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Soudan : « Karthoum est libéré ! » L’armée annonce avoir repris le contrôle de la capitale

Après près de deux ans de guerre dévastatrice au Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane a annoncé mercredi soir la « libération » de la capitale Khartoum, désormais selon lui sous contrôle de l’armée.

Depuis le palais présidentiel, qu’il affirme avoir repris, Burhane a proclamé à la télévision publique : « Khartoum est libéré, c’est terminé. »

Une victoire symbolique pour l’armée

D’après un porte-parole militaire, les troupes ont « sécurisé complètement » l’aéroport international, l’un des bastions majeurs des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dans la capitale. Depuis vendredi, l’armée soudanaise avait déjà reconquis plusieurs sites clés : la présidence, la banque centrale, le siège des renseignements et le musée national.

Des habitants du centre de Khartoum ont confirmé à l’AFP le retrait des Forces de soutien rapide. Sur les réseaux sociaux, des vidéos montraient des scènes de liesse dans plusieurs quartiers. Selon une source militaire citée par l’AFP, les paramilitaires se replieraient vers l’ouest du pays, notamment au Darfour, où ils conservent une grande partie du contrôle territorial.

Un tournant militaire mais une tragédie humanitaire

Ce regain de puissance militaire de l’armée survient après un an et demi de défaites. Depuis fin 2024, elle a repris le contrôle de zones centrales avant de lancer en janvier une offensive majeure sur Khartoum, tenue depuis avril 2023 par les FSR, dirigées par Mohamed Hamdane Daglo, ex-allié de Burhane devenu son rival. Cette victoire militaire ne masque cependant pas la gravité de la crise humanitaire. Lundi, un bombardement sur un marché à Tora, au Darfour-Nord (ouest du Soudan), aurait fait au moins 270 morts selon des témoins. L’armée, accusée d’être responsable, dément avoir visé des civils.

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Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit « profondément choqué » par cette attaque. Depuis le début du conflit, les combats ont tué des dizaines de milliers de personnes et forcé plus de 12 millions de Soudanais à fuir leur domicile, selon l’ONU. À Khartoum, au moins 3,5 millions d’habitants ont été déplacés. Ceux qui sont restés font face à la faim, aux pillages, aux bombardements et aux exactions, perpétrés par les deux camps. Les Nations unies ont dénoncé des « attaques permanentes contre les civils », y compris une frappe des FSR contre une mosquée de Khartoum dimanche dernier.