Philippines : Quels sont les crimes contre l’humanité reprochés à l’ex-président Duterte, arrêté mardi ?

Les avocats de Rodrigo Duterte prévoient de déposer une requête mercredi pour demander son rapatriement à Manille. L’ancien président des Philippines a été interpellé mardi au retour d’un voyage à Hong Kong. Il se trouve actuellement en escale à Dubaï avant son transfert à La Haye en vertu d’un mandat de la Cour pénale internationale (CPI) qui le soupçonne de crimes contre l’humanité.
La CPI a ouvert une enquête lors d’une campagne ouverte contre a drogue en 2016. Plus de 6.000 personnes ont été tuées dans les opérations antidrogue, selon les données officielles nationales. Mais les organisations de défense des droits humains estiment que des dizaines de milliers d’hommes ont été tuées par des policiers et des groupes d’autodéfense, le plus souvent sans qu’il soit prouvé qu’ils étaient liés au trafic. Les procureurs de la CPI évaluent le nombre de décès entre 12.000 et 30.000.
« J’ai fait ce que j’avais à faire pour mon pays »
Se définissant lui-même comme un tueur, Rodrigo Duterte avait demandé aux policiers de tirer mortellement sur les personnes soupçonnées de trafic de stupéfiants si leur vie était en danger. Il a insisté sur le fait que la répression avait permis de sauver des familles et d’éviter que les Philippines ne se transforment en un « Etat narco politique ».
Il a fermement défendu sa guerre sanglante contre la drogue en octobre dans le cadre de son audition au Sénat qui enquête sur les meurtres à grande échelle pendant cette période. « J’ai fait ce que j’avais à faire et, que vous le croyiez ou non, je l’ai fait pour mon pays », s’était-il exclamé. L’ancien chef de l’Etat reste extrêmement populaire aux Philippines où beaucoup ont soutenu ses solutions expéditives face à la criminalité.
Retrait de la CPI en 2019
« Les mères dont les maris et les enfants ont été tués à cause de la guerre contre la drogue sont très heureuses car elles attendaient cela depuis très longtemps », a réagi la coordinatrice de l’association Rise Up for Life and for Rights, Rubilyn Litao.
Les Philippines ont quitté en 2019 à son initiative la Cour pénale internationale mais celle-ci a maintenu sa compétence en ce qui concerne les meurtres qui se sont produits avant ce retrait, ainsi que pour ceux commis dans la ville de Davao, à l’époque où il en était le maire.
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Cette arrestation s’est déroulée au moment où l’alliance entre Sara Duterte, la fille de l’ex-président et actuelle vice-présidente des Philippines, et de l’actuel président Ferdinand Marcos, a implosé.