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Aide à l’Ukraine : dirigeants de l’UE doivent trouver une solution

Les dirigeants européens se réunissent à Bruxelles pour discuter du financement de l’effort de guerre de l’Ukraine, avec un objectif d’accord sur deux ans. Le Premier ministre belge Bart De Wever a déclaré qu’il n’avait « jamais vu un texte qui pourrait [le] séduire » concernant le financement par les avoirs russes gelés.


Les dirigeants européens cherchent à financer l’effort de guerre de l’Ukraine, ainsi que son armée et son budget, lors d’un sommet à risque à Bruxelles dont l’issue est incertaine. « Poutine parie sur notre échec, ne lui offrons pas cela! », a déclaré à son arrivée la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas. Les 27 « ne quitteront pas » la salle sans un accord pour financer l’Ukraine durant les deux prochaines années, a ajouté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Cependant, la concrétisation de cet accord demeure incertaine. La majorité des pays, avec l’Allemagne en tête, souhaitent utiliser les avoirs gelés de la banque centrale russe en Europe pour financer un « prêt de réparation » de 90 milliards d’euros en faveur de l’Ukraine. Mais la majeure partie de ces fonds, environ 210 milliards d’euros, est située en Belgique, et son Premier ministre, Bart De Wever, n’est pas encore prêt à donner son accord. « Pour être clair, je n’ai jamais vu un texte qui pourrait me séduire et marquer l’accord de la Belgique », a-t-il affirmé jeudi. « J’espère peut-être le voir aujourd’hui, mais je ne l’ai pas encore vu », a-t-il insisté devant le Parlement belge.

La Belgique refuse d’être « seule » à prendre les risques d’une telle opération, qui serait sans précédent en Europe. « On a besoin d’un parachute avant de sauter. Si on nous demande de sauter, on saute tous ensemble », a-t-il martelé devant les parlementaires belges. Bart De Wever redoute des représailles russes à « l’éternité » et demande une protection solide des intérêts de son pays, y compris en Russie.

Cette exigence est jugée disproportionnée par ses partenaires, qui sont prêts à garantir un prêt à l’Ukraine, mais pas à signer un « chèque en blanc », a expliqué un des négociateurs européens. Les Européens se sont engagés à fournir, au cours des deux prochaines années, l’essentiel du soutien financier et militaire à l’Ukraine, après la réduction des aides américaines instaurée par Donald Trump.

« Je ne vois pas de meilleure option » que le recours aux avoirs russes, a déclaré jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz, à son arrivée à Bruxelles. « Si nous n’arrivons pas à le faire, la capacité d’action de l’Union européenne sera gravement compromise pour des années, voire plus longtemps », a-t-il mis en garde en début de semaine.

La décision de se servir des avoirs russes gelés peut être prise à la majorité qualifiée des États membres, donc théoriquement sans la Belgique, mais surtout sans la Hongrie, qui est totalement opposée à cette option. À Bruxelles, une autre possibilité est également sur la table des chefs d’État et de gouvernement de l’UE.

L’UE pourrait emprunter, mais plusieurs pays, dont l’Allemagne, sont très réticents, et au moins un État membre, la Hongrie, s’y oppose totalement. Or, une telle décision nécessite l’unanimité. En l’absence d’accord, l’Ukraine risque de manquer de liquidités dès le premier trimestre 2026. « Sans cela (cette décision), il y aura un gros problème pour l’Ukraine », a déclaré le président Volodymyr Zelensky à des journalistes avant de se rendre au sommet à Bruxelles. Juste avant son arrivée, il a annoncé de nouveaux pourparlers américano-ukrainiens vendredi et samedi aux États-Unis. Une rencontre entre des émissaires russes et américains est également prévue ce week-end à Miami, en Floride, selon un responsable de la Maison Blanche.

Près de quatre ans après l’offensive à grande échelle de Moscou, Volodymyr Zelensky ne croit toujours pas à une volonté de paix de la part du Kremlin et se prépare à mener une nouvelle « année de guerre », en dépit des pourparlers de paix en cours.