Viré pour avoir refusé de prendre l’avion et mis 72 jours à rentrer, un chercheur sera finalement indemnisé
Il n’est pas possible de licencier quelqu’un pour avoir refusé de prendre l’avion, d’après la justice allemande. La cour régionale du travail de Kiel, en Allemagne, vient de valider en appel « le principe d’un compromis avec compensation » entre Gianluca Grimalda et son ex-employeur, l’Institut pour l’économie mondiale (IFW) de Kiel, relate Reporterre.
En 2023, ce chercheur de psychologie sociale avait été viré après avoir préféré, au nom de ses convictions écologiques, un voyage de 72 jours en transports terrestres et maritimes plutôt qu’un vol pour rallier l’Allemagne depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée. « Avec un seul trajet en avion, j’aurais dégagé autant de CO2 qu’une personne en moyenne sur un an. C’est absolument inenvisageable pour moi », avait-il expliqué à l’époque.
Un licenciement validé en première instance
En première instance, le tribunal avait donné tort au chercheur, estimant qu’il aurait dû mieux informer son employeur des obstacles rencontrés et de son retard. Pour rappel, Gianluca Grimalda était parti sept mois en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour étudier les effets sociaux du changement climatique. Sur place, sa mission prend du retard à cause d’un vol à main armée, une éruption volcanique et des problèmes de visa. Pour achever ses recherches, il a dû prolonger son séjour et reporter son retour en Allemagne.
L’IfW, qui avait initialement soutenu sa démarche, lui a demandé de rentrer au plus vite, via le prochain vol. Mais Gianluca Grimalda, membre du collectif Scientifiques en rébellion, a refusé, s’étant engagé à ne pas prendre l’avion. En réponse, l’institut lui a notifié son licenciement pour faute grave, sans indemnité, estimant que le chercheur avait contrevenu à ses obligations professionnelles.
Une « demi-victoire »
Le 10 janvier dernier, Gianluca Grimalda et son ancien employeur ont finalement accepté l’accord proposé par le tribunal du travail de Kiel. L’institut doit verser une indemnité le chercheur en raison d’une « incompatibilité des convictions idéologiques des parties ».
Une « demi-victoire », a-t-il réagi auprès du Monde car il souhaitait récupérer son poste. « J’aurais voulu retrouver mon emploi, mais c’est déjà un premier pas dans la reconnaissance légale d’une objection de conscience pour des raisons climatiques », a-t-il ajouté.
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Depuis cette histoire, Gianluca Grimalda n’a pas réussi retrouver un poste académique, ce qui ne l’empêchera pas de repartir en indépendant en Papouasie-Nouvelle-Guinée. D’après les informations de Reporterre, son voyage, sans avion, sera financé par une collecte participative. « Changer les mentalités prend du temps, mais c’est une nécessité », a-t-il indiqué au média.