Avec l’inflation, le Ramadan hors de portée pour de nombreuses familles marocaines cette année

Face à cette pression croissante, les citoyens se retrouvent pris dans un tourbillon économique qu’ils peinent à maîtriser. Le mois de Ramadan devient ainsi un véritable casse-tête économique pour de nombreuses familles, déjà fragilisées par une inflation qui dure et qui impacte lourdement leurs habitudes de consommation.
Une inflation qui dépasse les frontières du Ramadan
Pour Rachid Essedik, président du Centre marocain pour la citoyenneté (CMC), le Ramadan est une période de consommation accrue, ce qui exerce une pression sur les prix. Cependant, cette hausse ne peut pas être attribuée uniquement à la demande saisonnière. «La tendance inflationniste dépasse largement le cadre du Ramadan et s’inscrit dans un contexte économique global marqué par une inflation persistante», explique-t-il. En effet, malgré une légère maîtrise de l’inflation, les prix des produits de consommation de base n’ont pas retrouvé leurs niveaux d’avant la crise, ce qui pèse directement sur les familles marocaines.
«Malgré un taux d’inflation aujourd’hui plus maîtrisé, les prix des produits prioritaires pour les Marocains ne sont toujours pas revenus à leurs niveaux d’avant l’inflation», ajoute Essedik. Selon lui, l’impact du Ramadan sur les habitudes de consommation est notable : «Les familles marocaines consacrent une part plus importante de leur budget aux produits alimentaires», accentuant ainsi la pression sur la demande et contribuant à la hausse des prix. Cette pression, combinée à la tendance inflationniste générale, entraîne des hausses de prix notables, particulièrement sur les produits les plus prisés pendant cette période.
L’offre face à la demande
Le Ramadan modifie les habitudes de consommation des Marocains. En effet, les Marocains privilégient certains produits de base, comme les viandes, les fruits, le lait et le poisson. Essedik remarque que cette période de forte demande augmente encore plus la pression sur ces denrées. «On observe que de plus en plus de familles réduisent leurs achats en grande quantité et privilégient des alternatives plus abordables», ajoute-t-il. De plus en plus de familles cherchent à éviter les intermédiaires en se tournant vers les circuits courts et les marchés locaux, mais ces ajustements restent limités et n’atténuent pas entièrement l’impact de l’inflation sur leur pouvoir d’achat.
Des solutions pour éviter une crise
Essedik plaide également pour un renforcement des contrôles sur les circuits de distribution afin de limiter les abus et la spéculation, bien qu’il avertisse que ces contrôles ne peuvent pas être la seule solution. «La régulation des prix, les contrôles stricts et les sanctions sont essentiels, mais cela ne suffit pas. Un débat public est nécessaire sur la Stratégie agricole nationale», souligne-t-il. «Voulons-nous une agriculture tournée avant tout vers l’approvisionnement du marché intérieur et la sécurité alimentaire des Marocains, ou privilégions-nous l’exportation au détriment de l’accès des citoyens aux produits de base ?», interroge-t-il. Pour lui, cette réflexion est essentielle afin de garantir un équilibre entre les impératifs économiques et le bien-être des citoyens marocains. Il appelle, par ailleurs, à une action conjointe entre les autorités publiques, les commerçants et les consommateurs. «Les autorités doivent mettre en place une politique plus transparente sur les niveaux de stock et les mesures prévues pour éviter des pénuries», conclut Essedik. Mais il est tout aussi crucial que les citoyens fassent preuve de responsabilité et adoptent une consommation plus rationnelle, afin de limiter la pression sur certains produits.