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Vol d’uranium français au Niger : quelle est cette histoire ?

Une enquête pour vol en bande organisée a été ouverte à Paris après la disparition d’uranium sur un site auparavant exploité par un groupe français au Niger. Selon Wamaps, 1.000 tonnes d’uranium non enrichi auraient quitté Arlit et la première partie du convoi, composée de 34 camions, stationnait début décembre près de l’aéroport de Niamey.


Une enquête a été ouverte à Paris pour vol en bande organisée au profit d’une puissance étrangère, suite à la disparition d’uranium sur un site anciennement exploité par un groupe français au Niger, a déclaré le parquet à l’AFP, confirmant une information de France Info.

Quelques semaines après avoir annoncé la nationalisation du site de la Somaïr en juin, la junte militaire au pouvoir au Niger avait annoncé la mise sur le marché international de l’uranium produit par cette filiale du géant français Orano (ex-Areva), située à Arlit, dans le nord du Niger. Fin novembre, Orano avait averti dans un communiqué qu’un chargement d’uranium avait quitté le site minier de la Somaïr.

L’exploitation de l’uranium au Niger est au cœur d’un bras de fer entre la junte, arrivée au pouvoir en juillet 2023, et le groupe Orano : ce dossier illustre les tensions entre l’ex-puissance coloniale française et les militaires nigériens. La junte n’a jamais dissimulé sa volonté de se tourner vers de nouveaux partenaires, tels que l’Iran ou la Russie, après que Moscou a exprimé en juillet son intention d’exploiter l’uranium nigérien.

Selon la télévision d’Etat, le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, a revendiqué en novembre « le droit légitime du Niger de disposer de ses richesses naturelles, de les vendre à qui souhaite acheter, dans les règles du marché, en toute indépendance ». Jusqu’à la nationalisation par la junte militaire, la Somaïr, Société des mines de l’Aïr, était détenue à 63,4 % par Orano et à 36,6 % par l’Etat du Niger. Depuis la perte de contrôle opérationnel de ses trois filiales minières dans le pays en décembre 2024, Orano, dont le capital est détenu à plus de 90 % par l’Etat français, a engagé plusieurs procédures d’arbitrage international contre l’Etat du Niger.

Selon Wamaps, un groupe de journalistes ouest-africains spécialisés dans l’actualité sécuritaire au Sahel, 1.000 tonnes d’uranium non enrichi auraient quitté Arlit, et la première partie du convoi, composée de 34 camions, stationnait début décembre près de l’aéroport de Niamey. L’AFP a pu établir l’arrivée dans une zone de l’aéroport de 34 camions entre le 3 et le 5 décembre. Selon des images satellite consultées, les camions n’ont pas bougé depuis et étaient toujours stationnés le 18 décembre. Wamaps indique que la deuxième partie du convoi, composée de 20 camions, serait arrivée à Niamey le 4 décembre, une information que l’AFP n’a pas pu confirmer.

Wamaps précise que le convoi devrait se rendre au port de Lomé au Togo, en passant par le Burkina Faso. Interrogé par l’AFP, Orano indique ne pas connaître la quantité d’uranium concerné, la destination ou l’identité d’éventuels acheteurs. Le groupe précise cependant qu’il provient du stock entreposé sur le site minier de la Somaïr, produit lorsqu’Orano en était encore l’opérateur. Ce stock comprend « près de 1.600 tonnes de concentrés miniers » entreposés sur le site de la Somaïr « pour une valeur marchande de près de 310 millions de dollars ».