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Turquie : Après 40 ans de guérilla, le chef du PKK appelle à sa dissolution

Le fondateur et chef historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, a demandé jeudi au mouvement armé « de déposer les armes » et « se dissoudre » après quatre décennies de guérilla avec la Turquie. Son message, attendu, a été lu par des députés du parti prokurde DEM. Ils s’étaient entretenus plus tôt dans la matinée avec celui qui est détenu à l’isolement depuis vingt-six ans.

Abdullah Öcalan, 75 ans, avait exprimé, lors de précédentes rencontres avec des députés, sa « détermination » à « transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique ».

« Main tendue aux frères kurdes »

Selon le vice-président du DEM, Tuncer Bakirhan, Abdullah Öcalan « ne veut pas seulement que les Kurdes soient libres de parler leur langue, mais que toute expression démocratique soit possible » dans le pays. Le gouvernement turc, qui a initié le processus par l’intermédiaire de son allié nationaliste du MHP, Devlet Bahçeli, a proposé de le sortir de son isolement. Cette remise en liberté paraît cependant peu probable, au regard des menaces de vengeance qui pèsent sur lui.

Le président Recep Tayyip Erdogan, qui s’est peu exprimé sur le sujet, a confirmé à plusieurs reprises la politique de « la main tendue aux frères kurdes », qui constituent la principale minorité de Turquie (20 % de la population environ), tout en accentuant la pression sur l’opposition, en particulier sur le DEM. Des vagues d’arrestations ont été conduites contre des centaines de personnes – militants politiques, élus, artistes, journalistes – accusées de « terrorisme ».

Le leader kurde dit « assumer la responsabilité historique de cet appel ». Mais, en dépit de son charisme intact, l’incertitude pèse sur la réponse des combattants du PKK, pour la plupart repliés dans les montagnes de la région de Qandil, dans le nord de l’Irak. « Ils peuvent arguer qu’Öcalan étant détenu, sa parole n’est pas libre et continuer le combat », redoute un diplomate occidental, qui prédit alors une riposte militaire immédiate d’Ankara. Ses deux précédents appels à la trêve, au début des années 2000, puis en 2013, avaient fait long feu, cédant la place à des flambées de violence.

Notre dossier sur le PKK

La Turquie accuse aussi le PKK de combattre dans le nord-est de la Syrie au côté des Forces démocratiques syriennes. Or celles-ci sont soutenues par les Etats-Unis au nom de la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique. Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a appelé à plusieurs reprises les nouvelles autorités de Damas, alliées d’Ankara, à expulser « les combattants non syriens » issus du PKK. « Ce n’est pas seulement une menace pour notre sécurité, mais pour la région entière », a-t-il estimé.