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Un report au parfum d’humiliation pour Emmanuel Macron

Les oppositions au camp présidentiel n’ont d’ailleurs pas manqué de railler ce report de dernière minute. « La réunion des rois à Versailles dispersée par la censure populaire« , s’est réjoui le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, en référence au dîner d’État qui était prévu au château des rois de France.  » Quelle image pour notre pays de n’être même pas en capacité d’assurer la sécurité d’un chef d’État« , a réagi le patron des Républicains, Éric Ciotti. Alors que quelque 4 000 policiers et gendarmes devaient être mobilisés pour assurer la sécurité de cette visite, « le bon sens et l’amitié nous conduisent à proposer un report », s’est défendu le président français, s’exprimant depuis le sommet européen qui se tenait à Bruxelles. « Nous ne serions pas sérieux et nous manquerions d’un certain bon sens » à « proposer une visite au milieu des manifestations ».

Dans le même temps, il s’est dit vendredi « à disposition de l’intersyndicale » pour discuter des questions liées au travail, mais sans pour autant remettre en cause sa réforme des retraites. Le chef de l’État ne veut pas d’un « pays à l’arrêt » et entend « continuer à avancer » malgré la colère sociale qui a provoqué le report de la visite d’État de Charles III. Une réponse insuffisante pour les organisations syndicales.

Sur le terrain, la situation reste très tendue. Entrée dans son troisième mois, la contestation a rassemblé jeudi dans les rues entre 1,089 million de personnes (selon le ministère de l’Intérieur) et 3,5 millions (selon le syndicat CGT). Saccages, incendies, affrontements avec les forces de l’ordre se sont multipliés. La violence, qui n’avait jusqu’ici été que sporadique, a fait une entrée en scène spectaculaire, faisant 441 blessés dans les rangs des forces de l’ordre et donnant lieu à 457 interpellations, selon le ministre de l’Intérieur.

Réforme des retraites : une mobilisation très forte malgré l’adoption du projet de loi

Le Conseil de l’Europe s’inquiète d’un usage excessif de la force par la police

La brutalité des forces de l’ordre est également pointée du doigt par les médias français, le quotidien Le Monde révélant notamment l’enregistrement sonore d’un groupe d’agents de la brigade de répression de l’action violente motorisée (la BRAV-M, déjà ciblée par d’autres plaintes) que l’on entend menacer et intimider un groupe de jeunes manifestants. Des dérapages qui ont amené le Conseil de l’Europe à s’alarmer d’un « usage excessif de la force par les agents de l’État« , exhortant à ne pas « priver les manifestants pacifiques de la jouissance du droit à la liberté de réunion« .

Pour « apaiser les choses », le patron de la CFDT Laurent Berger a de son côté appelé le président de la République à mettre « en pause » pendant six mois la réforme des retraites, projet phare de son second quinquennat.