International

Roumanie : L’extrême droite favorite de l’élection présidentielle, cinq mois après l’annulation choc du premier tour

Cinq mois après l’annulation choc du premier tour de la présidentielle, la Roumanie est de retour aux urnes dimanche dans une ambiance tendue, avec à la clé une possible nouvelle victoire de l’extrême droite. Réseaux sociaux omniprésents, colère et désillusion d’une partie de la population, nombreux indécis : les ingrédients sont les mêmes que le 24 novembre, quand le candidat critique de l’UE et de l’Otan Calin Georgescu avait surgi en tête à la surprise générale, plongeant le pays d’Europe orientale dans la tourmente politique.

Exclu de l’élection par la Cour constitutionnelle après une campagne massive sur TikTok entachée de suspicions d’ingérence russe, il a brandi « le pouvoir du vote qui terrifie le système ». « Il est temps de récupérer notre pays », a-t-il lancé après avoir glissé son bulletin dans l’urne à Mogosoaia, près de Bucarest, aux côtés de celui qui l’a remplacé, George Simion.

Make Roumanie « great again »

Onze candidats au total briguent un poste essentiellement protocolaire mais influent en politique étrangère, dans ce pays membre de l’UE de 19 millions d’habitants devenu un pilier essentiel de l’Otan depuis l’invasion russe de l’Ukraine voisine. Les bureaux de vote ont ouvert à 6 heures (heure française) pour une fermeture à 20 heures. Les sondages de sortie des urnes seront publiés peu après. Crédité de quelque 30 % des suffrages selon des sondages à manier avec précaution, George Simion mise à 38 ans sur sa jeunesse, sa rhétorique souverainiste et sa maîtrise de la plateforme TikTok pour espérer venger son désormais allié Georgescu.

Si le chef du parti nationaliste AUR nie toute inclination pour la Russie, il partage la même aversion pour « les bureaucrates bruxellois », les accusant sans preuves de s’être immiscés dans le processus électoral. Sur les marchés ou à l’étranger pour convaincre l’importante diaspora, ce fan de Donald Trump se rêve en « président MAGA » (Make America Great Again), slogan parfois affiché sur ses casquettes. « Nous sommes ici avec une seule mission : rétablir la démocratie […] et rendre justice à la Roumanie », a-t-il déclaré dimanche.

Face à George Simion, trois prétendants peuvent accéder au second tour prévu le 18 mai. Le candidat de la coalition pro-européenne au pouvoir, Crin Antonescu, offre « stabilité ». Le maire de Bucarest, Nicusor Dan, promet lutte contre la « corruption », se voulant le porte-voix des « Roumains silencieux et honnêtes ». Plus loin derrière, l’ancien Premier ministre social-démocrate Victor Ponta mise sur un discours aux accents trumpistes. « La course est devenue très serrée », commente Remus Stefureac, directeur du cabinet de recherches INSCOP. « Chacun des quatre peut prétendre au poste de président ».