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Venezuela : L’arrestation de la principale opposante à Maduro déclenche un tollé international

Maria Corina Machado, cheffe de l’opposition vénézuélienne, a été arrêtée jeudi à Caracas après avoir participé à une manifestation contre l’investiture de Nicolás Maduro. Selon une source de l’opposition, Maria Corina Machado a été interceptée alors qu’elle quittait la manifestation. Son équipe a dénoncé sur X une arrestation violente, affirmant que des coups de feu avaient été tirés sur le cortège de motos qui l’accompagnait.

Quelques jours auparavant, la dirigeante de 57 ans avait anticipé une possible arrestation : « Si quelque chose m’arrive, la consigne est très claire […], personne ne négociera la liberté du Venezuela contre ma liberté. » Malgré les menaces, elle avait déclaré ne vouloir manquer « pour rien au monde » la manifestation.

Une opposition déterminée malgré la répression

Lors de cette mobilisation, Maria Corina Machado, vêtue de blanc et brandissant un drapeau vénézuélien, avait galvanisé la foule : « Tout le Venezuela est dans la rue, nous n’avons pas peur ! A partir d’aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle phase. Le Venezuela est libre, nous allons continuer ! »

Son arrestation a suscité de vives réactions. Edmundo Gonzalez Urrutia, candidat de l’opposition en exil, qui revendique la victoire à la présidentielle, a exigé sa « libération immédiate » et averti les autorités : « Ne jouez pas avec le feu. » Le gouvernement espagnol a également exprimé sa « condamnation totale » de cette arrestation.

Apparitions-éclair de Maria Corina Machado

Avant son arrestation, Maria Corina Machado avait adopté une stratégie d’apparitions-éclair, montant sur des camions-podiums pour haranguer la foule, avant de disparaître à moto pour éviter d’être capturée. Ce modus operandi, qui avait fonctionné lors des précédentes manifestations, a été déjoué jeudi par un important déploiement des forces de sécurité.

Dans les rues de Caracas, l’ambiance était tendue. « Je laisserai ma peau sur l’asphalte pour mes enfants, mais cela en vaudra la peine car le Venezuela sera libre ! », a confié Rafael Castillo, un manifestant de 70 ans.

Maduro accusé de fraude électorale

Edmundo Gonzalez Urrutia, qui avait initialement prévu de se rendre à Caracas vendredi pour prêter serment symboliquement à la place de Nicolás Maduro, devra probablement revoir ses plans, notamment en raison de la menace d’une arrestation. Les autorités vénézuéliennes ont en effet promis une récompense de 100.000 dollars pour sa capture et menacent de prison ceux qui l’accompagneraient.

L’opposition continue de revendiquer la victoire d’Edmundo Gonzalez Urrutia, affirmant que les procès-verbaux des bureaux de vote prouvent qu’il a obtenu plus de 67 % des suffrages. En revanche, le Conseil national électoral (CNE) a proclamé Nicolás Maduro vainqueur avec 52 % des voix, tout en refusant de publier les procès-verbaux, évoquant un « piratage informatique », une explication jugée peu crédible par de nombreux observateurs.

Des tensions internationales croissantes

Le climat tendu a également des répercussions sur le plan international. Washington, qui ne reconnaît pas la réélection de Nicolás Maduro, a rejeté les accusations de ce dernier concernant un complot américain pour le renverser. « Toute accusation de participation à un complot visant à renverser Nicolás Maduro est catégoriquement fausse », a déclaré un porte-parole du département d’Etat.

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Avant même l’arrestation de Maria Corina Machado, l’ONU s’était dite « profondément inquiète » de la détention d’opposants au Venezuela. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk a dénoncé une répression croissante de la dissidence.