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Nobel de la Paix : María Corina Machado soutenue par les Etats-Unis pour fuir le Venezuela

María Corina Machado, prix Nobel de la paix, a pu recevoir en personne son prix ce jeudi à Oslo. Elle a déclaré avoir obtenu le soutien des États-Unis pour réussir à sortir de son pays et rejoindre la capitale norvégienne.


Le mystère entourant le voyage de l’opposante vénézuélienne María Corina Machado, lauréate du prix Nobel de la paix, pour rejoindre Oslo mercredi soir se dissipe peu à peu. Récompensée en octobre pour ses efforts en faveur d’une transition démocratique au Venezuela, l’opposante de 58 ans, qui a été cachée dans son pays, a pu recevoir son prix en personne ce jeudi et a réalisé à Oslo sa première apparition publique et prise de parole depuis près d’un an.

Lors d’une conférence de presse, elle a annoncé avoir obtenu le soutien des États-Unis pour quitter son pays et atteindre Oslo. « Nous avons reçu un soutien du gouvernement américain pour arriver ici », a déclaré la lauréate, qui a également exprimé sa gratitude envers « tous ces hommes et ces femmes qui ont risqué leur vie pour que je puisse être ici aujourd’hui ». Elle a ajouté : « Un jour, je pourrai vous raconter, car je ne veux certainement pas les mettre en danger maintenant. »

Selon le Wall Street Journal, elle portait une perruque et un déguisement lors de son évasion, commencée lundi après-midi. Son trajet l’a d’abord conduite depuis la banlieue de Caracas, où elle se cachait depuis un an, jusqu’à un village de pêcheurs côtier. Elle a ensuite effectué une traversée périlleuse de la mer des Caraïbes mardi, au cours de laquelle l’armée américaine avait été alertée, avant d’être accueillie à Curaçao par un spécialiste de ce type d’opération fourni par l’administration Trump. Elle a ensuite pris un vol privé mercredi pour Oslo.

« Je suis venue pour recevoir le prix au nom du peuple vénézuélien et je le ramènerai au Venezuela au moment adéquat », a-t-elle déclaré à la presse depuis le Parlement norvégien. « Je ne dirai pas quand ni comment cela se fera, mais je ferai tout (mon) possible pour pouvoir rentrer et aussi mettre fin à cette tyrannie très bientôt », a-t-elle assuré, ajoutant qu’il était nécessaire de « finir le travail » pour établir la démocratie.

Le retour de l’opposante se déroule alors que les relations entre le Venezuela et les États-Unis traversent une crise, les États-Unis ayant déployé depuis août une importante flottille en mer des Caraïbes, officiellement pour lutter contre le narcotrafic, causant 87 morts. Le président vénézuélien Nicolás Maduro accuse Washington de vouloir le renverser pour s’accaparer le pétrole de son pays. María Corina Machado, figure redoutée par Nicolás Maduro, est critiquée par certains pour la proximité de ses idées avec celles du président américain Donald Trump, à qui elle a dédié son prix Nobel, et soutient le déploiement américain.

L’opposante s’est mise en clandestinité au Venezuela en août 2024, quelques jours après la présidentielle à laquelle elle avait été empêchée de participer. Mercredi, sa fille Ana Corina a reçu le prix en son nom et a lu un discours de remerciements pour elle. La dernière apparition publique de María Corina Machado remontait au 9 janvier lors d’une manifestation à Caracas.

Elle est recherchée par la justice pour « conspiration, incitation à la haine et terrorisme », et les enjeux de son retour posent question. « Elle risque d’être arrêtée si elle rentre, même si les autorités ont fait preuve de plus de retenue avec elle qu’avec beaucoup d’autres, car une arrestation aurait une portée symbolique très forte », a expliqué Benedicte Bull, spécialiste de l’Amérique latine à l’Université d’Oslo.

Les États-Unis, l’Union européenne et de nombreux pays d’Amérique latine refusent de reconnaître les résultats de la présidentielle de l’an dernier, qui a permis à Nicolás Maduro d’obtenir un troisième mandat de six ans. L’opposition accuse le pouvoir de fraude et réclame la victoire de son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, qui est aujourd’hui en exil et était également présent à Oslo mercredi. Le comité Nobel a exhorté le président vénézuélien à quitter le pouvoir.