République démocratique du Congo : Goma « s’apprête à tomber » après l’entrée du M23 et de l’armée rwandaise
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«Goma s’apprête à tomber », a déploré ce lundi matin le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Dans le même temps, des tirs d’artillerie lourde étaient entendus par des journalistes de l’AFP dans le centre de Goma en République démocratique du Congo (RDC).
Ville principale de l’est du pays, Goma s’est réveillée ce lundi en plein chaos et secouée par des tirs d’artillerie lourde après l’arrivée la veille au soir de combattants du groupe armé antigouvernemental M23 et de soldats rwandais.
La RDC accuse le Rwanda de vouloir piller ses richesses
L’entrée dans la capitale de la province du Nord-Kivu, située à la frontière rwandaise et qui compte un million d’habitants et autant de déplacés, ponctue plusieurs semaines d’avancée des soldats rwandais et des combattants du M23 face à une armée congolaise qui semblait débordée.
La RDC accuse le Rwanda de vouloir faire main basse sur les richesses de l’est congolais situé de l’autre côté de la frontière, ce que Kigali dément.
Les combattants du M23 (« Mouvement du 23 mars ») et plus de 3.500 soldats rwandais, selon l’ONU, ont pénétré ce dimanche dans Goma qu’ils assiégeaient depuis plusieurs jours, selon plusieurs sources onusiennes et sécuritaires. En début de soirée, des rafales ont résonné dans les rues, avant quelques tirs sporadiques dans la nuit.
Un sommet extraordinaire convoqué
La frontière avec le Rwanda est fermée ce lundi matin à Goma, a indiqué une source consulaire. « Personne n’entre, personne ne sort, à part quelques personnels de l’ONU et leur famille évacués ce matin », a ajouté un travailleur humanitaire présent au principal point de passage entre la RDC et le Rwanda.
Goma avait déjà été brièvement occupée fin 2012 par le M23, né cette année-là et vaincu militairement l’année suivante.
Le président kényan William Ruto a annoncé dans un communiqué réunir « dans les prochaines 48 heures » un sommet extraordinaire de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) en présence des présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.
Les Etats-Unis se sont déclarés prêts à intervenir
Après une réunion d’urgence, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné dimanche soir le « mépris éhonté » de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. Il a réclamé le retrait des « forces extérieures » sans les nommer explicitement, mais en faisant référence à un rapport d’experts des Nations unies ayant mis en lumière la présence des forces rwandaises.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a également clairement mis en cause Kigali en appelant « les Forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC ».
Les Etats-Unis se sont déclarés prêts à employer « tous les outils » disponibles contre ceux qui alimentent le conflit, et l’Union européenne a appelé le M23 à « arrêter son avancée » et le Rwanda à « se retirer immédiatement ». L’Union africaine (UA) a réclamé « la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties » fin juillet.
Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Allemagne ont appelé leurs ressortissants à quitter Goma tant que l’aéroport et les frontières sont ouverts.