Maroc

À Sefrou, Driss Lachguar ne laisse pas l’espoir s’éteindre au congrès provincial de l’USFP.

Le Congrès provincial de l’USFP s’est tenu dimanche 5 octobre à Sefrou, sous le thème « La justice territoriale, pilier essentiel d’un développement durable dans la province de Sefrou ». Abdelali Damri a été élu à l’unanimité comme secrétaire provincial du parti, et Nawfel Al Mers à la présidence du conseil provincial.


Dans une grande salle de Sefrou, animée par une effervescence militante rare, le Congrès provincial de l’USFP s’est déroulé le dimanche 5 octobre, sous le thème évocateur : « La justice territoriale, pilier essentiel d’un développement durable dans la province de Sefrou ». Cet événement a rassemblé le Premier secrétaire du parti, Driss Lachguar, ainsi que des personnalités nationales, parlementaires, élus et représentants d’organisations parallèles, se posant en véritable démonstration de force politique et de fidélité aux valeurs du socialisme démocratique marocain.

Dès les débuts, l’atmosphère était chargée de ferveur militante. Le public, nombreux et varié, a témoigné de l’attachement des militants à leur parti, son histoire et son avenir. Les allocutions des représentants régionaux, de l’organisation féminine et de la jeunesse ont préparé le terrain pour le moment clé : l’intervention attendue de Driss Lachguar, dont le discours a marqué les esprits par sa lucidité et son audace.

Lachguar a ouvert son intervention avec une émotion perceptible, soulignant l’importance de Sefrou pour lui : « Sefrou m’est chère au cœur, je la connais depuis plus de trente ans, à une époque où la structure du parti y était encore modeste. Grâce à l’engagement de militants sincères, à leur tête notre camarade Driss Chtibi, Sefrou est aujourd’hui une base solide de l’USFP, présidant la majorité des conseils locaux et occupant une place de choix dans les Chambres professionnelles. » Cette reconnaissance, marquée par l’humilité et la gratitude, soulignait le chemin parcouru par le parti dans une région longtemps négligée, devenue aujourd’hui un modèle de renouveau organisationnel et politique pour l’USFP.

Il a poursuivi en soulignant que « les graines semées au début du travail ittihadi à Sefrou portent aujourd’hui leurs fruits, à travers la forte présence des jeunes, des femmes et des compétences intègres ». Pour lui, cette dynamique témoigne de la vitalité du mouvement socialiste marocain, capable de se renouveler sans renier son identité. Cependant, le discours de Lachguar n’a pas été qu’un simple rappel du passé. Il a constitué une véritable analyse politique du contexte national, franche et responsable. Face à un auditoire attentif, il a diagnostiqué la gestion gouvernementale : « Le gouvernement actuel s’est laissé aller à une forme d’hypertrophie du pouvoir, retardant la mise en œuvre de grands chantiers nationaux, notamment la réforme du Code de la famille — un chantier renouvelé par les Directives Royales. Malgré la conclusion du dialogue, le gouvernement tergiverse encore, ignorant les attentes des femmes et de la société tout entière. Attend-il que les femmes descendent dans la rue comme les jeunes avant elles ? »

Cette interpellation a résonné comme un appel à la vigilance démocratique. Lachguar a également déploré « l’absence de volonté de réviser la loi de Finances ou de réorganiser les priorités budgétaires après les récentes protestations sociales », critiquant un « gouvernement déconnecté des réalités, tandis que les Marocains attendent des réformes urgentes en matière d’emploi, d’eau, d’éducation et de santé ».

À l’approche de la prochaine session parlementaire d’octobre, Driss Lachguar a annoncé : « Ce sera une étape décisive pour évaluer la performance gouvernementale et présenter la vision de l’Union socialiste sur les grandes priorités nationales : la réforme de l’éducation, la crise de l’eau, la réduction des inégalités sociales et la moralisation de la vie publique. » Il a salué « la rigueur et la fermeté du député Driss Chtibi dans la conduite de certaines séances parlementaires, face à des tentatives de mainmise de la part de certains ministres », réaffirmant l’engagement du Groupe socialiste-Opposition ittihadie à défendre l’institution parlementaire et les intérêts des citoyens.

Le dirigeant ittihadi a ensuite élargi sa réflexion sur la question électorale, qu’il considère « comme le point d’entrée de toute réforme politique authentique », rappelant que « le dernier Discours Royal lors de la Fête du Trône a validé les revendications de l’USFP en faveur d’une refonte du système électoral, seule garantie d’un renouvellement des élites et d’une lutte efficace contre la corruption et l’argent politique. » À cet égard, il a proposé « d’élever le nombre de sièges réservés aux femmes de 90 à 132, afin d’assurer une véritable parité et d’égaliser les chances entre les sexes ».

Concernant la question de l’eau, le Premier secrétaire n’a pas hésité à dire : « Les villages et zones montagneuses souffrent d’une pénurie aiguë, tandis que le gouvernement tarde à mettre en œuvre la stratégie nationale de l’eau. Quatorze milliards de dirhams ont été approuvés, mais n’ont toujours pas été débloqués. Il est temps d’agir avant que la crise ne devienne irréversible. » En ce qui concerne la santé, son constat était tout aussi sévère : « Malgré les investissements conséquents dans les hôpitaux universitaires et régionaux, le citoyen doit encore acheter les produits les plus primitifs pour subir une opération. La responsabilité ne revient pas au manque d’infrastructures, mais à une mauvaise gouvernance et à une gestion inefficace. »

Dans un élan d’unité, Lachguar a conclu son discours sur une note d’espoir : « Je le dis avec certitude : cette province fidèle, riche de ses jeunes, de ses femmes et de ses compétences, est en mesure d’être à l’avant-garde de l’action partisane sérieuse. Félicitations pour ce congrès. Je ne vous souhaite pas la réussite, car je suis convaincu que cette dynamique organisationnelle, cette foi dans les valeurs de l’USFP, vous mèneront inévitablement à des décisions responsables et à une structuration solide qui renforcera la position du parti. »

Le Congrès a ensuite unanimement élu Abdelali Damri comme secrétaire provincial du parti et Nawfel Al Mers à la présidence du conseil provincial, marquant ainsi une nouvelle étape de consolidation organisationnelle de l’USFP à Sefrou, où la représentation territoriale, la jeunesse et la parité seront au cœur de la nouvelle architecture politique.

Dans son intervention, Abdelali Damri a replacé le débat dans une perspective stratégique : « La justice territoriale est le socle d’un développement durable et équitable. Le congrès s’inscrit dans un contexte politique et économique difficile qui nécessite davantage d’engagement et de mobilisation, ainsi qu’une réhabilitation du travail partisan responsable. » Damri a également insisté sur « la nécessité de restaurer la confiance des citoyens par la transparence, la compétence et la crédibilité », rendant hommage aux élus de l’USFP pour leurs efforts constants, en particulier à Driss Chtibi, « dont le travail législatif et de terrain incarne la noblesse de l’action publique et l’esprit de service ».

Le secrétaire régional a loué, quant à lui, « le courage et la constance des militantes et militants de Sefrou, symboles d’unité et de confiance », soulignant que « cette rencontre s’inscrit dans la continuité du vaste chantier de restructuration mené sous le leadership du Premier secrétaire, dont la dynamique organisationnelle a touché l’ensemble du territoire national, avec 71 congrès provinciaux tenus en un temps record, une première dans l’histoire politique du pays. »

Les interventions de la jeunesse et de l’organisation féminine ont apporté une dimension profondément humaine à cette journée. Meryem Akhraz, au nom des femmes ittihadies, a affirmé que « l’autonomisation des femmes n’est pas un privilège, mais un devoir national et un chemin vers la dignité et l’égalité », tandis qu’Ayoub Chafik, représentant de la jeunesse, a plaidé pour « une relance du développement à Sefrou capable d’offrir aux jeunes des opportunités d’emploi, d’éducation et d’intégration sociale », dénonçant « l’absence d’une vision gouvernementale cohérente et le retard de la création d’un pôle universitaire dans la région ».

De ce fait, le Congrès de Sefrou n’a pas seulement réaffirmé la force organisationnelle du parti. Il a, dans son essence, transmis un message clair : celui d’un socialisme marocain vivant, fidèle à ses racines populaires, ancré dans les réalités du pays et résolument tourné vers l’avenir. À Sefrou, ce dimanche d’octobre, l’USFP n’a pas seulement tenu un congrès. Elle a écrit une nouvelle page de son histoire : celle de la confiance retrouvée, de l’engagement renouvelé et de la conviction que la justice territoriale n’est pas qu’un slogan, mais un horizon politique et moral pour tout le Maroc.

Mehdi Ouassat