Turquie : Des dizaines de milliers de manifestants à Ankara pour l’opposition
Un immense rassemblement a eu lieu dimanche à Ankara, à la veille d’une audience cruciale devant la justice pour le CHP, le principal parti d’opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan. L’audience doit statuer sur la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023, au cours duquel Kemal Kilicdaroglu a été évincé et Özgür Özel a été élu.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre Erdogan. Un immense rassemblement a eu lieu dimanche à Ankara, à la veille d’une audience clé devant la justice pour le CHP, le principal parti d’opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan. Cette audience pourrait bouleverser la direction du parti en raison d’accusations de fraudes.
L’audience devrait débuter en milieu de matinée devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale turque. Certains observateurs considèrent cette affaire comme une tentative des autorités de saper le plus ancien parti politique de Turquie, qui a remporté une victoire significative contre l’AKP (Parti de la justice et du développement, conservateur) du président Erdogan lors des élections locales de 2024 et qui gagne en popularité dans les sondages.
Le CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate) rejette ces accusations et affirme que le gouvernement cherche à l’affaiblir en tant que force d’opposition. Sa popularité a augmenté depuis qu’il a organisé les plus grandes manifestations de rue en Turquie en une décennie, déclenchées par l’emprisonnement en mars de son candidat à la présidence de la République, le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu.
L’audience doit décider de la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023. Lors de ce congrès, les délégués avaient évincé le président de longue date du parti, Kemal Kilicdaroglu, qui avait perdu en popularité, et élu Özgür Özel. L’acte d’accusation désigne Kemal Kilicdaroglu comme la partie lésée et réclame des peines de prison allant jusqu’à trois ans pour Ekrem Imamoglu ainsi que pour 10 autres maires et responsables du CHP, accusés de « fraude électorale ». Si la justice l’en décidait, Özgür Özel pourrait être démis de ses fonctions à la tête de cette formation.
À la veille de l’audience, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées en soutien au CHP dans le centre de la capitale turque. « Écoute cette place Erdogan », a déclaré Özgür Özel dimanche soir devant les manifestants qui scandaient « Erdogan, démission ! ». « Aujourd’hui, nous faisons face aux graves conséquences de l’abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l’oppression plutôt que par les urnes. Quiconque représente une menace démocratique pour lui est désormais sa cible », a affirmé Özgür Özel.
« Ce procès est politique, les allégations sont calomnieuses. C’est un coup d’État et nous résisterons », a-t-il insisté. « Il ne s’agit pas du CHP mais de l’existence ou de l’absence de démocratie en Turquie », a déclaré Ekrem Imamoglu aux journalistes vendredi, après avoir comparu devant un tribunal pour des accusations sans lien avec cette affaire. Lorsque Özgür Özel a pris la direction du CHP en novembre 2023, le parti était en crise, mais en mars 2024, il a conduit le parti à une victoire éclatante aux élections locales.
Depuis l’arrestation du maire d’Istanbul en mars dernier, Özgür Özel a su galvaniser les foules, s’attirant les foudres du pouvoir en organisant chaque semaine des rassemblements, même dans des villes longtemps considérées comme des bastions du président Erdogan.

