Pérou : Le Parlement destitue immédiatement la présidente Dina Boluarte
José Jeri, 38 ans, a assumé la présidence du Pérou après la destitution de Dina Boluarte, qui était âgée de 63 ans. Le nouveau président intérimaire exercera ses fonctions jusqu’au 26 juillet 2026, et le Pérou organisera des élections générales en avril.
De forts troubles secouent le Pérou. Ce vendredi, José Jeri, président du Parlement péruvien, a pris la présidence du pays andin après la destitution rapide de Dina Boluarte, sur fond de crise sécuritaire.
« Aujourd’hui, j’assume avec humilité la présidence de la République, par succession constitutionnelle, afin de mettre en place et diriger un gouvernement de transition », a déclaré le nouveau chef de l’État, juste après avoir prêté serment devant le Parlement.
Le nouveau président intérimaire exercera ses fonctions jusqu’au 26 juillet 2026. Des élections générales sont prévues en avril. « L’ennemi principal […] ce sont les bandes et organisations criminelles, ce sont aujourd’hui nos ennemis, et en tant que tels nous devons leur déclarer la guerre », a-t-il ajouté.
Les principales forces politiques du Parlement ont présenté jeudi plusieurs motions de destitution à l’encontre de Dina Boluarte, 63 ans, invoquant une « incapacité morale permanente » à exercer ses fonctions. Sa destitution a été approuvée à la majorité par le Parlement à l’issue d’une très courte session à laquelle Dina Boluarte ne s’est pas présentée, bien qu’elle ait été convoquée.
En étant destituée, elle perd son immunité et se trouve désormais exposée à d’éventuels procès pouvant mener à une incarcération.
Une centaine de personnes a célébré la décision devant le Parlement, agitant des drapeaux péruviens et portant des pancartes hostiles à la présidente de 63 ans. « Dina dégage. À bas le pacte mafieux », pouvait-on lire sur une pancarte d’un manifestant.
Dina Boluarte avait déjà subi plusieurs tentatives de destitution, sans succès jusqu’à présent. Cette fois, la procédure a été validée après que les partis de droite et d’extrême droite qui l’appuyaient l’ont abandonnée. Le Pérou vit la pire période d’instabilité politique de son histoire moderne, avec sept présidents en près de neuf ans.
Arrivée au pouvoir après la destitution du président Pedro Castillo, dans un contexte de manifestations violemment réprimées qui ont fait au moins 50 morts, Dina Boluarte a fait face à une impopularité record. Son mandat a également été marqué par plusieurs affaires, dont le « Rolexgate », portant sur des montres et bijoux de luxe qu’elle n’aurait pas déclarés, ainsi que celle de sa rhinoplastie qu’elle a subie en secret en juillet 2023 alors que la loi l’obligeait à en informer le Parlement.
Ces dernières semaines, les manifestations contre le gouvernement se sont multipliées à Lima face à une vague d’extorsions et de meurtres attribués au crime organisé. Cette crise politique survient alors qu’un groupe de musique a été la cible de tirs mercredi soir à Lima, faisant cinq blessés, dont quatre musiciens.
Les autorités n’ont pas encore confirmé si cette attaque était liée à l’extorsion qui touche principalement la capitale de 10 millions d’habitants. Toutefois, Walter Dolorier, président de l’Association des artistes et entrepreneurs du Pérou, a affirmé que les musiciens avaient reçu des « menaces » de groupes criminels. « Les Péruviens vivent dans une peur constante », a dénoncé jeudi soir la députée Norma Yarrow, du parti de droite Renovación Popular.
Actuellement, les anciens présidents Alejandro Toledo et Ollanta Humala sont incarcérés pour corruption dans une prison spéciale située à l’est de Lima. Pedro Castillo est également détenu, en attente de son procès pour une tentative de coup de force contre le Parlement.

