Nombreux morts, menaces de Trump contre l’Iran… Tout comprendre à l’escalade entre les Etats-Unis et les Houthis

Alors que la trêve est extrêmement précaire entre Israël et le Hamas, la tension est fortement montée ce week-end au Proche-Orient. Les Etats-Unis ont attaqué au Yémen les Houthis. Soutenus par l’Iran, ces rebelles déplorent de nombreux morts et ont déjà commencé à riposter.
Très préoccupée, l’ONU a demandé dimanche aux Etats-Unis et aux Houthis de cesser leurs attaques car cette escalade « risque d’exacerber les tensions régionales ». Pour bien comprendre la situation, 20 Minutes fait le point sur les attaques en cours et leurs conséquences.
Qui sont les Houthis ?
Mouvement politico-militaire radical issu du zaïdisme (branche du chiisme), les Houthis ne sont pas reconnus par la communauté internationale. Au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique et en guerre civile depuis 2014, ces rebelles contrôlent de larges pans du pays dont la capitale Sanaa face au gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite. La guerre a fait des centaines de milliers de morts et plongé ce pays de 38 millions d’habitants dans l’une des pires crises humanitaires, selon l’ONU.
Les Houthis font partie avec notamment le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah au Liban de ce que l’Iran appelle l’« axe de la résistance » face à Israël.
Où en est l’escalade entre les Etats-Unis et les Houthis ?
Les Houthis ont revendiqué dimanche et ce lundi deux attaques en mer Rouge contre « le porte-avions américain USS Harry Truman et les navires de guerre qui l’accompagnent » et affirmé qu’ils frapperaient des cargos américains, en riposte aux frappes menées par les Etats-Unis qui ont tué, selon Washington, plusieurs de leurs chefs.
Le chef des Houthis, Abdel Malek al-Houthi, a en outre appelé les Yéménites à se rassembler ce lundi « par millions » pour protester contre ces frappes qui ont visé samedi notamment Sanaa et fait 53 morts, dont cinq enfants, et 98 blessés, selon les rebelles.
D’après des médias houthis, Washington a procédé à des frappes dans la nuit de dimanche à ce lundi, en ciblant une usine d’égrainage de coton dans la région d’Hodeida et le poste de pilotage du « Galaxy Leader », un navire capturé il y a plus d’un an par les rebelles. Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) s’est par contre borné dans la nuit à dire que ses forces « continuent les opérations contre les terroristes Houthis soutenus par l’Iran », sans plus de détails.
Que reprochent les Etats-Unis aux Houthis ?
Donald Trump avait promis samedi « l’enfer » aux « terroristes houthis », qui ont multiplié les attaques au large du Yémen depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Celles-ci ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant Washington à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni.
Depuis le 7 octobre 2023, les Houthis ont en effet mené plusieurs attaques de missiles contre Israël et des navires accusés de liens avec ce pays, affirmant agir « en solidarité avec les Palestiniens ». Les attaques ont cessé après l’entrée en vigueur d’une trêve le 19 janvier. Mais après le refus d’Israël de permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien, les rebelles ont annoncé le 11 mars leur intention de les reprendre.
Comment a réagi l’Iran ?
En s’attaquant aux Houthis, Washington a tenu à envoyer un message clair à Téhéran. Donald Trump a en effet mis en garde samedi l’Iran contre tout soutien aux rebelles. « L’Amérique vous en tiendra totalement responsable et nous ne vous ferons pas de cadeau ! », a-t-il écrit sur son réseau social Truth. La réponse de l’Iran a été cinglante. Le pays ripostera à toute attaque, a ainsi averti le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique. « L’Iran ne cherche pas la guerre, mais si quelqu’un le menace, il donnera des réponses appropriées, résolues et définitives » à toute attaque, a-t-il assuré.
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Téhéran a également qualifié de « barbares » les frappes américaines, déplorant des « dizaines de morts et de blessés », dont des « femmes et enfants yéménites innocents ».
Un nouveau point de friction avec la Russie ?
Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a affirmé dimanche que « la poursuite des attaques houthies contre les navires militaires et commerciaux américains en mer Rouge ne (serait) pas tolérée ». Sergueï Lavrov, dont le pays est proche de l’Iran, a répondu que toutes les parties devraient s’abstenir de recourir à la force au Yémen.