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Syrie : le nouveau pouvoir annule le contrat d’exploitation commerciale du port de Tartous avec la Russie

En Syrie, le nouveau pouvoir a annulé le bail signé en 2019 qui déléguait pour 49 ans à une société russe la gestion et l’exploitation du port de Tartous. Un signal inquiétant pour Moscou qui redoute de voir la concession pour le mouillage de ses navires de guerre dans le port syrien subir le même sort.

En Syrie, la Russie ne peut plus exploiter le port commercial de Tartous. Si Moscou est toujours autorisée à utiliser ce port méditerranéen stratégique à des fins militaires, le média syrien Shaam révèle que le contrat qui lui permettait de faire accoster ses pétroliers et ses navires de fret pour une durée de quarante-neuf ans a été annulé. Une décision qui illustre une position pragmatique et prudente de la part des nouvelles autorités syriennes, selon Thomas Pierret, chercheur à l’Irenam, spécialiste de la Syrie.

« C’est une décision qui, du côté syrien, semble essentiellement motivée par la volonté de générer des revenus pour le gouvernement, sachant que ses sources de revenus sont actuellement extrêmement limitées et qu’il en a notamment besoin pour augmenter le salaire des fonctionnaires comme il l’a promis. Il s’agit donc de récupérer les 60% de revenus de l’activité commerciale du port de Tartous, qui allait jusqu’à présent dans les poches de cette entreprise russe qui avait obtenu le contrat en 2019 », explique le chercheur.

Des négociations en cours sur l’avenir des bases militaires

Cette décision du nouveau pouvoir syrien marque aussi une volonté de prendre ses distances avec la Russie alors qu’il vient tout juste d’affirmer au Forum économique mondial de Davos vouloir ouvrir la voie aux investissements étrangers. « Le message est assez clair, Ahmed al-Charaa, au début, a été assez prudent. Il avait dit que les relations entre la Russie et la Syrie étaient quand même stratégiques, donc on pouvait imaginer qu’il y avait une possibilité, peut-être que quelque chose perdure. En tout cas, à travers ces mots, je pense qu’il y a une véritable volonté quand même de repositionnement et d’indépendance. Le peuple syrien a trop souffert en fait des ingérences de la présence russe et de la présence iranienne notamment », détaille Élise Daniaud-Oudeh, spécialiste des relations russo-syriennes à l’université Luiss de Rome.

S’il n’est pas encore question de priver la Russie du contrôle de ses installations militaires en Méditerranée, Moscou reste fébrile. À en croire le ministre syrien de la Défense, des négociations sont en cours sur l’avenir des bases militaires russes sur le territoire syrien, mais pour l’instant, aucune solution définitive n’a été trouvée. Moscou joue gros et le nouveau pouvoir syrien le sait. La Russie cherche à conserver des installations de maintenance et de ravitaillement pour sa flotte en Méditerranée. Une présence que Damas n’hésitera pas à monnayer compte tenu des finances exsangues de l’État syrien.