Maroc

Amazigh, une force de l’identité plurielle marocaine

L’amazigh a depuis toujours constitué une part importante de l’identité marocaine. Le discours royal prononcé à Ajdir a, dans ce sens, annoncé la couleur dès les premières années du règne de SM le Roi. Éclairages.

La culture et la langue amazighs reflètent la force du modèle et de l’identité marocains. La promotion de l’amazigh est une responsabilité nationale puisque l’amazighité qui plonge ses racines au plus profond de l’histoire du peuple marocain appartient à tous les Marocains. C’est d’ailleurs ainsi que le discours royal d’Ajdir avait décrit la place occupée par l’amazigh dans le cœur de tous les Marocains. En effet, le discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI, le mercredi 17 octobre 2001, à Ajdir dans la province de Khénifra, est définitivement entré dans l’histoire du pays. «Nous avons tenu, avec la bénédiction de Dieu, à sceller de notre Sceau chérifien, en ce jour béni, le dahir créant et organisant l’Institut royal de la culture amazighe, Institut dont nous avions annoncé la création et défini les missions dans le discours du Trône que nous avons adressé à la Nation à l’occasion du deuxième anniversaire de notre accession au Trône de nos glorieux Ancêtres», avait affirmé SM le Roi. Et de poursuivre: «A travers cet acte, nous voulons, tout d’abord, exprimer ensemble notre reconnaissance de l’intégralité de notre histoire commune et de notre identité culturelle nationale bâtie autour d’apports multiples et variés. La pluralité des affluents qui ont forgé notre histoire et façonné notre identité est indissociable de l’unité de notre Nation regroupée autour de ses valeurs sacrées et ses fondements intangibles que sont la religion musulmane tolérante et généreuse, la défense de la patrie dans son unité et son intégrité, l’allégeance au Trône et au Roi, et l’attachement à la Monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale». L’IRCAM a donc vu le jour. L’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) est créé le 17 octobre 2001, suite au discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à Ajdir-Khénifra. Le dahir chérifien portant création et organisation de l’IRCAM (n°1-01- 299 rajab al kheir 1422) stipule que ce dernier est créé auprès de Sa Majesté le Roi et sous Sa protection tutélaire. Il est doté de la pleine capacité juridique et de l’autonomie financière (Article 1). Saisi par Sa Majesté, il donne avis sur les mesures de nature à sauvegarder et à promouvoir la culture amazighe dans toutes ses expressions à l’échelon national, régional et local. C’est ainsi qu’il a adressé des notes éclairantes aux commissions spéciales mandatées par Sa Majesté le Roi concernant « Le projet de la régionalisation avancée », « Le projet de constitution », et « Le projet du nouveau modèle de développement ». Il a également collaboré avec les institutions idoines, notamment pour renforcer la diplomatie culturelle du Maroc en mettant en lumière le modèle marocain de gestion de la diversité culturelle et linguistique, et afin de mettre en oeuvre des politiques permettant l’introduction de l’amazigh dans le système éducatif et assurer son rayonnement dans l’espace social, culturel et médiatique (Article 2). Afin de remplir les missions générales qui lui sont imparties, l’Institut est chargé d’accomplir des actions et des activités inscrites dans des plans d’action annuels visant la promotion de la langue et de la culture amazighes dans l’optique d’un projet de société démocratique et moderniste fondé sur la valorisation de la personnalité marocaine et de ses symboles linguistiques, culturels et civilisationnels (Article 3).

Constitution de 2011
L’adoption par le Maroc d’une nouvelle constitution en 2011 a également un lot important de décisions concernant l’amazigh. C’est ainsi que l’article 5 de la loi fondamentale du pays a stipulé que «l’arabe demeure la langue officielle de l’État. L’État œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation. De même, l’amazigh constitue une langue officielle de l’État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. Une loi organique définit le processus de mise en œuvre du caractère officiel de cette langue, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et aux domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle. L’État œuvre à la préservation du Hassani, en tant que partie intégrante de l’identité culturelle marocaine unie, ainsi qu’à la protection des expressions culturelles et des parlers pratiqués au Maroc. De même, il veille à la cohérence de la politique linguistique et culturelle nationale et à l’apprentissage et la maîtrise des langues étrangères les plus utilisées dans le monde, en tant qu’outils de communication, d’intégration et d’interaction avec la société du savoir, et d’ouverture sur les différentes cultures et sur les civilisations contemporaines». La loi organique qui définit le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh a été, par la suite, adoptée par le Parlement. Par ailleurs, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a décidé en mai 2023 d’instaurer le jour de l’an amazigh, jour férié national officiel payé, à l’instar du premier Moharram de l’année de l’Hégire et du jour de l’an du calendrier grégorien. Dans ce cadre, Sa Majesté le Roi avait donné Ses Hautes Orientations au Chef de gouvernement pour prendre les dispositions nécessaires en vue de mettre en œuvre cette Haute décision royale. Cette initiative royale vient consacrer la Haute sollicitude dont Sa Majesté le Roi ne cesse d’entourer l’amazigh en tant que composante essentielle de l’identité marocaine authentique riche par la pluralité de ses affluents et patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. Elle s’inscrit également dans le cadre de la consécration constitutionnelle de l’amazigh en tant que langue officielle du pays, aux côtés de la langue arabe.