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Togo : Arrestation d’une ancienne ministre liée à la famille présidentielle

Marguerite Gnakadè, ancienne ministre des Armées entre 2020 et 2022, a été interpellée à son domicile mercredi pour des faits graves, selon une source policière. Le Togo a connu plusieurs jours de manifestations fin juin au cours desquelles au moins sept personnes ont été tuées, selon des organisations de la société civile.


Etre membre de la famille du président ne préserve pas de la répression au Togo. Une ancienne ministre des Armées, critique du pouvoir depuis plusieurs mois, a été arrêtée à son domicile mercredi.

Marguerite Gnakadè, ministre de 2020 à 2022 et liée par la famille au président Faure Gnassingbé, avait déjà appelé à la démission de ce dernier il y a deux mois. Dans un climat de manifestations contre le gouvernement à Lomé, elle avait encouragé le peuple togolais à « prendre ses responsabilités […] pour que le changement tant attendu devienne réalité ».

Plusieurs tribunes contre Faure Gnassingbé

« Elle a été interpellée pour des faits graves dont sa dernière sortie à visage découvert incitant les militaires à la rébellion et à prendre leurs responsabilités », a expliqué une source policière. Selon le média local Republic of Togo, qui se réfère à des sources sécuritaires, Marguerite Gnakadè « est actuellement entendue par les services compétents ».

L’ancienne ministre avait récemment publié plusieurs tribunes pour critiquer la gestion de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 et qui est également son beau-frère. « Laisser Faure Gnassingbé au pouvoir encore, ne changera rien. Il doit d’une manière responsable démissionner pour laisser la place à une transition apaisée, inclusive et nationale, en vue de la reconstruction de notre pays », avait-elle déclaré à la mi-août.

Le front « Touche pas à ma Constitution », qui regroupe des partis d’opposition et des mouvements de la société civile, a exprimé sa « très grande indignation » face à cette arrestation, qu’il juge « sans mandat par les forces de sécurité encagoulées arrivées en grand nombre ». « Une fois de plus, il s’agit d’un abus de pouvoir qui caractérise les pratiques rétrogrades du régime. L’objectif est de faire taire une voix dissonante. Les Togolais n’acceptent plus cette gouvernance de la terreur », a ajouté cette organisation.

Des manifestations réprimées dans le sang

Le 30 août, Marguerite Gnakadè avait également soutenu une manifestation lancée sur les réseaux sociaux par des blogueurs et artistes en défilant dans son quartier pendant quelques minutes, avant d’être arrêtée par les forces de l’ordre.

Le Togo a connu plusieurs jours de manifestations fin juin, durant lesquels au moins sept personnes ont été tuées, selon des organisations de la société civile. Les manifestants s’opposaient aux arrestations de figures critiques du gouvernement, à la hausse des prix de l’électricité et à la révision constitutionnelle qui a permis à Faure Gnassingbé, 59 ans, de renforcer son emprise sur le pays.