Maroc

17ème Festival soufi de Fès : ouverture sur le dialogue Espagne-Maroc

Le public a assisté, samedi soir, à un concert exceptionnel de la « Hadra-Présence » dans le cadre de la 17ᵉ édition du Festival de Fès de la culture soufie et des sagesses du monde, à Bab Makina. Ce festival, initié par l’Association du Festival de Fès de la culture soufie, vise à faire découvrir la richesse artistique, intellectuelle et spirituelle du soufisme du 19 au 25 octobre.


Le public de la 17ᵉ édition du Festival de Fès de la culture soufie et des sagesses du monde a vécu, samedi soir à Bab Makina, un concert exceptionnel de « Hadra-Présence », combinant flamenco mystique, musique arabo-andalouse et poésie soufie, illustrée par les vers d’Ibn Arabi.

L’ensemble espagnol Curro Piñana, le chanteur de musique soufie et arabo-andalouse Nouredine Tahiri et la jeune chanteuse marocaine Nouaila El Kalai ont uni leurs talents pour offrir un moment mémorable au public. Leur performance a transporté l’audience dans un voyage musical envoûtant, rythmé par des sons andalous et des textes mystiques.

L’harmonie de ces trois voix, soutenues par leurs ensembles respectifs, a provoqué l’enthousiasme des spectateurs. En mettant en musique les écrits du maître soufi Ibn Arabi, ils ont démontré que la musique peut être une voie de guérison et de transcendance.

Artiste emblématique du flamenco contemporain, Curro Piñana, né à Carthagène en 1974, a marqué la soirée par son style vocal captivant. Son premier album, « De lo humano y lo divino », reflète cette rencontre entre le sacré et l’émotion, avec des inspirations provenant de l’Interprète des désirs d’Ibn Arabi, lui-même originaire de Murcie.

Ce concert, conçu pour inaugurer cette édition du Festival de Fès, a rassemblé Pablo Barrionuevo à la guitare flamenca, Rocío Pinar au violoncelle et Alejandro Solano aux percussions. Piñana promeut l’idée fondamentale de ressentir et de transmettre, à travers la musique, le langage universel des émotions.

Formé dès son enfance par son grand-père Antonio Piñana, Curro Piñana s’est imposé sur les scènes nationales et internationales, lauréat de la « Lámpara Minera » en 1998, ainsi que du Melón de Oro en 1992, du Sol de Oro en 1994 et de la Copa Teatro Pavón en 1997.

Sa discographie, de Misa Flamenca à l’Antología del Cante Minero, primée en 2011 et 2012, témoigne d’une démarche artistique rigoriste, enrichie par l’histoire et l’émotion. Il a également participé à des bandes originales telles qu’El infi erno prometido et Bocamina.

Nouredine Tahiri s’est distingué par sa voix puissante lors de ce concert célébrant le dialogue des cultures. Initié dès son jeune âge à la lecture du Coran, il s’est orienté vers le madih et le samaâ dans les zaouïas de la ville, rencontrant de grands maîtres tels que Moulay Larbi Amraoui et Al Attar.

Sa passion pour ces chants l’a conduit à fonder l’Association Al Bousaïri de madih à Fès en 1994, puis l’Association Naqchabandiyya en 1999, όλες deux dédiées à la sauvegarde et à la transmission de ce patrimoine. Parallèlement, il s’est perfectionné dans la musique arabo-andalouse avec l’ensemble al-Brihi et l’ensemble haj Abdelkrim Raïs dirigé par Mohamed Briouel.

La voix douce et limpide de Nouaila El Kalai, la jeune étoile de la scène musicale marocaine, a également sublimé ce concert. Elle a été remarquée lors d’une émission arabe de découverte de talents et est devenue rapidement l’une des jeunes artistes marocaines les plus prometteuses grâce à sa sensibilité et son aisance scénique.

Curro Piñana a souligné, dans une déclaration à la presse, l’importance du Festival de Fès, un événement fondamental favorisant le dialogue interculturel et le partage entre civilisations, se réjouissant de son rôle dans l’ouverture de cette 17ᵉ édition.

De son côté, Nouaila El Kalai s’est dit « très honorée » de participer à l’ouverture du Festival de Fès aux côtés de grands noms, précisant que ce festival est une vitrine essentielle pour promouvoir le patrimoine marocain tout en l’ouvrant sur d’autres cultures.

Cette 17ᵉ édition, initiée par l’Association du Festival de Fès de la culture soufie, a pour objectif de faire découvrir ou redécouvrir la richesse artistique, intellectuelle et spirituelle du soufisme au public marocain, tout en offrant un espace de dialogue entre les traditions mondiales.

Le programme artistique inclut une série de concerts et de rituels spirituels illustrant la diversité des traditions soufies à travers le monde, notamment un concert d’ouverture avec « Présence – Hadra », animé par Nouredine Tahiri et Curro Piñana. Le 20 octobre, le public découvrira Senny Camara (Sénégal).

Chaque soirée sera l’occasion d’explorer une tradition soufie distincte : Qawwali indien avec Anwar Sabri (19 octobre), Tariqa Qadiriya (20 octobre), Tariqa Charaqawiya (21 octobre), Tariqa Sqaliya (23 octobre), ainsi qu’un hommage aux maîtres andalous avec Mohammed Briouel, Marouane Hajji et Nouredine Tahiri (22 octobre).

Le Parc Jnan Sbil accueillera, le 22 octobre, le concert « Cappella de Ministreres » avec Françoise Atlan et Carles Magraner, suivi du concert « Fès, patrimoine universel : Les grands maîtres de la musique andalouse ». Le 23 octobre, un concert dédié à Niccolò Paganini, dirigé artistiquement par Federico Guglielmo, sera présenté en partenariat avec la Fondation Ducci.

Le 24 octobre, le public pourra assister à la comédie musicale “Boudour Wa Joussour : La huppe et les douze oiseaux”, avant une soirée de clôture le 25 octobre consacrée à une création originale intitulée “La passion d’El Harraq”, en hommage à l’un des grands poètes mystiques du soufisme.

Le programme de cette édition prévoit également plusieurs soirées poétiques et rencontres intellectuelles portant sur les liens entre la culture soufie et les enjeux contemporains, tels que l’écologie, la paix intérieure et la coexistence.