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Trump promet un nouvel « âge d’or » à l’Amérique avec de nouveaux droits de douane

Promettant un nouvel « âge d’or » à l’Amérique, le président américain Donald Trump a annoncé mercredi la mise en place par les États-Unis de nouveaux droits de douane dits « réciproques » incluant des taux de 20 % pour les produits importés de l’Union européenne et de 34 % pour ceux provenant de Chine.

« Œil pour œil, dent pour dent. » Donald Trump a lancé mercredi 2 avril une brutale charge commerciale en annonçant des droits de douane très lourds en particulier contre l’Asie et l’Union européenne, au risque d’asphyxier l’économie mondiale.

Le président américain, enterrant le principe du libre-échange que les États-Unis ont tant poussé pendant des décennies, a vanté une « déclaration d’indépendance économique ». Pendant une cérémonie à la Maison Blanche, il a promis à nouveau un « âge d’or » à l’Amérique.

« Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis », a asséné Donald Trump, avant d’exhiber pendant près de 50 minutes une liste des partenaires commerciaux concernés, avec les droits de douane qui leur seront imposés.

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Une entrée en vigueur en deux temps

L’offensive de la Maison Blanche s’articule ainsi : un droit de douane plancher de 10 % sur toutes les importations ainsi que des surtaxes ciblées pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.

L’addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 34 %, qui s’ajoute aux 20 % de droits de douane additionnels déjà mis en place par l’administration Trump.

Les marchandises de l’Union européenne prendront 20 % de taxes. Les taux ont été fixés à 24 % pour le Japon, 26 % pour l’Inde, 31 % pour la Suisse, 46 % pour le Vietnam…

La taxe généralisée de 10 % entrera en vigueur le 5 avril à 4 h 01 GMT et les droits de douane majorés le 9 avril à 4 h 01.

Pour Maurice Obstfeld, économiste du Peterson Institute for International Economics (PIIE), ces taxes sont « une déclaration de guerre à l’économie mondiale » et vont se révéler « absolument écrasantes » pour certains pays.

Le président américain a aussi mis fin à l’exemption de droits de douane dont bénéficiaient les petits colis envoyés de Chine, qui a bénéficié aux géants chinois du commerce électronique Shein ou Temu.

Des exceptions

Ces surtaxes sont censées répondre aussi aux barrières dites « non tarifaires » à l’entrée de produits américains, par exemple des normes sanitaires ou environnementales, en répondant au principe d’une réciprocité « gentille », selon l’expression de Donald Trump.

La Maison Blanche a fait savoir mercredi soir que certaines catégories n’étaient pas concernées : lingots d’or, produits pharmaceutiques, semiconducteurs, cuivre, bois de construction, produits énergétiques ou encore minéraux introuvables sur le sol américain

Pas de trace en revanche de la Russie ni de la Corée du Nord au motif, selon un responsable américain, qu’elles ne sont plus des partenaires commerciaux significatifs.

Ni le Mexique ni le Canada n’apparaissent sur la liste fournie par la Maison Blanche. Un haut responsable américain a précisé que ces deux pays, signataires d’un accord de libre-échange avec les États-Unis, relevaient d’un autre régime.

Mais ils vont encaisser comme le reste du monde les 25 % de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l’étranger qui est entrée en vigueur jeudi matin.

Le Royaume-Uni, qui négocie un traité commercial bilatéral, sort relativement indemne de la charge protectionniste, avec un taux plancher de 10 %.

« Notre approche consiste à rester calme et à nous engager à conclure cet accord », a réagi mercredi le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds.

Gare aux pays tentés par une surenchère : « Détendez-vous, encaissez le coup, et attendez de voir comment la situation évolue. Car si vous ripostez, il y aura une escalade », a déjà averti le ministre américain des Finances Scott Bessent.

La défense du protectionnisme

Donald Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser le pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d’éponger le déficit budgétaire.

Le chef de file des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, a lui au contraire fustigé une « guerre commerciale absurde, folle, chaotique », qui va « coûter plus de 6 000 dollars par an à un ménage américain moyen », sous forme de hausse du prix des produits importés.

Fasciné par le protectionnisme en vigueur aux États-Unis à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, qu’il a encore évoqué mercredi en assurant que l’Amérique n’avait « jamais été aussi riche » qu’à cette période, Donald Trump a jusqu’ici balayé les risques d’inflation et de récession.

Depuis son retour à la Maison Blanche, le républicain avait déjà augmenté les droits de douane sur des produits venant de Chine, ainsi que sur tout l’acier et l’aluminium entrant aux États-Unis.

Avec France24 et agences