Plan de relance hongrois: Ursula von der Leyen ne prendra pas la pose avec Viktor Orban

Ursula von der Leyen ne se rendra pas à Budapest pour l’approbation du plan de relance hongrois…

À chaque fois que la Commission européenne a approuvé le plan de réformes et d’investissement d’un État membre, lui ouvrant l’accès aux fonds du plan de relance post-Covid, la présidente von der Leyen s’est rendue dans la capitale du pays concerné. Chacune de ses visites a donné lieu à une photo mettant en scène l’Allemande, remettait symboliquement l’évaluation du plan de l’État membre à son chef d’État ou de gouvernement. L’album de famille risque de rester incomplet. Sauf surprise, le collège des commissaires européens devrait approuver le plan hongrois, ce mercredi, mais Ursula von der Leyen ne se rendra pas à Budapest pour prendre la pose avec le Premier ministre Viktor Orban. « Il n’y a aucune obligation de la présidente de se rendre dans un pays pour présenter l’évaluation du plan par la Commission », a répondu Éric Mamer, porte-parole de l’exécutif européen, interrogé sur cette non-visite, lors du point presse quotidien de l’institution. Bon.

… parce que Budapest n’a pas de quoi se réjouir

Le fait est aussi que les nouvelles qu’Ursula von der Leyen aurait pu porter dans la capitale hongroise ne sont pas excellentes. Certes, comme l’expliquait La Libre la semaine dernière, la Commission devrait approuver le plan de relance hongrois, pour permettre au Conseil, l’institution des États membres, de donner à son tour le feu vert pour éviter que 70 % des 5,8 milliards d’euros destinés à la Hongrie soient définitivement perdus. Mais avant d’espérer recevoir l’argent, la Hongrie devrait atteindre vingt-sept (27 !) jalons. De plus, parmi ces vingt-sept cases à cocher, dix-sept ont trait à ce qui était attendu des autorités hongroises dans le cadre de la législation européenne liant le respect de l’état de droit et le budget européen. La Commission, estimant que la Hongrie n’a pas accompli ses devoirs, va proposer au Conseil de priver Budapest de 7,5 milliards d’euros des fonds de cohésion. Si Ursula von der Leyen était partie rencontrer Viktor Orban, les sourires sur la photo auraient été crispés.

« C’est la faute du Parlement européen », dénonce Tibor Navracsics

Tout ça, peste-t-on en Hongrie, c’est de la faute du Parlement européen. En septembre dernier, celui-ci avait voté un rapport qui concluait que la Hongrie n’est plus une démocratie électorale. Aussi le même Parlement avait-il demandé à la Commission de faire preuve de fermeté et de bloquer les paiements en faveur de Budapest. Le négociateur hongrois (et ancien commissaire européen) Tibor Navracsics a expliqué aux journalistes étrangers en poste à Budapest que le gel d’une partie des fonds européens dévolus à la Hongrie était dû à « l’énorme pression politique » des eurodéputés « majoritairement de gauche » qui a fait « changer la position de la Commission », aux journalistes étrangers à Budapest. L’enfer, c’est les autres.