Syrie : Après une vague de violences, Ahmad al-Chareh appelle à « l’unité nationale »

Le dirigeant Ahmad al-Chareh a appelé dimanche à l’unité nationale et à la paix civile en Syrie après la mort de centaines de personnes, en majorité des civils, dans des violences sans précédent depuis la chute de Bachar al-Assad. Ces violences ont été déclenchées par une attaque sanglante jeudi de partisans de l’ancien dictateur contre les forces de sécurité à Jablé, près de la ville de Lattaquié, ex-bastion du pouvoir déchu et berceau de la communauté alaouite, une branche de l’islam chiite dont est issu le clan Assad.
Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans les provinces voisines de Lattaquié et Tartous, sur la côte ouest, où les forces de sécurité ont lancé d’importantes opérations pour traquer les partisans de l’ex-président. D’après l’Observatoire des droits de l’Homme (OSDH), « 745 civils alaouites ont été tués » depuis jeudi. Au moins 273 membres des forces de sécurité et des combattants pro-Assad ont aussi péri, a précisé l’Observatoire, qui a faisant état d’« exécutions sur des bases confessionnelles ».
La traque des pro-Assad
« Ces défis étaient prévisibles. Nous devons préserver l’unité nationale, la paix civile autant que possible, et, si Dieu le veut, nous serons capables de vivre ensemble dans ce pays », a déclaré Ahmad al-Chareh lors d’un discours dans une mosquée de Damas. Dimanche, le ministère de l’Intérieur a annoncé l’envoi de « renforts supplémentaires » pour « rétablir le calme » à Qadmous, un village de la province de Tartous. Les forces de sécurité « traquent les derniers hommes fidèles à l’ancien régime à Qadmous et dans les villages environnants. »
L’agence officielle syrienne Sana a rapporté de « violents affrontements » à Taanita, un village dans la montagne de la province de Tartous, où ont fui « de nombreux criminels de guerre affiliés au régime renversé et des groupes d’hommes fidèles à Bachar al-Assad qui les protègent ». Un convoi de 12 véhicules militaires est entré dans le quartier de Bisnada, dans la province de Lattaquié, où les forces de sécurité fouillent des habitations, a constaté un photographe de l’AFP.
La « fragilité du gouvernement » mise en évidence
Depuis son arrivée au pouvoir après plus de 13 ans de guerre civile. Ahmad al-Chareh s’efforce de rassurer les minorités et a appelé ses forces à faire preuve de retenue et éviter toute dérive confessionnelle. Lors d’un sermon dimanche, le patriarche orthodoxe d’Antioche, Jean X, a appelé Ahmad al-Chareh à « mettre fin aux massacres » dans l’ouest du pays. « Les zones ciblées étaient principalement habitées par des alaouites et des chrétiens. De nombreux chrétiens innocents ont également été tués », a-t-il dit.
Selon Aron Lund, du centre de réflexion Century International, la flambée de violences témoigne de la « fragilité du gouvernement », dont une grande partie de l’autorité « repose sur des djihadistes radicaux qui considèrent les alaouites comme des ennemis de Dieu ». Même si Ahmad al-Chareh a promis de protéger les minorités, cette ligne n’est pas nécessairement partagée par l’ensemble des factions qui opèrent sous son commandement, souligne Aron Lund.