles. Au cœur de cette rupture historique se trouve un choix politique fondamental du régime algérien : fabriquer un ennemi plutôt que de construire une union, entretenir un conflit plutôt que de favoriser un véritable développement, sacrifiant l’avenir collectif pour défendre un récit devenu inviable. Aujourd’hui, alors que la résolution 2797 du Conseil de sécurité établit un cadre international clair et que le Maroc renforce sa présence politique, économique et institutionnelle dans ses provinces du Sud, une nouvelle vérité émerge : la crise du Sahara n’est pas l’héritage d’un passé colonial, mais le résultat d’un calcul stratégique qui a coûté au Maghreb son unité, sa stabilité et cinq décennies de croissance.
Derrière le discours idéologique soigneusement entretenu, la réalité est bien plus brutale. Le soutien algérien au Polisario n’a jamais relevé d’un principe ou du droit international, mais d’une stratégie de légitimation interne. Habib Bourguiba l’expliquait déjà : certains États créent des conflits lorsqu’ils ne parviennent pas à produire du progrès. L’Algérie, malgré un PIB dépassant 170 milliards de dollars et d’immenses réserves gazières, n’a jamais réussi à transformer sa rente énergétique en une économie productive. Aujourd’hui encore, selon la Banque mondiale, plus de quatre-vingt-dix pour cent de ses exportations dépendent des hydrocarbures, et cette dépendance chronique maintient le pays dans un modèle économique figé.
Entre cent cinquante et deux cents milliards de dollars ont été engloutis en cinquante ans dans la machine séparatiste, une somme qui aurait suffi à moderniser entièrement le système éducatif, sanitaire et industriel du pays et à placer l’Algérie sur une trajectoire comparable à celle de la Turquie ou de la Malaisie. Au lieu de cela, les réserves de change ont chuté de deux cents milliards en 2012 à moins de quarante milliards aujourd’hui, tandis que le chômage des jeunes dépasse trente-cinq pour cent et que près d’un million de personnes ont tenté l’exode clandestin vers l’Europe en quinze ans.
Politiquement, la question du Sahara a servi d’écran de fumée pour un régime confronté à une crise de légitimité profonde, comme l’a démontré le Hirak de 2019. Le journaliste algérien Saâd Bouakba l’écrit sans ambiguïté : le Sahara est la seule cause derrière laquelle le système peut encore se cacher. À l’inverse, la position du Maroc, clairement exprimée par SM le Roi Mohammed VI, marque une ligne stratégique constante. L’Algérie a choisi la confrontation et en a fait payer le prix non seulement à son peuple, mais à l’ensemble de la région.
L’absence d’intégration maghrébine n’est pas un échec naturel, mais un choix politique coûteux. Selon la Banque mondiale et l’OCDE, l’absence d’un ensemble géographique, comme le Maghreb, coûte chaque année entre dix et quinze milliards de dollars, soit une perte cumulative de cinq cents à sept cent cinquante milliards en cinquante ans, un montant supérieur au PIB cumulé de plusieurs années du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie. Pendant que l’ASEAN, fondée à la même époque, voyait son PIB multiplié par trente, le Maghreb stagnait derrière des frontières fermées. Pendant que le Mercosur devenait un acteur central du commerce sud-américain, le Maghreb s’enfermait dans la fragmentation.
Le Grand Maghreb aurait pu devenir un marché intégré de plus de cent millions d’habitants, un corridor énergétique reliant l’Afrique à l’Europe, une plateforme logistique allant de Tanger à Tripoli et une puissance régionale capable de peser sur la Méditerranée. Au lieu de cela, les États maghrébins ont collectivement perdu ce que Maaouiya Ould Taya résumait par la célèbre phrase : l’Union du Maghreb est morte le jour où l’Algérie a créé une entité plutôt qu’une union. La Tunisie perd plus d’un milliard et demi de dollars par an en raison du manque d’interconnexions terrestres, la Mauritanie est privée de trente pour cent de son potentiel logistique, et la Libye évolue en dehors d’un cadre régional qui aurait pu stabiliser ses institutions.
Sur le plan sécuritaire, l’absence de coopération entre Rabat, Alger et Tunis a laissé le champ libre aux groupes armés et aux trafics du Sahel. L’Algérie a bloqué toute coordination militaire avec le Maroc, empêchant l’émergence d’un axe maghrébin capable de stabiliser le Niger, le Mali et le Burkina Faso, tandis que les routes migratoires et criminelles se sont multipliées. En somme, le Maghreb n’a pas seulement perdu de l’argent, il a également perdu en termes de sécurité, d’influence, de temps et la possibilité de construire un meilleur avenir pour ses populations.
Pendant que l’Algérie investissait dans une illusion, le Maroc, lui, investissait dans la réalité. Depuis 2015, près de soixante-dix-sept milliards de dirhams ont été mobilisés dans les provinces du Sud, avec une croissance annuelle dépassant les sept pour cent, un taux d’électrification proche de cent pour cent, ainsi que des infrastructures modernes, des universités, des ports, des zones industrielles et une transformation économique profonde. Plus de trente pays ont ouvert des consulats dans les villes sahariennes, renforçant ainsi la portée internationale du projet marocain.
Le Maroc est désormais la première puissance automobile d’Afrique et l’un des principaux producteurs mondiaux d’engrais, tandis que ses énergies renouvelables s’imposent comme un pilier stratégique reconnu par le FMI. L’expert français Emmanuel Dupuy résume cette trajectoire en déclarant que le Maroc n’a pas gagné par les discours, mais par les faits.
La résolution 2797 adoptée par le Conseil de sécurité le 31 octobre 2025 constitue un tournant décisif. Pour la première fois, l’ONU affirme clairement que l’Initiative marocaine d’autonomie est la solution la plus sérieuse, réaliste et crédible qui doit constituer le cadre unique des négociations, et que l’autonomie pourrait représenter l’issue la plus viable. Toute référence au référendum disparaît du langage de l’ONU, confirmant une évolution profonde du droit international tel qu’interprété par les grandes puissances et les institutions multilatérales.
Le soutien de plus de soixante-dix pour cent des États africains, la reconnaissance américaine de 2020, les positions européennes favorables au plan d’autonomie, et l’engagement croissant de l’Union africaine, tout cela confirme que le Maroc est dans son Sahara et que le Sahara est dans son Maroc.
Après un demi-siècle de manipulations, une vérité est désormais établie : le Sahara n’est pas un dossier diplomatique ordinaire, mais le pilier du consensus national marocain. Monarchie, forces politiques, société civile, acteurs économiques et diaspora convergent autour d’une certitude absolue : l’intégrité territoriale est non négociable. Sous la direction de SM le Roi Mohammed VI, ce consensus s’est transformé en force stratégique, stabilisant l’État, orientant la diplomatie, structurant les politiques publiques et offrant au Maroc une profondeur institutionnelle rare dans la région. L’Initiative d’autonomie, autrefois proposition nationale, est devenue une référence internationale consolidée par la résolution 2797.
Comme l’a affirmé Abderrahmane El Youssoufi, l’unité nationale n’est pas un slogan, c’est la condition de tout progrès. Là où l’Algérie a utilisé le Sahara comme un instrument de diversion, le Maroc en a fait un laboratoire de développement, un pôle énergétique émergent, un carrefour logistique atlantique, un pont vers l’Afrique de l’Ouest et un modèle de modernisation territoriale.
À l’horizon 2030-2050, des projets structurants tels que le port de Dakhla Atlantique, le corridor atlantique vers l’Afrique de l’Ouest, les câbles numériques transatlantiques et l’essor de la diplomatie économique renforceront la position du Maroc comme acteur incontournable de l’Afrique atlantique.
La région n’a pas besoin d’un conflit, mais d’un avenir, et cet avenir passe par la seule vérité reconnue par le droit, l’Histoire et la géopolitique : le Maroc est dans son Sahara, le Sahara est dans son Maroc, et le consensus national demeure un rempart que nul ne pourra ébranler.
Par Mohamed Assouali
Secrétaire provincial de l’USFP – Tétouan

