Reconnaissance de l’État de Palestine : quelles conséquences à prévoir ?
La République française et plusieurs autres pays, dont le Luxembourg, Malte, Monaco, Saint Marin et Andorre, ont reconnu l’État de Palestine avant-hier. Depuis le 7 octobre 2023, dix-neuf pays ont reconnu la Palestine, incluant la France, le Royaume-Uni et le Canada.

Depuis la tribune de l’ONU, la République française ainsi que plusieurs autres pays — le Luxembourg, Malte, Monaco, Saint Marin et Andorre — ont reconnu, avant-hier, l’État de Palestine, dans le cadre d’une démarche visant à exercer une pression supplémentaire sur Israël pour mettre un terme au génocide à Gaza. Bien que ce soit un geste diplomatique historique, il demeure avant tout symbolique.
Depuis le 7 octobre 2023, dix-neuf pays ont reconnu la Palestine, dans l’ordre chronologique suivant : Jamaïque, Trinité-et-Tobago, Bahamas, Norvège, Irlande, Espagne, Slovénie, Arménie, Royaume-Uni, Canada, Australie, Portugal, France, Belgique, Luxembourg, Malte, Andorre et Monaco.
Il est indéniable que cette reconnaissance massive de pays occidentaux, y compris des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et des grands acteurs du G7 comme la France, le Royaume-Uni et le Canada, envoie un message politique puissant qui remet la question palestinienne au centre des préoccupations diplomatiques et géopolitiques internationales, en raison des sacrifices du camp de la résistance et du sang versé par les civils de Gaza.
Cependant, face aux actions précipitées du gouvernement israélien, qui ne cache pas sa «solution finale» pour mener à bien ses desseins génocidaires dans l’enclave palestinienne et appliquer ses plans de judaïsation des territoires occupés en 1967 (Al-Qods-Est et la Cisjordanie), tout en cherchant à annexer le reste de la Palestine, le tout sous une politique de colonisation flagrante, soutenue par l’Administration Trump.
À Gaza, les habitants vivent dans la peur quotidienne, subissant des bombardements incessants et l’étouffement d’un siège interminable sur un territoire occupé et martyrisé. En Cisjordanie, la population est écrasée par une stratégie de morcellement des terres arabes et l’accroissement des avant-postes de colons juifs, défiant les condamnations et sanctions de la communauté internationale.
Avec cette vague de reconnaissances, critiquée par les États-Unis, certains commencent à espérer un « game changer » pour la cause palestinienne, qui pourrait marquer le début d’une nouvelle ère en isolant davantage l’entité sioniste et ses dirigeants d’extrême droite sur la scène internationale.
Reste à voir…
Cependant, en considérant le soutien indéfectible des États-Unis, allié historique d’Israël, et le feu vert donné par le Secrétaire d’État américain Marco Rubio aux dirigeants israéliens lors de sa récente visite dans la région, il est clair que ce petit pas occidental, perçu comme géant par les peuples arabes, n’est qu’un geste futile.
En effet, comment peut-on attendre des résultats en faveur de la fin de la guerre à Gaza quand le président américain ne manque pas de rabrouer ses alliés européens ou de critiquer le fonctionnement des instances internationales, rejetant l’importance du multilatéralisme ?
Pour un président américain qui privilégie les relations de force et les accords bilatéraux, il serait irrationnel, voire insensé, de penser que les efforts de Paris et de Riyad pour avancer vers une solution des «deux États» et parvenir à une «paix juste et durable» ne resteront pas lettre morte.
La reconnaissance de la Palestine, conditionnée à l’exclusion du mouvement de résistance et à la reconnaissance d’un État voyou, ne peut être qu’un mirage dans le désert.
En effet, l’optimisme semble difficilement soutenable, surtout à la lumière des déclarations hostiles des membres du cabinet israélien et des propos tenus par Itamar Ben-Gvir (ministre israélien de la Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (ministre israélien des Finances), qui évoquent la volonté d’éradiquer les Palestiniens, sans oublier les déclarations du criminel de guerre Benjamin Netanyahu, affirmant haut et fort qu’«il n’y aura jamais d’État palestinien».
Comment peut-on espérer une paix dans une région instable du Proche-Orient, qui ressemble à un « far west américain », alors que l’entité israélienne viole continuellement les fragiles cessez-le-feu au Liban, bombarde l’Iran et ses grandes villes historiques, cible le Qatar pour éliminer des négociateurs du Hamas, perturbe les pourparlers pour une trêve à Gaza, et effectue des incursions militaires en Syrie soutenues par des bombardements aériens incessants ?
Avec le soutien accordé par Washington au gouvernement israélien et la passivité de Trump face aux crimes de guerre de l’armée israélienne à Gaza et ailleurs, engendrant une atmosphère d’instabilité dans la région, cette danse diplomatique autour de la reconnaissance de l’État de Palestine n’est qu’une illusion face à une réalité sur le terrain bien plus complexe et désolante. Reconnaissance, d’accord ! Et après…?

