Maroc

À la veille de la rentrée, les écoles privées pointées du doigt pour la vente imposée de manuels scolaires

La scène se répète à la veille de chaque rentrée scolaire : de nombreux parents se disent contraints d’acheter les manuels scolaires et les fournitures auprès de leur école privée. « On nous impose un fournisseur et on ne nous laisse pas le choix », témoigne Samira, mère de deux enfants scolarisés à Casablanca. « Les prix sont plus élevés qu’en librairie et nous n’avons aucune marge de négociation. » À Rabat, Rachid raconte avoir déboursé près de 2.000 dirhams pour des manuels distribués directement par l’établissement. « Le problème n’est pas tant le coût que l’absence de liberté. Tout est verrouillé », regrette-t-il.

L’Observatoire marocain pour la protection du consommateur (OMPC) tire à nouveau la sonnette d’alarme. Son président, Hassan Aït Ali, qualifie ces méthodes de « pratiques commerciales déloyales ». Selon lui, elles contreviennent à la loi 31.08 sur la protection du consommateur et à la loi 104.12 sur la liberté des prix et de la concurrence. De son côté, le ministère de l’Éducation nationale a rappelé à plusieurs reprises l’interdiction de la vente de manuels dans les établissements scolaires.

Prix des fournitures scolaires : l’Alliance des libraires alerte contre de fausses promotions

Malgré ces rappels, les familles continuent de faire état de pressions implicites : les écoles insistent sur une « uniformité des supports pédagogiques » ou invoquent des « accords avec des fournisseurs ».

L’Alliance des libraires du Maroc avait également dénoncé cette situation, estimant que ces pratiques privaient les librairies d’une part essentielle de leur chiffre d’affaires. Elles fragilisent un secteur déjà précaire, alors que près de 70 % des ventes de l’édition concernent les manuels scolaires.

Les défenseurs des consommateurs demandent aux autorités de franchir un cap. Ils plaident pour une circulaire ministérielle ferme assortie de sanctions, le lancement de contrôles inopinés, ainsi que la mise en place d’un numéro vert pour signaler les abus. Hassan Aït Ali exhorte aussi les parents à refuser les achats imposés et à saisir les autorités compétentes — Éducation nationale, Conseil de la concurrence, Autorité de contrôle des assurances — en cas d’abus.

Au-delà du coût, c’est une question de principe. « L’école n’est pas un commerce, elle doit rester un espace d’éducation », martèle Samira. Une conviction partagée par les associations, qui rappellent que la rentrée scolaire ne devrait pas être synonyme de contraintes supplémentaires pour les familles, déjà lourdement sollicitées.