Plus d’un Français sur deux prêt à boycotter les produits high-tech et sites d’e-commerce américains
Effet boomerang. Face aux annonces de Donald Trump sur l’augmentation des frais de douane pour les produits importés aux Etats-Unis, la résistance semblerait déjà s‘organiser… en France ! Une étude Ipsos pour le comparateur de prix leDénicheur que 20 Minutes s’est procurée révèle en effet que plus d’un Français sur deux serait carrément prêt à boycotter les marques de produit tech américaines (55 %) et les plateformes d’e-commerce américaines (52 %). Adieu le nouvel iPhone 16e et les séances de shopping sur Amazon ?
Jusqu’à 200 % de taxes annoncées
C’est une enquête intéressante* que le comparateur de prix leDénicheur a commandé à l’institut Ipsos. Référençant 1.200 marchands (dont 300 « partenaires »), la plateforme a tenté d’analyser l’effet sur les Français des annonces de Donald Trump concernant les frais de douane imposés sur les produits importés.
L’Europe, qui n’est pas encore touchée, pourrait, si le président américain met ses viles menaces à exécution, être taxée à 25 % sur ses exportations en direction des Etats-Unis, et jusqu’à 200 % sur tous les vins, champagnes et produits alcoolisés ! Soit des bouteilles trois fois plus chères.
Le boycott, arme de dissuasion massive
En attendant les éventuelles ripostes économiques que les gouvernements de l’UE pourraient mettre en œuvre, les particuliers semblent déjà à la manœuvre. Car ils ont un levier à portée de main : leur porte-monnaie. Et une arme de dissuasion massive : le boycott. Elon Musk en fait déjà les frais : les ventes de Tesla ont été divisées par deux en Europe cette année (-49 % d’immatriculations en janvier-février).
En France, nous ne serions pas les derniers à vouloir monter au front, comme en atteste l’étude menée du 14 au 17 mars par l’institut Ipsos pour leDénicheur. Nos compatriotes seraient ainsi 64 % à considérer le boycott comme un levier de pression utile. Et jusqu’à 69 % chez les 18-34 ans. A noter que 28 % des Français considèrent le boycott comme inutile et que 7 % le rejettent catégoriquement…
Apple, Google ou Amazon dans le viseur ?
Reste que l’idée du boycott ferait quand même son chemin. À ce jour, 55 % des Français ont déjà boycotté -ou sont prêts à le faire- les marques de produits high-tech américaines (52 % pour les plateformes d’e-commerce). « Plus de la moitié de nos compatriotes sont sensibles à l’idée de changer leurs habitudes de consommation, même si c’est encore le verre à moitié plein, face au verre à moitié vide », commente Roman Gavache, directeur France pour leDénicheur.

Concernant les intentions des Français dans les semaines et les mois qui viennent, l’étude nuance davantage les choses. Alors que 15 % des Français déclarent déjà boycotter les marques de produit tech américains, 40 % envisageraient de le faire. Chiffres proches concernant les plateformes d’e-commerce américaines : 16 % des Français les boycottent déjà et 36 % pourraient le faire. L’étude ne dit cependant pas si ceux qui opèrent déjà un boycott le font suite aux annonces de Trump.
Quelles alternatives pour compenser ?
Se pose dès lors la question de l’alternative. S’il peut sembler facile de privilégier un smartphone Samsung (sud coréen) ou Xiaomi (chinois) face à un iPhone d’Apple ou un Pixel de Google (américains) -bien que des systèmes d’exploitation et des composants américains puissent aussi s’y loger-, il semble plus difficile pour ceux qui ont l’habitude d’y faire leur shopping, d’abandonner le très ricain site d’e-commerce Amazon.
Ainsi, 33 % des Français se disent prêts à privilégier dans leurs achats des alternatives identifiées pour les produits tech (24 % des 18/35 ans et 41 % des plus de 55 ans). Ils sont également 33 % à affirmer être prêts à privilégier des alternatives locales identifiées pour l’e-commerce (29 % des 18/35 ans, contre 38 % des plus de 55 ans). « Identifiées » supposent qu’ils les aient déjà repérées.
« Un sacrifice pratique qui n’est pas insurmontable »
« En téléphonie, il y a largement de quoi faire avec les fabricants asiatiques, même si le boycott radical est compliqué, mais les alternatives européennes restent difficiles à trouver », note Roman Gavache. Pour les plateformes, c’est un peu différent. Amazon est très largement ancrée dans les habitudes de consommation des Français qui se sont accoutumés à ses avantages. S’il s’agit simplement d’acheter certains produits, la France est largement fournie en plateformes. Après, si l’on veut avoir le meilleur prix ou la livraison le même jour, cela risque d’être plus compliqué… Mais c’est un sacrifice pratique qui n’est pas insurmontable », ajoute le directeur France du Dénicheur.
Reste que 38 % des Français seraient prêts à boycotter les produits tech US (et 40 % les plateformes américaines) mais ne voient pas d’alternative possible…
Paradoxe, enfin : si les jeunes adultes (18-34 ans) estiment à 69 % que le boycott est un levier de pression utile, ils ne sont plus que 38 % (contre 23 % chez les 55-75 ans) à effectivement envisager le boycott des marques high-tech. De là à passer à l’acte… En somme, que l’iPhone 16e ou le Google Pixel 9a qui les fait rêver soient américains, peu importe, ils se l’achèteront quand même. Oui, mais à quel prix ?
Car si l’Europe se met, elle aussi, à taxer à hauteur de 25 % les produits américains importés, le prix de très nombreux gadgets électroniques venant de l’autre côté de l’Atlantique risque de les rendre purement et simplement inaccessibles.