Pression de l’extrême droite, France sceptique : l’UE ne sait pas gérer l’immigration
L’Union européenne se réunit à Bruxelles ce lundi pour examiner trois textes sur la politique migratoire présentés par la Commission européenne. L’UE exigera bientôt des Etats membres qu’ils relocalisent des demandeurs d’asile ou, à défaut, versent une contribution financière de 20.000 euros par demandeur d’asile aux pays sous pression.

Ce lundi, l’Union européenne prévoit de renforcer sa politique migratoire. Sous la pression de la droite et de l’extrême droite, les 27 pays membres se retrouvent à Bruxelles pour discuter de ce sujet sensible et controversé.
Les ministres de l’Intérieur des États membres de l’UE vont examiner pour la première fois trois projets de loi présentés cette année par la Commission européenne, visant à encadrer de manière plus stricte les arrivées et les renvois de migrants. 20 Minutes fait le point sur cette réforme en cours.
Quelles possibilités offriront ces textes ?
Les propositions discutées ce lundi visent à établir des centres en dehors des frontières de l’UE, où seront envoyés les migrants dont la demande d’asile a été rejetée, appelés « hubs de retours ». Elles prévoient aussi des sanctions plus sévères pour les migrants qui refusent de quitter le territoire européen, incluant des périodes de détention plus longues, et la possibilité de renvoyer des migrants vers des pays jugés « sûrs » même s’ils n’en sont pas originaires.
Pourquoi renforcer la politique migratoire ?
La diminution des arrivées – environ 20 % de moins d’entrées irrégulières par rapport à l’année dernière – n’a pas réduit la pression sur les dirigeants européens. Au contraire. « Nous devons avancer pour donner aux citoyens la sensation que nous maîtrisons la situation », a insisté jeudi le commissaire européen Magnus Brunner, architecte de ce renforcement.
Quelles sont les positions face à ces mesures ?
Ces propositions suscitent l’indignation de la gauche et des associations de défense des droits des migrants. Elles pointent des mesures qui pourraient enfreindre les droits humains. « Au lieu d’investir dans la sécurité, la protection et l’inclusion, l’UE opte pour des politiques qui plongeront encore plus de personnes dans le danger et l’insécurité juridique », prévient Silvia Carta de PICUM, une ONG de protection des sans-papiers.
Avec le soutien du Danemark, présidant l’UE et défendant ce durcissement migratoire, les États membres avancent rapidement dans l’examen des mesures. « Nous progressons très vite », déclare un diplomate européen, estimant qu’il existe une « volonté politique largement partagée » parmi les Vingt-Sept pour approuver ces propositions.
Toutefois, la France fait partie des rares sceptiques, s’interrogeant sur la légalité et l’efficacité de certaines mesures, tandis que l’Espagne n’est pas convaincue par les « hubs de retour », déjà expérimentés par plusieurs pays sans réel succès.
Ces propositions bénéficient en revanche d’un soutien marqué de la part de la droite et de l’extrême droite, qui se sont associées au Parlement européen la semaine dernière pour leur donner un premier feu vert. L’idée est d’agir rapidement, de nombreux eurodéputés et dirigeants souhaitant une adoption finale dès le début de l’année prochaine.
Qui accueillera les demandeurs d’asile ?
Des discussions délicates sont également prévues ce lundi concernant un nouveau système de répartition des demandeurs d’asile au sein de l’Europe. Pour alléger la pression sur les pays situés le long des routes migratoires, comme la Grèce et l’Italie, l’UE exigera que les autres États membres relocalisent des demandeurs d’asile sur leur territoire ou, à défaut, versent une contribution financière de 20 000 euros par demandeur d’asile aux pays sous pression. Les pays de l’UE négocient depuis plusieurs semaines sur la mise en place de ce système.
Cependant, les négociations ont déjà rencontré de nombreux obstacles : dans le contexte politique actuel, quels pays seraient prêts à accepter les demandeurs d’asile d’autres pays ? Plusieurs pays, notamment la Belgique, la Suède et l’Autriche, ont déjà indiqué qu’ils n’accueilleraient pas les demandeurs d’asile provenant d’autres États membres.
« Peu de ministres de l’Intérieur voudront se présenter devant les médias en disant « D’accord, j’en ai pris 3 000 » », prédit un responsable européen, sous couvert d’anonymat. Malgré cela, une décision finale concernant la répartition de plusieurs milliers de demandeurs d’asile doit être prise d’ici la fin de l’année.

