AFIS 2025 : L’Afrique ne renonce pas à sa souveraineté financière
Casablanca accueillera, les 3 et 4 novembre 2025, une nouvelle édition de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS) autour du thème « Notre capital, notre puissance: libérons la souveraineté financière de l’Afrique ». Cet événement rassemblera plus de 1.200 dirigeants financiers, régulateurs, investisseurs institutionnels et décideurs publics issus de 72 pays.
À une époque où les équilibres économiques mondiaux sont en mutation, Casablanca se prépare à accueillir, les 3 et 4 novembre 2025, une nouvelle édition de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS) sur un thème stratégique : « Notre capital, notre puissance : libérons la souveraineté financière de l’Afrique ». Cette initiative repose sur la conviction que l’Afrique possède les ressources et les compétences nécessaires, mais manque des leviers et des mécanismes pour transformer son épargne en véritable force économique.
Cet événement, qui rassemblera plus de 1.200 dirigeants financiers, régulateurs, investisseurs institutionnels et décideurs publics venus de 72 pays, est anticipé comme un tournant pour le débat économique africain concernant la souveraineté financière du continent. L’AFIS 2025, organisé par Jeune Afrique Media Group en partenariat avec la Société financière internationale (IFC), a pour objectif d’aller au-delà du simple débat sur le financement du développement. Il s’agit de réfléchir à un continent africain capable de maîtriser ses propres outils financiers.
Actuellement, l’Afrique détient des milliers de milliards de dollars sous forme d’épargne institutionnelle (fonds de pension, fonds souverains, réserves de change, actifs bancaires et assurantiels), mais une grande partie de ces ressources reste sous-exploitée et mal orientée. Les organisateurs de l’AFIS soulignent qu’il existe des solutions à portée de main pour mobiliser l’épargne africaine via des instruments, des réglementations et des partenariats qui peuvent transformer ce capital domestique en investissements à long terme, en croissance durable et en autonomie stratégique. Pour eux, l’urgence réside dans l’activation de ce capital.
Cette quête de souveraineté financière part d’un constat : l’Afrique est fortement dépendante du financement extérieur pour son développement. Dans un contexte de tensions géopolitiques, de hausse des taux d’intérêt et de raréfaction des flux financiers internationaux, cette dépendance constitue un risque systémique. Par conséquent, il est crucial pour l’Afrique d’apprendre à financer son propre développement.
Les fonds de pension, les assurances, les banques régionales et les fonds souverains du continent représentent une immense réserve susceptible de soutenir de grands projets d’infrastructures, de transition énergétique et de transformation industrielle. Toutefois, il est essentiel de créer des cadres réglementaires et des marchés capables d’absorber cette épargne à long terme.
La 5ème édition de l’AFIS vise à être une plateforme d’échanges et de réflexion sur la nécessité de repenser les architectures financières africaines. L’objectif est d’harmoniser les régulations, fluidifier les flux d’investissement entre pays et renforcer la confiance entre acteurs publics et privés. Il s’agit de passer d’un continent d’opportunités à un continent de solutions, d’un modèle de dépendance à celui de co-construction, et d’un paysage fragmenté à une coordination structurée.
Dans cette optique, l’AFIS 2025 se veut concret. Parmi les priorités évoquées figurent la modernisation des cadres réglementaires des fonds de retraite, de l’assurance et des fonds souverains, le développement de marchés de capitaux régionaux, la mobilisation du capital domestique pour financer les PME et le déploiement de solutions fintech inclusives. Les discussions incluront également le renforcement du commerce intra-africain, grâce à des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et le système panafricain de paiement (PAPSS).
Casablanca, en tant que carrefour entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe, a su se positionner ces dernières années comme un point central pour cette dynamique. Grâce à la place financière Casablanca Finance City (CFC), le Maroc a créé un environnement alliant stabilité politique, cadre réglementaire moderne et attractivité internationale. Cet écosystème fait aujourd’hui de la ville un pivot financier africain, propice à accueillir les grands débats sur la transformation du capital en levier d’influence.
L’AFIS 2025 n’est donc pas seulement un sommet, mais un manifeste pour un continent qui croit en lui-même. Comme le rappellent ses organisateurs, « l’Afrique n’a pas besoin d’être sauvée », mais elle doit mobiliser ses ressources et ses épargnes pour affirmer sa souveraineté.
Par Hicham Louraoui (MAP)

