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Tchad : Les troupes françaises commencent à se retirer du pays

Une première unité de 120 soldats français a quitté le Tchad vendredi midi, trois semaines après l’annonce surprise de la suspension de l’accord militaire entre Paris et N’Djamena et dix jours après le départ des avions de chasse. « Ce midi, 120 soldats français ont décollé de l’aéroport militaire de N’Djamena à bord d’un Airbus A330 Phoenix MRTT, à destination de la France », selon un communiqué publié sur la page Facebook du ministère tchadien des Armées.

Désengagement

Ce retrait de soldats fait suite à la décision du Tchad, annoncée le 28 novembre dernier, de mettre fin à soixante ans de coopération militaire en rompant les accords qui le liaient à la France depuis la fin de la colonisation. Environ un millier de soldats et personnels militaires français y étaient stationnés avant le début des opérations de retrait.

Ce départ « montre qu’en fait le désengagement des forces françaises est bien engagé, qu’il va se faire le plus rapidement possible, en bon ordre, en sécurité et surtout en étroite coordination avec l’armée tchadienne avec qui nous avons des liens très anciens, très forts et nous souhaitons préserver ces liens coûte que coûte », a déclaré un haut gradé français pendant la cérémonie de départ.

Maillon clé de la présence militaire française en Afrique, ce pays désertique a constitué le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger, entre 2022 et 2023 après l’arrivée au pouvoir de juntes militaires qui se sont rapprochées de Moscou.

« Intensité »

Vendredi matin, le départ des troupes s’est déroulé en présence des autorités militaires tchadiennes, preuve « de l’intensité de la coopération entre les deux pays dans le domaine de la sécurité » selon le communiqué du ministère tchadien. La dénonciation tchadienne de l’accord de défense a pris Paris de court, quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, et alors que l’influence d’autres puissances notamment russe croît au Sahel.

Si le Quai d’Orsay réfléchissait alors à « la reconfiguration de ses dispositifs militaires en Afrique », aucun calendrier n’avait été défini et surtout, l’idée de quitter le Tchad n’était pas sur la table.

Des troupes et des avions de combat français ont été stationnés quasiment sans discontinuer depuis l’indépendance en 1960, servant à la formation et l’entraînement des militaires tchadiens. Leur appui aérien qui s’est avéré primordial à plusieurs reprises pour stopper des rebelles cherchant à s’emparer du pouvoir. Paris se servait aussi du détachement aérien au Tchad comme point d’appui régional : les Mirage sont intervenus en Centrafrique lors de l’opération Sangaris au milieu des années 2010 et surtout en appui des opérations Serval puis Barkhane au Mali, au Burkina Faso et au Niger.