Maroc

Bank Al-Maghrib réduit le taux directeur à 2,25%

Nouvel assouplissement de la politique monétaire. Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) qui a tenu sa première réunion trimestrielle de l’année, le 18 mars, a décidé de réduire pour la deuxième fois consécutive et la troisième depuis juin dernier, le taux directeur de 25 points de base (pb) à 2,25%. Cette décision a été prise à la lumière de l’évolution prévue de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et en vue de renforcer le soutien à l’activité économique et à l’emploi.

Comprendre le marché à terme interbancaire lancé par Bank Al-Maghrib

Selon les données de la Banque centrale, après deux années de niveaux élevés, l’inflation a connu un ralentissement très sensible en 2024, revenant à 0,9% en moyenne. Elle devrait, selon les projections de BAM, s’accélérer, tout en restant à un niveau modéré oscillant autour de 2% au cours des deux prochaines années. Sa composante sous-jacente est ressortie à 2,2% en 2024 et évoluerait également autour de 2% à moyen terme. Ces perspectives demeurent entourées évidemment de fortes incertitudes liées notamment, au plan externe, à la persistance des tensions géo-économiques et à leurs implications sur l’inflation mondiale, et au plan interne, à l’évolution de l’offre de produits agricoles. Le Conseil de BAM a, par ailleurs, noté que les anticipations d’inflation restent ancrées, les experts du secteur financier s’attendant au premier trimestre 2025 à des taux moyens de 2,2% pour l’horizon de 8 trimestres et de 2,4% pour celui de 12 trimestres.

Sur le volet de la transmission des décisions de BAM, les données collectées au quatrième trimestre 2024 montrent une baisse de 35 points de base des taux débiteurs assortissant les crédits bancaires au secteur non financier, comparativement au deuxième trimestre de la même année, contre une réduction de 25 pb du taux directeur au cours de la même période.

Au niveau national, le Conseil a relevé la dynamique notable de l’activité dans les secteurs non agricoles, tirée en particulier par l’investissement, principalement dans les infrastructures. Il a pris note également de l’engagement de l’Exécutif Akhannouch à poursuivre la consolidation des équilibres macroéconomiques, tout en maintenant l’élan des réformes, ainsi que de la feuille de route qu’il a adoptée récemment pour relancer l’emploi, notamment en stimulant l’investissement des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME). Quant au secteur agricole, la production continue de pâtir des conditions climatiques défavorables, bien qu’en nette amélioration depuis le début de ce mois.

Financement des TPME : un nouveau programme de soutien arrive

L’Institut d’émission annonce par la même occasion la mise sur les rails d’un nouveau programme de soutien au financement bancaire des TPE, avec en particulier un refinancement des banques participantes à un taux préférentiel égal au taux directeur minoré de 25 pb. Ce dispositif et l’engagement exprimé par le secteur bancaire devraient ainsi améliorer l’accès au financement de cette catégorie d’entreprises et renforcer sa contribution à la création d’emplois dans le pays.

La Banque centrale indique par ailleurs que la croissance non agricole aurait atteint 4,2% en 2024 et devrait rester autour de ce niveau à moyen terme, tirée essentiellement par l’essor de l’investissement dans les infrastructures, alors que la valeur ajoutée agricole demeure tributaire des conditions climatiques. Elle aurait reculé de 4,7% en 2024 et devrait, tenant compte d’une récolte céréalière qui atteindrait selon une estimation préliminaire de BAM 35 millions de quintaux et de l’amélioration prévue de la production non céréalière, s’accroître de 2,5% cette année avant de marquer un bond de 6,1% en 2026 sous l’hypothèse d’un retour à une récolte moyenne de 50 millions de quintaux.

Une croissance de 3,9% attendue cette année

La croissance de l’économie nationale se serait située à 3,2% en 2024 et devrait s’accélérer progressivement pour atteindre 3,9% cette année et 4,2% en 2026. Sur le marché du travail, les données relatives à l’année 2024 montrent que la situation continue de pâtir de la contraction de la production agricole, avec une nouvelle perte de 137.000 emplois dans l’agriculture. En revanche, l’emploi non agricole affiche une certaine reprise avec des créations de 160.000 postes dans les services, 46.000 dans l’industrie et de 13.000 dans le BTP. Tenant compte d’une entrée nette de 140.000 demandeurs d’emploi, le taux d’activité a légèrement baissé à 43,5% et le taux de chômage s’est aggravé à 13,3% au niveau national, à 6,8% en zones rurales et à 16,9% en milieu urbain.

Échanges extérieurs : la dynamique de 2024 se poursuivrait cette année

Sur le volet des comptes extérieurs, la dynamique des échanges observée en 2024 devrait se poursuivre à moyen terme. Les exportations seraient tirées essentiellement par les ventes de phosphate et dérivés, qui augmenteraient de 15,2% cette année et de 8,6% en 2026 à 108,6 milliards de dirhams, et par celles du secteur automobile qui atteindraient 195 milliards en 2026. En parallèle, les importations seraient portées notamment par la poursuite de la forte progression prévue des acquisitions de biens d’équipement ainsi que par la hausse des achats de biens de consommation, alors que la facture énergétique continuerait de reculer pour s’établir à 104,6 milliards en 2026. Par ailleurs, les recettes de voyages poursuivraient leur expansion pour se situer à près de 125 milliards de dirhams en 2026, tandis que les transferts des MRE (Marocains résidant à l’étranger) se consolideraient pour avoisiner 123 milliards la même année. Au regard de ces évolutions, le déficit du compte courant se creuserait à 2,9% du PIB en 2025 avant de s’alléger à 2% en 2026. Quant aux recettes des investissements directs étrangers, elles continueraient de s’améliorer, avoisinant l’équivalent de 3% du PIB en 2025 et 3,3% en 2026, après 2,8% en 2024. Au total, et tenant compte des financements extérieurs prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve se renforceraient à 391,8 milliards de dirhams à fin 2025 puis à 408 milliards à fin 2026, représentant l’équivalent de 5 mois et 5 jours d’importations de biens et services et 5 mois et 11 jours respectivement.