Maroc

8 mars : Moudawana, emploi, entrepreneuriat… les femmes marocaines au cœur du changement

Le Maroc célèbre, ce 8 mars 2025, la Journée internationale des droits des femmes dans un contexte de réforme majeure. L’Initiative Royale de révision de la Moudawana, annoncée en 2023, est entrée dans une phase décisive, alimentant débats et espoirs pour une avancée significative des droits des Marocaines.

Depuis son adoption en 2004, la Moudawana a constitué un jalon essentiel en matière de reconnaissance des droits des femmes, accordant aux femmes des droits accrus dans le mariage, le divorce et la garde d’enfants. La Constitution de 2011 a inscrit l’égalité des genres comme principe fondamental, ouvrant la voie à une société marocaine plus inclusive et équitable. Cependant, des inégalités persistent, notamment sur des questions sensibles comme le mariage des mineures, l’autorité parentale, l’égalité successorale ou encore la protection contre les violences. La réforme en cours ambitionne de moderniser ce cadre juridique tout en préservant les principes fondamentaux de la société marocaine. La révision récente du code de la famille permet aux femmes de jouir d’une plus grande autonomie et de meilleures protections pour une famille plus épanouie.

Parallèlement à ces avancées législatives, l’émancipation économique des femmes marocaines progresse, notamment à travers l’entrepreneuriat féminin. Cependant, des défis subsistent. Selon l’Observatoire marocain de la très petite et moyenne entreprise (OMTPME), seulement 15% des entreprises au Maroc sont dirigées par des femmes, un chiffre stable depuis 2020. De plus, seuls 14,6% de ces entreprises ont accès au crédit bancaire, représentant 11,3% de l’encours total des crédits. Ces statistiques mettent en lumière les obstacles persistants auxquels font face les femmes entrepreneures, notamment en matière de financement.

Pour pallier ces défis, plusieurs initiatives ont été lancées. Citons à ce titre l’initiative «She’s Next» introduite au Maroc en septembre 2023 par Visa, en partenariat avec Technopark. Ce programme mondial vise à soutenir les femmes entrepreneures en leur offrant des subventions pouvant atteindre 20.000 dollars américains, ainsi qu’un accompagnement personnalisé. Cette initiative s’inscrit dans une volonté de promouvoir l’inclusion financière et de renforcer l’écosystème entrepreneurial féminin.

De son côté, l’Association des femmes-chefs d’entreprises du Maroc (AFEM) a dévoilé en décembre 2024 sa stratégie «She Impulse : Créateur de valeurs» pour la période 2025-2026. Ce programme repose sur trois axes : «She Learn», une plateforme d’apprentissage en ligne intégrant l’intelligence artificielle ; «She Start», un dispositif d’accompagnement pour les porteuses de projets innovants ; et «She Industriel», dédié à l’intégration des femmes dans le secteur industriel. Ces initiatives visent à renforcer les compétences des femmes entrepreneures et à faciliter leur accès à des secteurs clés de l’économie marocaine.

Les coopératives féminines constituent un autre exemple de cette dynamique transformatrice. À travers tout le Royaume, ces structures permettent aux femmes de s’autonomiser économiquement et socialement, incarnant parfaitement la vision d’un Maroc où chacun peut contribuer au développement national. Bien plus que de simples unités économiques, ces coopératives sont devenues de véritables incubateurs de leadership où les femmes, qu’elles soient issues du milieu rural ou urbain, acquièrent de réelles compétences, devenant des modèles inspirants pour les générations futures.

Insertion économique des femmes : une approche globale s’impose

Malgré des efforts en matière d’entrepreneuriat féminin et d’insertion professionnelle, le taux d’activité des Marocaines demeure faible. Il est même en baisse continue comme en témoignent les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Cet indicateur est passé, en effet, de 28,1% en 2000 à 19% en 2023, demeurant nettement inférieur à celui des hommes (69% en 2023). L’écart persistant de près de 50 points entre les taux d’activité masculin et féminin constitue un enjeu majeur, d’autant plus préoccupant que cette différence tend à se creuser avec le temps. Cette tendance met en évidence l’urgence d’une action stratégique visant à renforcer la création d’emplois et à élargir l’accès des femmes aux opportunités économiques.

Outre l’éducation et la formation qui constituent également des outils puissants pour permettre aux femmes d’accéder à des emplois qualifiés et mieux rémunérés, l’insertion économique des femmes au Maroc nécessite une approche globale qui allie politiques publiques, initiatives privées et évolution des mentalités. Des efforts doivent être poursuivis pour garantir un meilleur accès des femmes aux opportunités économiques, en particulier dans les secteurs stratégiques. Car les femmes représentent 50% de la population et 50% des diplômés : elles ne sont pas une minorité.

Rappelons à ce titre le Plan gouvernemental pour l’égalité 2023-2026. Ce Plan comprend trois axes principaux, à savoir l’autonomisation de la femme, volet qui a défini des mesures pratiques visant à élever son taux d’activité à l’horizon 2026, la prévention et la protection des femmes et la lutte contre la violence à leur égard ainsi que le renforcement des valeurs pour la lutte contre les stéréotypes, la promotion des droits des femmes et la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Bien que des avancées significatives aient été réalisées en matière d’accès des femmes au marché du travail et à l’entrepreneuriat, plusieurs défis persistent, notamment en raison des responsabilités familiales et des normes socioculturelles qui pèsent sur leur double rôle de mères et de professionnelles. Comme l’a bien souligné Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, dans sa tribune.

«Il ne s’agit pas seulement de réussir professionnellement, mais de leur montrer qu’elles peuvent tout concilier. Elles peuvent s’épanouir dans leur rôle de mère tout en poursuivant une carrière professionnelle, et apporter simultanément une contribution significative à la société. Cependant, les modèles ne se limitent pas aux femmes. Les hommes ont un rôle tout aussi crucial à jouer dans ce parcours. En tant que pères, maris, frères et collègues, ils peuvent soutenir les femmes dans leur vie et défendre leurs aspirations».