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“Perp walk”, empreintes et photos judiciaires : l’humiliation que redoute Donald Trump

La justice new-yorkaise, qui instruit le procès, n’avait pas communiqué jusque-là sur l’avancement du dossier, mais des fuites dans la presse ont convaincu Donald Trump de prendre les devants, samedi dernier, en postant sur son réseau Truth Social un appel à ses partisans pour qu’ils le défendent : “Le candidat républicain loin en tête (dans les sondages) et ancien président des États-Unis d’Amérique sera arrêté mardi de la semaine prochaine. Protestez, reprenez le contrôle de notre nation ! ”. Le tout en lettres capitales.

Les aveux de Michael Cohen

L’entourage du Président a indiqué ne pas savoir pourquoi il a mentionné précisément la journée de mardi. En effet, un certain flou entourait encore la suite de la procédure. Le “grand jury”, qui examine le dossier, a entendu les principaux protagonistes, y compris l’ancien avocat et confident de Donald Trump, Michael Cohen, qui a reconnu avoir effectué un paiement de 130 000 dollars à Stephanie Clifford, alias Stormy Daniels, pour prix de son silence. Il a alors été proposé à l’ancien Président de venir témoigner à son tour – une invitation qui, selon les experts du droit américain, suggère que son inculpation est envisagée et serait même imminente.

Quel tour pourraient prendre les événements dans ces conditions ? Interrogations et spéculations sont d’autant plus nombreuses que jamais un ancien Président ne s’est trouvé dans pareille situation. Inculpé, Donald Trump devra se présenter devant le juge, avec ses avocats, pour s’entendre notifier officiellement les charges retenues contre lui. D’aucuns estiment qu’en raison de son rang, il pourrait ne pas être menotté, à plus forte raison qu’il n’est pas accusé d’actes violents, et qu’il devrait patienter, en attendant sa comparution, dans un salon plutôt que dans une cellule. Mais il n’échappera pas, en revanche, à la prise des empreintes digitales et des photographies d’usage – une humiliation pour l’ancien Président.

Des fanatiques refroidis

Donald Trump devrait logiquement ressortir libre du tribunal, moyennant peut-être le versement d’une caution, et le rester jusqu’à son éventuelle condamnation. Cela suffira-t-il à calmer ses partisans ? Ils ont été appelés à s’insurger contre ce que de nombreux ténors du Parti républicain, à la suite de l’ancien Président, qualifient d’instrumentalisation de la justice par les Démocrates pour abattre celui qui serait leur plus dangereux adversaire. Il n’empêche qu’au-delà des protestations véhémentes et des discours virulents, beaucoup d’inconditionnels de Donald Trump, même parmi les plus fanatiques, ont été refroidis par les peines de prison prononcées contre les émeutiers du Capitole. Certains ont déjà fait savoir que, cette fois, ils se contenteraient de prier…

Qu’en sera-t-il de l’impact sur la campagne présidentielle ? La procédure n’empêche pas Donald Trump de rester candidat. Fera-t-elle de lui une victime et un héros, ou, au contraire, un coupable et un paria ? Cela dépendra, pour commencer, des chefs d’accusation. L’ancien Président peut se voir reprocher d’avoir voulu dissimuler le remboursement de Michael Cohen sous couvert de “frais d’avocat” dans la comptabilité de ses entreprises, mais aussi – ce qui serait beaucoup plus grave – d’avoir bénéficié, en somme, d’un financement illégal de campagne qui l’aurait aidé à remporter la présidentielle (en empêchant la publication des révélations que Stormy Daniels se promettaient de faire et qui auraient pu nuire à la réputation du candidat).

Tout dépendra aussi, ensuite, de la récupération politique des déboires de Donald Trump par ses rivaux dans la course à l’investiture du Parti républicain. Aucun, hormis Nikki Haley, ne s’est encore déclaré, mais on sait qu’ils sont plusieurs à lorgner la succession et qu’ils ne sont pas disposés à faire des cadeaux à l’ancien Président. Certains, comme le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, sont devenus ses ennemis et sont prêts à tout, persuadés sans doute, comme l’avait déclaré Michael Cohen à la presse avant son audition, que Trump “doit payer pour ses cochonneries”.