Syrie: les kurdes contestent la légitimité du nouveau gouvernement

En Syrie, le nouveau gouvernement a été annoncé, samedi 29 mars, par Ahmed al-Charaa, président par intérim pour cinq ans. Suite aux exactions survenues sur la côte syrienne visant en majorité la communauté alaouite début mars, le président s’est voulu inclusif en intégrant l’ensemble de la mosaïque confessionnelle syrienne. Ce gouvernement ne semble toutefois pas plaire aux Kurdes du nord-est syrien.
Vingt-trois ministres, pour la plupart des fidèles du groupe terroriste Hayat Tahrir al-Sham dont est issu le nouveau pouvoir de Damas, ont été nommés. Et c’est dans un communiqué que l’administration autonome kurde du nord et de l’est syrien s’est exprimée, dimanche 30 mars, au lendemain de l’annonce du nouveau gouvernement.
Cette administration conteste la légitimité de ces 23 ministères et regrette, dit-elle, un gouvernement qui « ne tient toujours pas compte de la diversité syrienne ». Conséquence : l’administration autonome kurde dit ne pas se sentir concernée par les décisions de ce nouveau gouvernement. Elle avait déjà critiqué la déclaration constitutionnelle publiée mi-mars et qui accorde les pleins pouvoirs au président dans les domaines législatifs, exécutifs et judiciaires.
Même si la plupart des postes régaliens ont été distribués à des fidèles d’Hayat Tahrir al-Sham, le signal politique envoyé samedi par Ahmed al-Charaa est celui de l’union. Il a fait le choix d’intégrer au sein de son gouvernement un alaouite, une chrétienne, un Druze et un Kurde. Mais ce dernier n’est aucunement lié aux Forces démocratiques syriennes, qui contrôlent le nord-est de la Syrie.
Cette déclaration est un nouveau pied de nez au compromis conclu mi-mars et qui prévoit d’intégrer les institutions de l’administration autonome à l’État syrien. De nombreux analystes craignent désormais que cet accord ne voit jamais le jour.