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Présidentielle au Cameroun : résultats tendus après quatre morts à Douala

Quatre personnes ont été tuées lors de manifestations en soutien à l’opposant Issa Tchiroma Bakary à Douala, où la tension est montée ce week-end. Le Conseil constitutionnel annoncera les résultats définitifs du vote à partir de 11 heures à Yaoundé, la capitale, comme prévu par le code électoral camerounais, 15 jours après le scrutin.


Les Camerounais sont dans l’attente. Alors que les résultats de l’élection présidentielle d’octobre doivent être annoncés ce lundi, la tension a atteint un niveau élevé ce week-end à Douala, où quatre personnes ont perdu la vie lors de manifestations en soutien à l’opposant Issa Tchiroma Bakary, qui se déclare vainqueur face au président sortant Paul Biya. Le Conseil constitutionnel annoncera les résultats définitifs du scrutin à partir de 11 heures à Yaoundé, la capitale.

La plupart des experts prédisent que Paul Biya, âgé de 92 ans, obtiendra un huitième mandat, dans un système que ses détracteurs jugent verrouillé après 43 ans de pouvoir. Des centaines de manifestants ont défié les interdictions de rassemblement en descendant dans les rues à l’appel d’Issa Tchiroma, président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), qui prétend avoir obtenu 54,8 % des voix contre 31,3 % pour le président sortant, selon son propre décompte.

À Douala, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région du Littoral, a déclaré qu’« plusieurs éléments des forces de sécurité ont été blessés, et quatre personnes ont malheureusement perdu la vie » lors des affrontements avec les manifestants. Ivaha Diboua a accusé ces derniers d’avoir attaqué la brigade de gendarmerie de Nkoulouloun ainsi que les commissariats des 2e et 6e arrondissements de Douala.

Des manifestants ont montré des cartouches de munitions qu’ils affirment avoir ramassées après des tirs des forces de l’ordre près de la gendarmerie de Nkoulouloun, devant un journaliste de l’AFP sur place. Les tirs « à balles réelles » auraient commencé après un premier tir de gaz lacrymogènes, a rapporté à l’AFP un participant souhaitant rester anonyme. « Ils ont tiré, trois personnes, trois corps sont tombés devant nous », a-t-il ajouté.

Le gouverneur Ivaha Diboua a qualifié l’appel à manifester d’« irresponsable » alors que les autorités avaient interdit les rassemblements publics et restreint la circulation dans de nombreuses villes du pays. Il a également condamné « avec la plus grande fermeté ces actes de violence prémédités, qui constituent une atteinte grave à l’ordre public, à la sécurité et à la sûreté nationale de l’Etat ».

À Yaoundé et Garoua, bastion d’Issa Tchiroma dans la région du Nord, des centaines de manifestations ont aussi été annulées. Lors d’une conférence de presse samedi, le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji a accusé les appels à manifester de créer « incontestablement les conditions d’une crise sécuritaire et (de) participer à la mise en œuvre d’un projet insurrectionnel ».

L’annonce des résultats de la présidentielle est prévue 15 jours après le scrutin, comme stipulé par le code électoral camerounais, suite à l’examen des recours que le Conseil constitutionnel a rejetés. Les membres de cette institution sont perçus comme proches du président Paul Biya. En août, ils avaient rejeté la candidature de Maurice Kamto, qui avait terminé deuxième lors de l’élection présidentielle de 2018 mais qui s’était proclamé vainqueur le lendemain du vote.