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« Non-respect des règles diplomatiques : la Tunisie reproche à l’ambassadeur de l’Union européenne »

Le président tunisien Kaïs Saïed a convoqué mardi l’ambassadeur de l’Union européenne Giuseppe Perrone pour exprimer une protestation concernant le non-respect des règles diplomatiques. L’UGTT revendique plus de 700.000 adhérents et le salaire minimum en Tunisie est d’environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine.


Une initiative diplomatique controversée. Le président tunisien Kaïs Saïed a convoqué, mardi, l’ambassadeur de l’Union européenne, Giuseppe Perrone. Un communiqué officiel diffusé mercredi précise qu’il s’agissait de « lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques ».

Les détails des faits reprochés demeurent flous, mais le président a fait part à son interlocuteur de son rejet du « recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques ». Qu’est-ce qui a donc pu agacer autant le chef d’État âgé de 67 ans ?

Une réception mal perçue

Lundi, le diplomate européen avait rencontré Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien, l’UGTT, en saluant « le rôle important » de cette organisation « en faveur du dialogue social et du développement économique » en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

Giuseppe Perrone avait également « réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l’UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs », comme l’indique la même source. Pour sa part, le secrétaire général de l’UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l’Union européenne.

Cependant, Noureddine Taboubi a récemment affiché son soutien à plusieurs mouvements de grève en cours dans le secteur privé, réclamant des augmentations de salaires et soulignant le succès d’une grève générale ayant eu lieu dans la ville de Sfax (centre-est).

Il aspire également à aller plus loin. « L’organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes », a-t-il déclaré. L’UGTT, lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour son rôle dans la phase de démocratisation de la Tunisie après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, compte plus de 700.000 adhérents.

Salaire équitable

Le leader de l’UGTT a dénoncé « une baisse du pouvoir d’achat » des Tunisiens, confrontés à « des conditions de vie précaires en matière de transports, de santé et de maladie », plaidant pour « leur droit syndical à se défendre » afin d’obtenir « un salaire décent qui leur fait défaut actuellement ». En Tunisie, le salaire minimum est d’environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d’inflation, particulièrement élevé pour les produits alimentaires, est récemment revenu à environ 5 % après avoir atteint un pic de 10 % en 2023.

Autant de critiques que le président tunisien semble peu disposé à entendre. Depuis le coup de force de Kaïs Saïed à l’été 2021, lors duquel il a concentré les pleins pouvoirs, les ONG tunisiennes et internationales ont constaté une régression des droits et libertés dans le pays. Le 22 novembre dernier, plus de 2.000 personnes ont manifesté à Tunis « contre les injustices », mobilisées par le comité de défense d’Ahmed Souab, un avocat condamné fin octobre à cinq ans de prison pour avoir critiqué le système judiciaire.