Peine de mort : Avec le retour de Donald Trump au pouvoir, une accélération des exécutions aux Etats-Unis ?

La mort est au bout du couloir, et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump les fait trembler. Les prisonniers condamnés à la peine capitale aux Etats-Unis sont inquiets du retour depuis janvier à la Maison-Blanche du républicain, lui qui n’a jamais caché son attachement à la peine de mort. Mais peut-il vraiment influer sur les exécutions aux Etats-Unis ?
Selon les chiffres du Centre d’information sur la peine de mort, dix personnes ont déjà été exécutées depuis le début de l’année 2025 outre-Atlantique, dont quatre cette semaine. Au total, 28 peines capitales devraient être appliquées dans neuf Etats en 2025. Un chiffre qui reste dans la moyenne de ces dernières années, avant ce second mandat de Trump.
Les procureurs veulent « faire plaisir »
Ce début d’année 2025 est-il une exception ? Non, « ce n’est pas la première fois qu’il y a un nombre important de mises à mort sur une courte durée, c’était déjà le cas en septembre dernier », souligne Paa Kofi Eduah, coordinateur du programme correspondance USA à l’Acat (Association des chrétiens pour l’abolition de la torture). Mais la concentration dans le temps de ces exécutions pourrait s’expliquer par un excès de zèle de la part des procureurs envers le 47e président des Etats-Unis. C’est en tout cas l’analyse d’Aurélie Plaçais, directrice de la Coalition mondiale contre la peine de mort. « On voit des procureurs généraux qui prévoient des exécutions de manière très rapprochée pour faire plaisir au président », juge-t-elle.
Le retour du milliardaire à la tête du pays « crée ainsi un climat général favorable pour les gouverneurs pro-Trump, qui les encourage à prononcer plus de peines capitales », abonde la directrice de la Coalition mondiale contre la peine de mort. Les avocats des condamnés peuvent néanmoins activer des recours pour repousser ou annuler la décision de justice, sur la méthode d’exécution par exemple.
Une atmosphère qui se ressent jusque dans les geôles des couloirs de la mort. « Depuis que Donald Trump a repris les rênes du pouvoir, beaucoup de condamnés nous écrivent qu’ils ont peur de ce qui peut arriver, témoigne Paa Kofi Eduah. L’angoisse de la situation dans laquelle ils sont est décuplée avec une administration pro-peine de mort. »
La crainte d’une législation plus sévère
Alors que la tendance du nombre de condamnations à mort est plutôt à la baisse ces dernières décennies aux Etats-Unis et que 24 Etats ont aboli cette sentence, la courbe pourrait donc repartir à la hausse. Surtout si Donald Trump parvient à mettre en application ses promesses.
Exemple avec la méthode de mise à mort. Les centres de détention font régulièrement face à des pénuries de produits depuis que certains groupes pharmaceutiques ont arrêté de fournir l’administration pénitentiaire, ce qui explique l’utilisation d’autres procédés comme l’inhalation d’azote ou le peloton d’exécution. Pour y remédier, Donald Trump a donc signé un décret qui ordonne au procureur général de « prendre toutes les mesures nécessaires et légales » afin de garantir l’accès des Etats aux injections létales permettant les exécutions. « Les choses vont vraiment mal se passer pour tous ceux qui sont dans les couloirs de la mort à travers le pays », s’inquiète, dans un courrier adressé à l’Acat, un prisonnier condamné à mort.
Notre dossier sur la peine de mort
Le président américain a également fait part de son souhait d’étendre le champ d’application de la peine de mort à d’autres crimes que le meurtre, en ciblant notamment les trafiquants de drogue, les « crimes particulièrement odieux impliquant la violence et les agressions sexuelles contre les enfants » ou « tout migrant qui tue un citoyen américain ou un agent des forces de l’ordre ». Il faudrait pour cela passer une nouvelle loi au Congrès, qui ne serait pas rétroactive pour les personnes déjà condamnées. Sur le long terme, ce second mandat de Trump peut alors faire monter les statistiques