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Pourquoi le prix de l’or n’arrête-t-il pas d’augmenter ?

L’once d’or a dépassé mercredi la barre symbolique des 4.000 dollars, après avoir franchi les 2.000 dollars pour la première fois en août 2020. La guerre en Ukraine, commencée en février 2022, et les tensions au Proche-Orient depuis le 7 octobre 2023 ont contribué à l’engouement pour l’or.

L’or est reconnu comme une valeur refuge en période de crise. Il n’est donc pas surprenant, mais plutôt préoccupant, que le prix de l’once d’or ait franchi mercredi le seuil symbolique des 4.000 dollars, un niveau qui semblait inatteignable il y a un an, alors que la situation économique était déjà délicate.

Une hausse de plus de 40 % en un an

Depuis la fin de l’année 2020, la tendance est à la hausse. Le seuil des 2.000 dollars par once a été atteint pour la première fois en août 2020, durant la pandémie de Covid-19. Le prix de l’or a ensuite fluctuait autour de cette valeur jusqu’en 2024, où il a connu une forte augmentation : il a dépassé les 2.500 dollars en août 2024, puis les 3.000 dollars en mars dernier, et a atteint 3.500 dollars en septembre. Mercredi, il a finalement franchi les 4.000 dollars lors des échanges en Asie. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’or a déjà augmenté de plus de 40 % en 2025 et se dirige vers une troisième année consécutive de gains à deux chiffres », souligne Stephen Innes, de la société de gestion SPI Asset Management.

Pas de risque de perdre son argent

L’engouement pour l’or, considéré depuis longtemps comme une « valeur refuge » par excellence, est dû à sa capacité à conserver sa valeur intrinsèque, même s’il ne génère pas d’intérêts. Prisé pour la joaillerie, l’industrie et comme actif de réserve, l’or attire les investisseurs cherchant à se protéger d’un risque de perte lorsqu’ils anticipent une conjoncture économique morose.

L’effet perturbateur de Donald Trump

L’imprévisibilité des décisions du président américain depuis son retour au pouvoir en janvier a eu des répercussions importantes, surtout concernant sa politique commerciale et ses menaces de droits de douane, notamment envers l’Union européenne et la Chine, perturbant ainsi l’économie mondiale. De plus, les pressions exercées par le président sur la Réserve fédérale (Fed) pour qu’elle abaisse ses taux soulèvent des doutes sur son indépendance. Ces facteurs affaiblissent le dollar, une autre valeur refuge traditionnelle, augmentent le risque d’inflation et incitent à investir dans l’or. Enfin, le blocage budgétaire actuel, connu sous le nom de « shutdown », aux États-Unis, représente un dernier coup de pouce pour le métal précieux.

Incertitudes en Europe et intérêt des banques

Les influences ne se limitent pas à Donald Trump dans la flambée des prix de l’or. L’Europe traverse également une période d’instabilité, en particulier avec la crise politique en France, la deuxième économie européenne, qui accentue le climat d’incertitude. Une autre source d’inquiétude sur le « vieux continent » réside dans la ruée vers l’or, alimentée ces derniers mois par les craintes persistantes liées à la guerre en Ukraine, déclenchée en février 2022, ainsi qu’à la situation au Proche-Orient depuis le 7 octobre 2023. À la suite de l’invasion de Moscou au début de 2022, les réserves de change de la banque centrale russe, conservées à l’étranger, ont été gelées, entraînant une hausse des cours de l’or. La guerre en Ukraine a également intensifié l’intérêt des banques centrales pour ce métal précieux : elles accumulent des lingots pour se prémunir en cas de crise, stabiliser leur monnaie ou encore comme garantie pour des prêts et transactions.

Marchés en hausse et diversification

La montée du prix de l’or s’accompagne d’un marché globalement en croissance : les Bourses sont en hausse, avec des valorisations élevées, et du côté des cryptomonnaies, le bitcoin a atteint un nouveau record ce week-end. « Il semble y avoir beaucoup de liquidités disponibles » de la part des investisseurs qui « continuent de rechercher la diversification », indique Chris Beauchamp, analyste chez IG. L’or apparaît actuellement comme un meilleur outil de diversification que l’achat de dettes publiques des États, devenues plus risquées. Dans ce contexte, « les investisseurs mondiaux se heurtent à une insoutenable « peur de rater quelque chose », en anglais « Fomo », ou « fear of missing out », » souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste principale chez Swissquote Bank.