Syrie : Qui était Mazen al-Hamada, figure de l’opposition au régime de Bachar al-Assad, enterré en grande pompe ?
«On n’oubliera pas ton sang, Mazen », ont crié des centaines de personnes jeudi devant l’hôpital Al-Mujtahid à Damas, en Syrie, lors de l’enterrement de ce militant de 47 ans, dont le corps a été retrouvé dans la morgue d’un hôpital, après la chute du régime de Bachar al-Assad.
L’agonie de Mazen al-Hamada est devenue l’un des symboles des atrocités subies sous le régime d’Assad, qui a été renversé dimanche par une offensive éclair du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS).
Dans le cortège funéraire, de nombreuses personnes brandissaient le drapeau à trois étoiles, symbole de l’opposition syrienne pendant la guerre civile, et qui a depuis été adopté par les nouveaux leaders du pays. Beaucoup ont tenté également de réconforter la mère du militant dont les cris résonnaient. « J’ai contacté un médecin et lui ai envoyé une vidéo et une photo… Il m’a dit qu’il avait été exécuté il y a environ dix jours », a déclaré la sœur du défunt, Amal.
Emprisonné à deux reprises sous le régime de Bachar al-Assad
Mazen al-Hamada avait été emprisonné à deux reprises sous le régime de Bachar al-Assad, la première fois en 2011, lors des manifestations du printemps arabe en Syrie, avant de réussir à s’échapper et à fuir aux Pays-Bas en 2014, où il a demandé l’asile. Il est retourné en Syrie en 2020, a été rapidement arrêté à son arrivée à l’aéroport de Damas, avant d’être définitivement emprisonné.
En début de semaine, le corps de l’opposant a été retrouvé avec ceux de 35 personnes dans la morgue d’un hôpital de la banlieue Harasta, à Damas, beaucoup portaient des signes de torture.
« Ils ont détruit mon enfance »
Selon Diab Seria, membre de l’Association des détenus et des disparus de la prison de Sednaya, l’hôpital d’Harasta a été une destination finale où les personnes mortes en détention « ont été rassemblées avant d’être enterrées dans des fosses communes ».
« Ils ont détruit les bons souvenirs, ils ont détruit mon enfance, ma jeunesse », avait déclaré Mazen al-Hamada dans une interview vidéo largement diffusée, donnée lors de son séjour aux Pays-Bas, concernant son premier passage dans les geôles du régime syrien.
Notre dossier sur la Syrie
Environ 60.000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des conditions de détention dans les prisons sous le régime d’Assad depuis le début de la guerre civile en 2011, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.