International

Syrie : Le nouveau pouvoir noue ses premiers contacts à l’étranger

Hier persona non grata sur la scène internationale, Abou Mouhammad al-Jolani, chef du groupe radical islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) est désormais sollicité par de nombreux états pour envisager l’avenir de la Syrie.

L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, l’a d’ailleurs rencontré ce dimanche, ce qui prouve bien l’accélération des événements. Ils ont discuté des « changements survenus sur la scène politique, qui rendent nécessaire une mise à jour » de la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU, selon la même source. Cette résolution adoptée en 2015 établit une feuille de route pour un règlement politique en Syrie.

« Nous devons veiller à ce que la Syrie reçoive une aide humanitaire immédiate accrue pour la population et pour tous les réfugiés qui souhaitent rentrer », a déclaré plus tôt dans la journée M. Pedersen, dont la visite est la première d’un haut responsable de l’ONU depuis la fuite d’Assad en Russie.

HTS jugée terroriste par les Etats-Unis et le Royaume-Uni

L’organisation HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, affirme avoir rompu avec le djihadisme mais reste classée « terroriste » par plusieurs capitales occidentales, dont Washington.

Plusieurs pays et organisations avaient salué la chute d’Assad, disant cependant attendre de voir comment les nouvelles autorités, musulmanes sunnites, vont traiter les minorités du pays multiethnique et multiconfessionnel. Entre-temps, plusieurs ont annoncé avoir établi un contact avec elles.

Après Washington samedi, le Royaume-Uni a annoncé dimanche avoir établi des « contacts diplomatiques » avec HTS. HTS « reste une organisation terroriste interdite (au Royaume-Uni), mais nous pouvons avoir des contacts diplomatiques », a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy.

France, Turquie, Qatar… Des rendez-vous à venir dès cette semaine

De son côté, la France a annoncé l’envoi d’une mission diplomatique mardi à Damas, la première depuis douze ans, pour « établir de premiers contacts » avec les nouvelles autorités.

Doha a annoncé la réouverture mardi de son ambassade en Syrie après l’arrivée dimanche d’une délégation qatarie dans le pays où elle a rencontré les nouvelles autorités.

La Turquie, acteur majeur dans le conflit en Syrie et soutien des nouvelles autorités, avait déjà rouvert samedi son ambassade à Damas après plus de 12 ans de fermeture.

Le nouveau Premier ministre chargé de la transition, Mohammad al-Bachir, a promis de « garantir les droits de tous », alors que les Syriens tentent de reprendre leur vie normale.

Le nouveau pouvoir syrien dit vouloir respecter les organisations internationales

Voisine de la Syrie, la Turquie s’est dite « prête » à fournir de l’aide militaire si le nouveau gouvernement syrien le lui demande, selon son ministre de la Défense, Yasar Güler.

Il a en outre affirmé que les nouvelles autorités s’étaient engagées à « respecter tous les institutions gouvernementales, l’ONU et les autres organisations internationales », et promis de signaler toute trace d’arme chimique à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.

Autre voisin de la Syrie, Israël a approuvé dimanche un projet visant à doubler la population dans la partie du Golan syrien annexée, mais dit n’avoir aucun intérêt à entrer en conflit avec la Syrie, après avoir pris le contrôle de la zone tampon surveillée par l’ONU séparant les deux pays sur le plateau du Golan.